Candidat nulle part mais cité un peu partout (Algérie, Maroc, Gabon), le Franco-Ivoirien Philippe Troussier (59 ans) se dit prêt à relever un nouveau défi en Afrique, un continent où sa cote reste élevée. Libre de tout engagement, il s’est longuement confié à « Jeune Afrique » pour évoquer ses ambitions.
Jeune Afrique : vous avez entraîné plusieurs sélections africaines (Côte d’Ivoire, Nigeria, Burkina Faso et Afrique du Sud), ainsi que des clubs en Côte d’Ivoire (ASEC Mimosas) et au Maroc (FUS Rabat). Il semblerait que votre retour en Afrique se précise…
Philippe Troussier : J’ai commencé à entraîner en Afrique il y a 25 ans, à l’ASEC. J’étais jeune, j’ai appris beaucoup de choses. Désormais, j’ai une grande expérience, j’ai participé à des compétitions comme la Coupe du monde, la CAN ou la Coupe d’Asie (vainqueur avec le Japon en 2000), et puisque vous me demandez si je suis prêt à retourner en Afrique, je vous réponds oui. Mais à quel niveau ? Aujourd’hui, je suis plus tenté par une sélection que par un club. Je viens de quitter Shenzhen Ruby (Chine), j’ai refusé de devenir le sélectionneur de la Malaisie et un club chinois m’a fait une proposition.
En Afrique, votre nom revient au Maroc, en Algérie et au Gabon. Avez-vous eu des contacts avec ces trois pays ?
Oui, il y a eu des contacts, mais des contacts informels. Je n’ai envoyé aucune candidature. Le Maroc m’a demandé d’envoyer un CV, mais je ne l’ai pas fait. Cela ne veut pas dire que je ne suis pas intéressé.
Le Maroc, vous l’avez entraîné brièvement en 2005, avant de partir à cause des divergences avec la fédération de l’époque…
C’est vrai, mais cela appartient au passé. J’ai une résidence à Rabat depuis des années, où je vis actuellement. Je connais très bien le Maroc, le football local, les mentalités. Le pays va accueillir la CAN l’hiver prochain, et le futur sélectionneur qui sera nommé ne devra pas perdre de temps. C’est un défi que je me sens tout à fait capable de relever. Je vais même aller plus loin : je suis prêt à m’engager d’abord pour la mission ponctuelle qu’est la CAN 2015, et de voir ensuite si on peut continuer sur un projet à long terme, c’est-à-dire la Coupe du monde 2018 en Russie.
On parle aussi de vous en Algérie, où Vahid Halilhodzic, qui est sous contrat jusqu’en juillet, n’a pas fait connaître ses intentions. Entraîner les Fennecs, est-ce aussi une éventualité ?
J’ai des relations d’amitié avec M. Raouaraoua, le président de la fédération, depuis des années. Mon nom circule, et entraîner l’Algérie après la Coupe du monde, cela serait aussi une option prestigieuse. Je précise que je n’ai pas envoyé de candidature. Il y a un sélectionneur sous contrat. Mais j’ai crû comprendre que la fédération aimerait être fixée rapidement, afin que l’éventuel futur sélectionneur puisse commencer à observer l’équipe lors de la Coupe du monde au Brésil.
Et le Gabon ? La fédération a un nouveau président (Pierre-Alain Moungengui), mais tout le monde sait que le dossier du futur sélectionneur est piloté depuis le Palais présidentiel…
Ce que je peux vous dire, c’est qu’il y a eu des contacts informels avec des personnes en charge de ce dossier. Mais rien de plus pour l’instant. Et le Gabon est un pays intéressant. Il s’agit là aussi d’un challenge qui pourrait m’intéresser. Et comme pour le Maroc ou l’Algérie, je serais prêt d’abord à m’engager sur l’objectif CAN 2015, avant de discuter pour la suite.
L’aspect financier sera-t-il déterminant ?
Non. Le challenge sportif l’emportera. C’est ma principale motivation. Je suis libre, immédiatement disponible et donc en position d’attente. Mais je pense que les choses vont vite évoluer, notamment au Maroc et au Gabon…