Le président gabonais, Ali Bongo Ondimba a décidé mardi, lors d’une rencontre avec les leaders des partis politiques de la majorité et de l’opposition, de suspendre le paiement des fonds communs trimestriels aux fonctionnaires des régis financières et d’autres administrations tels que les eaux et forêts, les mines et le pétrole
« J’ai décidé de suspendre tous les fonds communs », a martelé, Ali Bongo Ondimba estimant que cette décision vise à lancer la reforme sur la rémunération des fonctionnaires gabonais. Longtemps annoncée, la réforme n’a jamais eu lieu d’où la décision radicale de couper les avantages à une catégorie des fonctionnaires jugés discriminatoires par les autres fonctionnaires ne bénéficiant pas cet avantage datant de l’époque coloniale.
« Comment comprendre que les fonds communs soient versés à ceux qui ont déjà un salaire », s’est-il interrogé en pensant à tous les gabonais au chômage qui n’ont rien ou qui ne reçoivent pas une aide de l’Etat.
Ali Bongo Ondimba souhaite mettre fin à l’injustice dans le traitement des salaires des agents de l’Etat.
Au Gabon, en effet, les fonctionnaires exerçant dans les régis financières (impôts, douanes, Trésor Public) et autres ministères (Mines, Pétrole et Eaux et forêts) perçoivent chaque trimestre un bonus communément appelé « fonds communs ». Il s’agit d’une rémunération supplémentaire attribuée aux ayants droit sans critères orthodoxes. Les sommes versées sont parfois 3 à 4 fois supérieures au salaire mensuel de bénéficiaire. Les hauts gradés et les membres du cabinet du ministre se partagent la plus grosse part du gâteau.
L’ambition de départ était de motiver ces agents, les obliger à plus d’ardeur au travail afin de bénéficier de ces gratifications. Il était aussi question de décourager le vol auprès de ces agents chargés de collecter les recettes publiques.
Le système vieux de plusieurs années déjà a cependant perdu son sens originel. Même les fonctionnaires les moins rentables et le plus souvent absents à leur poste depuis des années continuent à percevoir ces gratifications, narguant ainsi leurs collègues des autres ministères qui n’en ont pas le droit.
Dans le même discours, le numéro un gabonais, a rappelé que sur 300 milliards de FCFA d’aide sociale prévue chaque année au profit des personnes démunies, seul 20% parviennent aux ayants droit. Le reste se perd dans les méandres de l’administration.
« Votre discours est éloquent, Monsieur le président de la République mais où vont les 80% ? » a rétorqué l’opposant Louis Gaston Mayila.
« Il se dit au quartier que lorsque nous étions ministres on volait à la pelle mais maintenant on a inventé la pelle mécanique pour mieux voler », a ironisé Me Mayila qui a vivement souhaité savoir à qui profite les 80% d’aide qui ne parviennent pas au bénéficiaire.