En vacances intermédiaires du 14 à ce 18 février, pour leur permettre de célébrer la seule fête nationale qui leur est consacrée, la jeunesse gabonaise a été obligée de s’occuper autrement du fait de la non-organisation de cet événement par le ministère de la Jeunesse et des Sports. Raisons techniques, changement de ministre, budget non positionné… autant d’arguments délivrés ici et là pour justifier ce qui, en fait, est devenu une habitude de ce département.
Malgré l’inscription budgétaire de 50 millions de francs CFA chaque année, la jeunesse «sacrée» du Gabon n’a plus droit, depuis quatre ans déjà, à la célébration officielle de la fête qui lui est dédiée pour lui permettre de s’informer sur des questions liées à l’éducation, au civisme, à la tolérance, aux droits humains, à la diversité culturelle, ethnique et religieuse mais aussi à l’importance du dialogue afin de le décourager à participer aux actes de violence, de xénophobie et à l’usage des drogues.
Pourtant vanté et clamé comme le «moteur de l’émergence» par le président Ali Bongo Ondimba dans sa déclaration du 16 août dernier, la jeunesse gabonaise vient d’apprendre à ses dépens le fossé qui existe entre les déclarations des hommes politiques et les actes sensés les appuyer. En effet, cette catégorie de la société vient de passer une fête à son honneur sous un silence assourdissant, mieux dans l’oisiveté.
En effet, au-delà de la décision du gouvernement de la République, décrétant férié chômé et payé récupérable la petite période du vendredi 14 février 2014 après les cours au mardi 18 février 2013 inclus, pour l’organisation de cette fête de la jeunesse, rien n’a été fait. Tout comme, durant les trois dernières, aucune manifestation à l’endroit des jeunes n’a été organisée alors qu’une inscription budgétaire y relative est programmée chaque année. Selon un communiqué du ministre de la Jeunesse et des Sports, Blaise Louembé, «les manifestations relatives à cette fête sont reportées à une date ultérieure pour des raisons techniques indépendantes de sa volonté».
Interrogé par Radio Gabon, Paul Alain Mavioga, président du Conseil national de la jeunesse, pense que cette situation, pourtant vieille de quatre ans, serait consécutive au changement à la tête du ministère de la Jeunesse. Car, dit-il, «chaque ministre ayant sa propre vision, voudrait que les choses se fassent comme il le souhaite. Les agents pour leur part sont tenus de suivre les orientations de leur ministre». Comme quoi, chaque fois qu’il y aura un remaniement ministériel au sein de ce département comme certains autres, le traitement d’un dossier ou d’un projet laissé par le prédécesseur devrait subir la loi de l’«éternel recommencement», selon les orientations et les normes du nouvel arrivant.
Comment justifier la non-organisation de cette fête par le seul fait que le ministre a été changé? Son prédécesseur est-il parti avec le personnel administratif qui suivait et pilotait les dossiers techniques de ce département? Aussi, si un tel argument tenait la route, comment justifier l’absence de cette fête durant les trois dernières années, quand on sait que, seul l’actuel ministre de la Justice, Séraphin Moundounga était aux commandes? Vu que chaque année, une ligne budgétaire est bel et bien inscrite pour la réalisation de cette manifestation, quelle direction prennent les millions décaissés mais qui ne permettent pas à la jeunesse de festoyer?