Partie de la fonction de Secrétaire Générale de la Présidence de la République à celle de Médiateur de la République, Laure Olga Gondjout fait les frais de toutes les caricatures possibles, certains médias tentant de se convaincre qu’elle vient ainsi d’être mise à « la retraite » alors même que certains observateurs faisaient d’elle, il y a encore quelques semaines, la future maire de Libreville ou le futur Président du Sénat.
Ces pronostics qui envoyaient Laure Olga Gondjout à l’Hôtel de Ville de Libreville où à la tête du Sénat ont effleuré tous les médias, notamment ceux de la presse privée écrite. Evidemment, il n’était plus un grand secret pour personne qu’elle allait quitter la prestigieuse fonction de Secrétaire Générale de la Présidence puisque née en 1953. Venue au monde le 18 décembre de cette année, elle a célébré son soixantième anniversaire tout récemment. 60 ans, l’âge de la retraite, oui parce que un secrétaire générale est le chef d’une administration et donc un fonctionnaire. Comme François Engonga Owono avant elle, Laure Olga Gondjout savait elle-même que l’année 2013 allait marquer la fin d’un long parcours au sein de l’administration gabonaise et notamment au sein de la première institution politique du pays où elle a travaillé tour à tour avec Omar Bongo Ondimba puis avec Ali Bongo ondimba. Aucune surprise donc à avoir chez les observateurs et les connaisseurs de la vie politique. Elle devait partir. Il ne s’agit donc pas, comme l’ont pensé certains, d’un limogeage, d’un licenciement ou d’une sortie précipitée. Les spéculations dans ce sens ne tiennent donc pas.
« Et après cette retraite, que va-t-elle devenir ? » se demandaient, à chaque parution, de nombreux journaux. Une question posée avec justesse parce qu’il apparaissait certain pour tout le monde qu’elle n’irait pas s’asseoir, avec son expérience, son carnet d’adresses et sa détermination, elle qui a conduit de main de maître la communication d’Ali Bongo Ondimba aux élections historiques de 2009 après avoir servi comme ministre dans plusieurs départements, après avoir surtout été faite membre du comité permanent du Parti Démocratique Gabonais aux côtés de Paul Biyoghe Mba pour la province de l’Estuaire. Pour répondre à la question « que va-t-elle devenir ? », Ali Bongo Ondimba l’a désignée tête de liste PDG dans le 3ième arrondissement, un arrondissement connu pour avoir été l’un des bastions de l’opposition pendant des décennies, Pierre Mamboundou ayant pris l’habitude de lancer là de nombreuses campagnes électorales et de protestation. Un arrondissement où le parti au pouvoir n’a obtenu que 3 conseillers en 2008, soit le tiers de sièges obtenus par Laure Olga Gondjout et les siens. Un arrondissement où la mairie est toujours revenu au parti de Jean-Boniface Assélé,.
Dès lors, les pronostics qui envoyaient l’ancienne collaboratrice d’Omar Bongo Ondimba à la Mairie de Libreville ou au Sénat se confirmaient pour beaucoup. Le score du PDG face à un CLR déchainé a eu le don de réjouir quelques détracteurs, qualifiant d’échec les 10 sièges obtenus par Laure Olga Gondjout et ses colistiers. Une liste d’où a été tirée finalement le candidat du parti au pouvoir pour la dernière bataille de Libreville face à Jean Eyeghe Ndong et Jean-Boniface Assélé, le vainqueur du combat du 3ième arrondissement avec ses 19 conseillers. Peut-on alors considéré comme un échec total le fait qu’une liste, qui a rarement gagné dans une circonscription, soit arrivée en deuxième position avec 10 sièges contre 19 quand certaines listes n’ont pas pu obtenir 30% des suffrages ? Et le fait que le candidat à l’Hôtel de Ville choisi par le Président du parti lui-même sorte de cette liste n’est-il pas une expression de satisfaction et de reconnaissance pour le combat mené, en sachant que très peu aurait pu obtenir ce score et surtout que certains ont eu simplement peur de conduire cette liste ?
Une fois le choix de Rose Christiane Ossouka raponda entériné, les spéculateurs ont dit toute leur conviction de voir Laure Olga Gondjout passer au Sénat en expliquant finalement que n’étant pas Mpongwè, elle était « inéligible » à l’Hôtel de Ville. C’était, pour eux, la dernière hypothèse. Certains justifiant cette « destination » par le fait des origines de la famille Gondjout dans le Moyen-Ogooué, terre d’origine de Georges Rawiri et de Rose Francine Rogombé, premier et deuxième présidents élus du Sénat. En effet, la géopolitique et la loi tacite de la succession entre les Fang-Mekè et les Omyènè-Mpongwè ayant été respectée pour l’Hôtel de Ville de la capitale, il était évident pour certains que ce serait aussi le cas pour le Sénat, Laure Olga Gondjout apparaissant comme l’une des personnalités politiques les plus importantes issues du groupe Omyènè de Lambaréné et du département de l’Ogooué et Lacs, Paul-Marie Gondjout étant né lui-même à Simath-Lac-Zilè, un village Enenga. Mais Ali Bongo est-il vraiment prisonnier de cette géopolitique entretenue depuis des décennies, lui qui a choisi un fang du Woleu-Ntem pour diriger la primature et qui pourrait faire basculer cette institution entre les mains d’un punu, kota ou vili, selon ? En d’autres temps, l’Assemblée Nationale n’a-t-elle pas cessé d’être dirigée par des Omyènè ( Gondjout, Bigmann, Damas, Gondjout, Boumah, Ogouliguendé et Chambrier)? Aucune géopolitique n’est donc politiquement irréversible.
La nomination de Laure Olga Gondjout, la semaine écoulée, a donc pris de cours l’ensemble des observateurs prétentieux et supposés avertis. Personne ne l’attendait là. Pour justifier ce choix et justifier surtout leurs pronostics erronés jusqu’à lors, ils ont pensé qu’il fallait sortir maintenant l’argument de « la mise au garage ». Laure Olga Gondjout au garage ? Un argument quelque peu spécieux pour ceux qui écoutent et suivent Ali Bongo ondimba dont l’ambition est de faire du peuple gabonais un grand peuple et donc un peuple réconcilié avec lui-même et avec les institutions.
Et c’est bien cela le rôle du Médiateur de la République : « Assurer auprès des administrations, des collectivités locales, des établissements et de tous autres organismes investis d’une mission de service public, les fonctions de médiation, de concertation, de protection et de promotion des droits. A ce titre, il est notamment chargé de : connaître des réclamations de toute personne physique ou morale qui s’estime lésée par les services de l’Etat ; de chercher en période de crise une solution en vue de rétablir la paix sociale ; d’inciter l’esprit d’équité dans l’application des textes ; de contribuer à la modernisation des services publics par des propositions de simplification de procédures, de réformes de l’administration, d’actualisation des textes et d’observation des pratiques et règles déontologiques du service public », indique l’article 3 de l’ordonnance n° 023/PR/2010 du 12 août 2010 portant institution du Médiateur de la République.
La fonction est peu prestigieuse, visiblement. Les années antérieures, Valentin Mihindou mi Nzamba, ancien compagnon de lutte d’Omar Bongo Ondimba et membre influent du PDG avait dirigé la « Médiature de la République ». Lui avait succédé en 1996, Jeanne Manomba Kombila, plus connue sous le nom de Nzaou Mabicka, première femme du gouvernement au Gabon aux côtés de Agnès Nyare Nkoghe. Elle avait du céder sa place à Jean-Louis Messan en 2009. La « Médiature de la République » est pourtant une vieille institution. Elle date de 1973, avec la loi N°73-6. Mais c’est en 1992 que la forme actuelle de la fonction a été définie avec le Décret n° 1337/PR du 16 juillet 1992 portant création d’un Médiateur de la république et puis le Décret n° 1887/PR du 29 octobre 1992 fixant le traitement du Médiateur de la République, la composition de son cabinet et déterminant les conditions de l’exercice de ses fonctions. Malgré ces textes, la « médiature » a été souvent perçue comme une « maison de retraite », notamment à cause des âges qui étaient ceux des personnes qui y avaient été nommées (Mihindou Nzamba avait 60 ans, Jeanne Manomba 63 ans) mais aussi, et surtout, à cause de la capacité de médiation d’Omar Bongo Ondimba lui-même qui était un « médiateur permanent » dont les qualités étaient reconnues par tous, les médiateurs de la République étaient, à ses côtés, de permanents apprentis.
Laure Olga Gondjout, qui a « étudié » auprès d’Omar Bongo Ondimba va donc s’essayer à la délicate mission de la médiation. Ali Bongo Ondimba qui a besoin d’un peuple qui dialogue sait à quel point son Plan Stratégique Gabon Emergent (PSGE) dépend de la paix sociale, du dialogue politique et de la sérénité qui devraient régner dans son pays. L’ouvrage est considérable. En témoignent les crises actuelles dans l’éducation et la santé où les syndicats menacent de cesser le travail. Depuis quelques jours, le Transport comme les Eaux et Forêts ont quitté les bureaux pour réclamer de la considération. Les anciens agents de la CNSS réclame des réparations. Des crises qui ont le don de prendre un temps important au premier Ministre ou au Président de la République lui-même, mais qui devraient être les premiers dossiers du tout nouveau Médiateur de la République.
Ali Bongo Ondimba a nommé une collaboratrice fidèle et forte. Il sait que le dynamisme de Laure Olga Gondjout donnera enfin une notoriété et une reconnaissance à l’institution qu’elle va diriger. « Une institution utile », comme dirait Paul Biyoghe Mba au sujet du CES quand certains parlaient, là encore, de « mise au garage ».
Laure Olga Gondjout devrait prêter serment prochainement et se mettre au travail. Elle prêtera serment avec son adjoint. Elle dirigera une institution qui est rattachée à la Présidence de la République, avec le titre d’administrateur des crédits qui sont alloués à la dite institution.
Il faut rappeler qu’elle perd systématiquement son mandat électif selon ce qu’impose l’article 12 de l’ordonnance 023/PR/10, ce qui a le mérite de mettre un terme définitif aux spéculations qui l’envoyaient au Sénat.
Laure Olga Gondjout va désormais s’employer à faciliter le dialogue entre les Gabonais. Elle sera aussi, il faut se rassurer, le Médiateur de la République pour ces médias qui l’ont caricaturé, qui spéculent souvent sans preuve aucune et qui risquent, à chaque parution, d’être interpellés, voir suspendus pour délit de presse. Et quand leurs causes n’auront pas été entendues, c’est bien vers elle qu’ils se tourneront, au nom du dialogue national.
Elle compte servir le pays, selon l’éducation et les convictions qu’elle a reçues, elle, la fille d’un homme dont le rêve avait été celui de voir le Gabon devenir un pays de paix, une nation forte avec un peuple qui sait se parler. Elle l’a dit le 16 janvier dernier sur sa page Facebook : « Le Président de la République vient à nouveau de m’honorer de sa confiance en me désignant à la prestigieuse et délicate fonction de Médiateur de la République. Cette fonction me permettra d’être encore plus proche de vous pour œuvrer dans le sens de l’émergence de notre pays, le Gabon. On est ensemble! », avait-elle écrit.