La coopération entre le Sénégal et le Gabon connait un nouvel élan. Hier, les ministres des Affaires étrangères des deux pays ont signé un accord d’exemption de visas pour les détenteurs de passeports diplomatiques.Le ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, Mankeur Ndiaye et son homologue gabonais, Emmanuel Ngondet ont signé, hier, un accord d’exemption de visas au profit des détenteurs de passeports diplomatiques. Un accord que le chef de la diplomatie gabonaise a qualifié de « pas significatif » dans la coopération entre les deux Etats. Emmanuel Ngondet a soutenu que sa visite d’amitié et de travail au Sénégal a été une occasion pour faire l’évaluation du partenariat entre Dakar et Libreville. Son séjour lui a aussi permis «d’engager des discussions franches et fructueuses» avec le ministre Mankeur Ndiaye sur diverses questions.
Il a rappelé que les deux pays entretiennent « une relation historique ». «C’est une relation bilatérale qui est forgée dans l’engagement constant de nos différents chefs d’Etat, à faire de l’axe Dakar-Libreville, un levier important des relations entre la région de l’Afrique de l’Ouest et celle de l’Afrique centrale. C’est une coopération qui a toujours été considérée comme un exemple à suivre», a déclaré M. Ngondet, estimant que « nos actuels dirigeants n’ont d’autres choix que de s’inscrire dans cette dynamique afin de renforcer les acquis et adapter le contenu et les objectifs de ce partenariat au nouveau monde ». «Le monde change et avec lui, ses nouvelles exigences. Il nous faut, de façon perpétuelle, adapter nos relations à l’environnement dans lequel celles-ci se développent», a encore déclaré le chef de la diplomatie du Gabon. Abondant dans le même sens, Mankeur Ndiaye a magnifié « les relations très fortes » qui existent entre le Sénégal et le Gabon. Il s’est félicité de « la complicité » dont font montre le président de la République du Gabon Ali Bongo Ondimba et son homologue Macky Sall. «Les relations personnelles qu’entretiennent les chefs d’Etat sénégalais et gabonais ont toujours été le moteur de la coopération bilatérale entre le Sénégal et le Gabon. Nous nous rencontrons souvent lors des réunions internationales et nous observons la qualité des relations qui lient Ali Bongo et Macky Sall», s’est-il réjoui. Mankeur Ndiaye estime qu’il est important de mettre à profit cette complicité pour donner plus de dynamisme et de vigueur à cette coopération. Il souligne que cette rencontre avec le chef de la diplomatie gabonaise a aussi permis de préparer la prochaine visite du président Macky Sall au Gabon et celle d’Ali Bongo au Sénégal. Il a salué « les fortes convergences de vues et d’analyses » des deux pays sur les grands dossiers de la politique africaine et internationale.
Coopération militaire, économique et volet consulaire
Mankeur Ndiaye a réitéré toute la disponibilité du Sénégal à renforcer les canaux de consultation régulière et à tout mettre en œuvre pour raffermir la coopération entre les deux gouvernements. Au-delà de «la forte convergence de vues», Mankeur Ndiaye estime qu’il est important de créer les conditions pour le développement et le renforcement de la coopération économique et commercial entre les secteurs privés sénégalais et gabonais. M. Ndiaye a souligné l’importance d’échanges des expériences du Plan Sénégal émergent et du Plan Gabon émergent. Il a plaidé en faveur du renforcement de la coopération militaire surtout dans «un contexte où nos pays se sont tous engagés dans la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme violent et radical, la criminalité transfrontalière, les trafics de tous genres etc.» Il n’a pas manqué de se féliciter du souhait du Gabon d’accueillir la 8ème Commission mixte après celle tenue, il y a deux ans, à Dakar.
Lors de cette rencontre, le Secrétaire d’Etat aux Sénégalais de l’extérieur, Souleymane Jules Diop, a listé quelques difficultés auxquelles font face nos compatriotes vivant au Gabon. Parmi celles-ci, il y a notamment l’établissement de la carte de séjour qui coûte 824.000 FCfa, en plus d’un droit de timbre à 50.000 FCfa. D’après lui, «ce déséquilibre» doit être revu, vu qu’au Sénégal, les ressortissants gabonais ne paient que 65 000 FCfa de caution de rapatriement et 10.000 FCfa de droit de timbre. Une préoccupation que le ministre gabonais des Affaires étrangères a promis d’examiner en vue de trouver une solution consensuelle à cette question. Souleymane Jules Diop a reconnu que les Sénégalais se sentent chez eux au Gabon. Ils constituent, à l’en croire, la plus importante communauté sénégalaise vivant à l’étranger avec un nombre qui varie entre 40.000 et 50.000 personnes.
Diégane SARR