Contre toute attente, le nouveau livre du journaliste français Pierre Péan intitulé ‘’Nouvelles affaires africaines’’ que certains opposants gabonais ont tôt fait de brandir contre le pouvoir d’Ali Bongo Ondimba, n’a pas eu autant de succès aux yeux de l’opposant Bruno Ben Moubamba, le secrétaire national de l’Union du Peuple Gabonais (UPG), le parti créé par l’opposant historique Pierre Mamboundou.
En tournée aux Etats Unis, Bruno Ben Moubamba a, depuis le Nouveau Mexique, réagi samedi vertement contre le livre de Pierre Péan qu’il qualifie de « non documenté… », qui « se moque du petit monde gabonais », « enfonce les portes ouvertes sans preuves démontrables ».
« Il faudrait le suivre dans son labyrinthe parce que nous sommes contre le système bongo ? » s’est-il interrogé ? « Non », répondra-t-il. « Les temps ont changé et nous pensons désormais de nous-mêmes ». Autrement dit, l’opposant gabonais se démarque donc de la question de la nationalité ou la filiation de l’actuel Président gabonais, qu’il qualifie de « ridicule comme elle l’a été pour Alassane Ouattara en Cote d’Ivoire, tout comme elle l’est pour Kabila fils en RDC, pour Mme Samba Panza en Centrafrique accusée d’être tchadienne ou camerounaise ». Il y voit une volonté « de nous amener dans la barbarie… tribalisme, xénophobie ».
Bruno Ben Moubamba appelle les gabonais et les africains en général, à ce qu’ « il faut élever le niveau du débat…le peuple du Burkina Faso a obtenu le départ de Blaise Compaoré en élevant le niveau du débat : le refus de voir changer l’article 37 de la constitution… les burkinabè n’ont même pas évoqué la mort de Sankara et ne se sont pas mis à insulter Mr Compaoré ».
Revenant sur le cas du Gabon, Bruno Ben Moubamba revêt son manteau d’opposant pour donner quelques affirmations.
« Nous voulons qu‘Ali Bongo Ondimba s’en aille parce que c’est un mauvais président qui gère mal le pays », a déclaré Bruno Ben Moubamba.
Et d’ajouter : « Oui, Ali doit partir parce que c’est un mauvais président qui représente un mauvais système ».
Là-dessus, Bruno Ben Moumbamba veut certainement demeurer dans la logique d’éloigner le débat politique gabonais des polémiques tribalistes et xénophobes. Néanmoins, son négativisme outrancier de la gouvernance d’Ali Bongo Ondimba semble grossièrement éluder le débat sur les satisfécits économiques et sociaux reconnus au Gabon par les organismes internationaux, s’agissant de sa croissance économique soutenue autour de 5% depuis l’arrivée au pouvoir d’Ali Bongo Ondimba, du leadership sous régionale du Gabon comme meilleure destination d’affaires, du grand bond accompli en 5 ans dans le nombre de kilomètres d’ infrastructures terrestres réalisés, de l’assurance maladie universelle via la CNAMGS, des allocations de naissance universelle, de l’augmentation de la prime de logement des fonctionnaires, la hausse de près d’ 1/3 de la bourse de l’étudiant gabonais, etc.
Pour dire que le discours de Bruno Ben Moubamba gagnerait tout autant à discuter ces pans et d’autres encore de la gouvernance d’Ali Bongo Ondimba, qui ne peut être parfaite et ipso facto susceptible de critiques et de contre propositions des opposants, pour progressivement susciter et entretenir un autre niveau de débat politique au Gabon et affiner des offres ou projets politiques alternatifs et concurrents.
Ainsi, l’opposition à laquelle inviterait Bruno Ben Moubamba s’interdirait courageusement donc de surfer avec le tribalisme et la xenophobie pour s’intéresser davantage au débat sur la légalité de l’exercice du pouvoir. Mais elle enrichirait et s’enrichirait aussi par des critiques et propositions, relativement à la gouvernance économique et sociale du pays.