C’est une initiative plutôt osée mais parfaitement réussi qu’a entrepris le dessinateur et caricaturiste Pahé, à travers sa dernière production. Après avoir mis sur le marché une dizaine d’albums, l’artiste Gabonais qui ne s’interdit rien ou presque, a récemment publié un dernier album : un opus de 80 pages qui se feuillette comme un album-photo pour se remémorer certains évènements marquants de la période 2012-2014.
«Le changement, c’est maintenant !», assure le dessinateur et caricaturiste Pahé (cryptonyme de Patrick Essono), qui pourtant n’a rien changé à ses habitudes ni même à son style d’écriture. Loin s’en faut. Si le jeune artiste gabonais qui s’est consacré à la bande dessinée de longues années durant, a ainsi intitulé sa dernière production, c’est dit-il, simplement pour raconter à sa manière les faits ayant marqué l’actualité de son pays durant les deux dernières années.
«Dans ce nouvel opus, Pahé «l’irrévérencieux dessinateur gabonais» raconte le Gabon, son Gabao politique et social, les
affaires et ceux qui ont marqué 2012, 2013 et un peu 14. Tout le monde y passe, mangé à la sauce d’arachide, Odika et au Nkoumou. Pahé raconte, à sa manière, à sa façon. On l’adore. Rien que pour cela», peut-on d’ailleurs lire sur la quatrième de couverture de cette énième production dont le langage reste égal à l’auteur.
Satirique, presque irrévérencieux et un tantinet sérieux lorsqu’il s’agit d’une prise de position à peine voilée, Pahé pointe du doigt les politiques, notamment les plus hautes autorités du Gabon, les ministres, les hommes des médias, du sport et de la culture. «Tout le monde y passe» : la dissension entre Ali Bongo et André Mba Obame, la place de Maixent Accrombessi, Jean-François Ntoutoume Emane, Louis Gaston Mayila, l’affaire Total-Etat gabonais, Olam Gabon, la diplomatie étrangère au Gabon, le relatif échec de Raymond Ndong Sima, les turpitudes de l’opposition et les exploits des sportifs gabonais. Pahé flingue tout sur son passage, le quidam de «Libreville-des odeurs et des poubelles» n’est pas en reste, ses agissements sont scannés par l’œil alerte du dessinateur.
De même, par le biais d’un langage pour le moins «cru», l’œuvre du dessinateur qui ne s’interdit rien ou presque, aborde divers sujets allant de l’homosexualité, la prostitution à la dissolution de l’Union nationale en passant par les écarts de conduite des hautes personnalités de l’administration publique gabonaise, le tout sans jouer le jeu de l’anonymat, comme de nombreux auteurs, plus craintifs : «Le Gabonais n’a peur que d’une seule chose : ne pas percevoir son salaire le 25 du mois», lance-t-il, avant d’annoncer une prochaine production intitulée «Crimes rituels» qui devrait paraître avant la fin de l’année 2014.