La cathédrale Notre Dame de l’assomption, communément appelé Sainte-Marie, est depuis plusieurs mois le sanctuaire de ceux qui s’estiment lésés.
Sur le parvis de la cathédrale Notre Dame de l’assomption, les mouvements d’humeur menés dans l’optique d’interpeller les pouvoirs publics sur des situations diverses semblent se multiplier. D’aucuns ont fait de l’obtention des résultats une question d’honneur. Et la grève de la faim, est devenue le mode de protestation préféré, même si, en vérité, tout le monde s’alimente et se désaltère dorénavant ; l’essentiel étant surtout de camper là.
Le plus frappant pour tout visiteurs des différents grévistes qui bivouaquent là, ce sont les abris et couchettes fabriquées par toutes ces personnes pour tenir contre les intempéries. Vieux cartons, vieux sacs plastiques, vielles tôles, vielles planches, barres de fer usagées et quelques matelas à même le sol. Voilà les matériaux hétéroclites qui composent les refuges de ces jeunes hommes et ces femmes qui ont choisi de faire grève jusqu’à la satisfaction de leurs revendications.
Un air de chaos, d’apocalypse ou d’après-sinistre devant l’entrée principale de l’église, mais aussi vu boulevard de l’Indépendance. Des banderoles taillées dans des pièces de tissu blanc ou sur des cartons indiquent les motifs des revendications et renseignent sur l’état d’esprit des grévistes. On peut y lire: «Fan club Péa, on a faim» ou «Je suis affecté dans un village sans salaire» ou encore «Ya Ali, les moyennes obtenus autour du premier tour du bac nous donnent droit à l’admission», mais aussi «les ex-agents hospitaliers de la CNSS exigent le paiement de tous leur droits avant le 17 août 2014» et «la jeunesse est-elle sacrée ou sacrifiée ? La jeunesse est l’avenir de demain monsieur le président».
Sous ces abris de fortune, les grévistes sont disposés selon leur cause ou leur provenance. On y retrouve des élèves recalés du Bac 2014, des enseignants du primaire sans salaire ou sans affectation, des étudiants sans bourses ou réclamant le paiement de leur dû, la libération de leur collègue et la réhabilitation de leurs camarades exclus. Les ex-agents de la Caisse nationale de sécurité nationale (CNSS), quant-à-eux sont là depuis plus de 5 mois et n’entendent pas quitter les lieux sans qu’une solution soit trouvée à leurs problèmes. Quelquefois, les esprits s’échauffent, des poings se plient en perspective d’une bagarre tandis que des échanges verbaux houleux sont légions. Mais, généralement, l’atmosphère est bon-enfant, la promiscuité aidant.
Mais comment font-ils donc pour vivre ? Pour la majorité «c’est grâce à la magnanimité des personnes de bon cœur (qu’ils continuent) de résister». «Quand des gens comme vous viennent ici, ils voient notre situation et en partant ils nous laisse quelque chose. C’est avec ça qu’on peut s’acheter des sandwiches», a expliqué un étudiant qui raconte également que pour se doucher, ils disposent d’un robinet mis à leur disposition par les responsables de l’église.
Ce 9 septembre 2014, la situation a failli dégénérer. Un groupe de jeunes se réclamant du Collectif des jeunes de l’Estuaire, voulant soutenir l’action du président de la République, y a également établi son camp, déployant des tentes, des chaises en plastique en rupture totale avec les habitués des lieux qui s’assoient et dorment à même le sol. Les sympathisants de l’action d’Ali Bongo ont, de plus, été ravitaillés en victuailles et en boissons. Ce qui a provoqué le courroux des grévistes qui y campent là depuis plusieurs semaines. «Ce sont des jeunes instrumentalisés. On les a envoyé venir nous perturber, sinon nous narguer », a fulminé un des déflatés de la CNSS.
Si les politiques de tous bords passent pour voir l’évolution de la situation, il n’en demeure pas moins que jusqu’alors les choses semblent au point mort. La situation semble être devenue normale et on s’accoutume à ce que la devanture de la cathédrale de Libreville soit devenude le lieu des lamentations. Un effort devrait pourtant être fait par tous les protagonistes de ces crises afin que la situation revienne à la normale…