Alors que la population attend que les hiérarques du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) apportent des solutions concrètes en vue d’appuyer la mise en place du Pacte social et donc lutter efficacement contre la pauvreté et la précarité qui l’accable, c’est plutôt à un autre son de cloche qu’elle a eu droit ce weekend : l’appel à la candidature du président de la République pour l’élection présidentielle prévue en 2016.
A plus de 16 mois de 2016, le PDG semble avoir définitivement pris l’option de se lancer dans la bataille pour l’élection présidentielle qui devrait, en principe, se tenir cette année-là. A l’occasion des réunions provinciales du Conseil national de cette formation politique qui se sont tenues dans les neuf principales villes du pays, les PDGistes se sont plutôt mobilisés pour mettre sur pied des stratégies devant leur permettre de contrer l’opposition gabonaise qui, elle-même, est depuis quelques semaines sur le terrain.
En effet, on a également eu droit ces dernières semaines à des concertations entre les démissionnaires les plus importants du PDG, en l’occurrence Jean Ping et Jacques Adiahénot, et les leaders de l’Union nationale (UN, principal parti de l’opposition dissous) et quelques autres acteurs politiques non moins négligeables de ce bord politique. Pour eux aussi, il a également été question d’élaborer les voies et moyens pour obtenir un candidat unique et unanime pour la prochaine grande échéance politique du pays, mais surtout de se solidariser à cet effet. Autrement dit, tous les camps vont du principe qu’une élection se prépare des années à l’avance.
Même si le PDG qui dirige le Gabon depuis plus de 45 ans semble avoir intégré la donne, il n’en demeure pas moins que le parti au pouvoir n’arrive pas à changer de donne et surtout à s’adapter aux évolutions du moment. Les réunions provinciales du Conseil national auraient, selon les observateurs, été le lieu de pousser davantage à la mobilisation, en passant un message réconciliateur, fédérateur et en expliquant, au mieux, les dernières annonces du chef de file de cette force politique, Ali Bongo, qui ont pour vocation de réduire la pauvreté en luttant contre le chômage des jeunes, en prônant l’autonomisation des femmes, l’accès aux soins de santé, à l’éducation, à la formation et à l’emploi pour les jeunes. Un programme de charme pour la dernière ligne droite, pourrait-on dire.
Or ce qui est finalement à retenir, c’est que l’on a remis au goût du jour, une vieille pratique de ce parti, consistant pour les militants à payer la caution du candidat du parti à l’élection présidentielle, comme pour l’obliger à y prendre part s’il ne le voulait pas. Les cadres du PDG de la Ngounié emmenés par Yves Fernand Manfoumbi, Guy Bertrand Mapangou, Léon Nzouba, ont en effet remis le dimanche 18 mai 2014, par anticipation, au secrétaire général adjoint de ce parti, Claude Dibady Mayla, la somme de 10 millions de francs CFA équivalente à la caution que déboursera, Ali Bongo Ondimba s’il se portait candidat à la prochaine élection présidentielle prévue en 2016. «Cette caution est versée par l’ensemble des militants pour pousser, encourager et demander» au chef de leur parti de se porter candidat à la présidentielle de 2016, a souligné Guy Bertrand Mapangou comme s’il leurr était revenu qu’Ali Bongo pourrait refuser de se porter candidat à sa propre succession.
Mais au regard de la résurgence de méthodes un tantinet obséquieuses et datant de l’époque Omar Bongo, les remarques et les critiques ne manquent surtout lorsque l’on sait que le chef de l’Etat s’est positionné depuis le début de sa prise de fonction en 2009 comme l’homme de la rupture avec les vielles pratiques et méthodes. «Voilà ce que savent faire les PDGistes. Amuser la galerie pendant que le peuple continue de vivre la galère. Au lieu de réfléchir sur les solutions à proposer à leur distingué camarade président pour satisfaire les besoins des populations de l’arrière pays, les conclusions des travaux de leurs conseils provinciaux aboutissent à la constitution d’un pactole pour la caution de leur candidat naturel. Le ton a été donné par les nouveaux riches de la Ngounié. Qui leur a dit que les candidatures sont ouvertes et que le trésor attend déjà le paiement des cautions?», s’est étonné un internaute de Facebook.
Et dans le même sens, un jeune du lycée de Montalier de se demander, en apprenant cette nouvelle dans un journal le lundi 19 mai, «si cet argent ne pouvait pas servir à la réfection de la voie, en piteux état, menant à notre établissement». Comme lui, beaucoup d’autres citoyens trouvent à redire sur cette méthode qui méritait d’être reléguée aux calendes grecques. Quoi qu’il en soit, par ce message, on peut aisément percevoir la volonté des caciques du PDG de faire en sorte que leur champion brigue un deuxième mandat. «Le ballon n’est donc plus au centre et c’est aux meilleurs joueurs d’en savoir user».