La compagnie pétrolière Total Gabon, filiale du géant français Total, a reconnu, à demi-mots, avoir dépensé de l’argent pour clore son redressement fiscal pour lequel l’Etat gabonais lui réclamait 805 millions de dollars.
Selon Total Gabon son résultat net des neufs premiers mois de l’année 2014 est de 82 millions de dollars seulement alors que pour la même période, le pétrolier avait réalisé un résultat net de 225 millions de dollars soit chute de 143 millions de dollars.
Pour expliquer cette baisse, Total soutient que c’est à cause de l’augmentation des coûts d’exploitation liée à la campagne d’intégrité sur des puits existants, la hausse des coûts de logistique, et l’augmentation importante du prix du gazole industriel depuis début 2014.
Dans une petite phrase, la compagnie affirme que la baisse de son résultat net est aussi du à l’impact de la clôture du redressement fiscal. Sauf que le pétrolier français réputé pour la transparence de ses données n’a pas communiqué sur le montant dépensé dans cette affaire qui a impacté le résultat net de la période.
Selon un fonctionnaire gabonais, des dirigeants de Total Gabon ont participé, fin octobre et début novembre 2014 à Libreville à plusieurs réunions dont certains ont pris fin à des heures très tardives. La même source a confié à Gabonactu.com que la compagnie française a finalement accepté de verser de l’argent à l’Etat gabonais dans le cadre du redressement mais pas dans les proportions demandées par le Gabon. Personne ne sait si Total aurait effectué un versement unique ou il y aura d’autres versements.
Silence radio du coté du gouvernement
Le gouvernement gabonais est pour l’heure muet dans ce dossier brûlant. Une source proche du dossier a confié à Gabonactu.com que les sommes indiquées dans l’avis de redressement judiciaire était des variables pour asseoir les négociations. « Nous savions que Total Gabon ne devait pas s’exécuter comme un pionnier de service », commentait cette source proche du ministère gabonais de l’Economie qui s’étonnait du tollé suscité par l’avis de redressement judiciaire adressé à Total Gabon.
« C’est courant en France, le pays qui nous sert de modèle et Total Gabon le sait parfaitement », avait expliqué la source au moment ou avait éclaté ce scandale politico-financier.
On rappelle que le 14 février 2014, jour de la célébration de la fête des amoureux, le Ministère gabonais de l’Economie et de la Prospective a adressé un avis de redressement fiscal à Total Gabon. Il est assorti d’un avis de mise en recouvrement partiel à la suite du contrôle fiscal dont la société a fait l’objet au titre des années 2008 à 2010.
Le montant mentionné dans l’avis de redressement fiscal est de 805 millions de dollars, dont 387 millions de dollars font l’objet de l’avis de mise en recouvrement partiel. Total Gabon avait considéré ce redressement fiscal comme étant « dénué de tout fondement et contestait ainsi fermement l’ensemble des chefs de redressement et les montants associés ».
Surprise
Cet avis a surpris le monde des affaires au Gabon où le pétrolier a toujours jouit d’une grosse marge de liberté du fait de son poids très lourd dans les recettes publiques.
Certaines personnes ont même dit que le couple Gabon et dame Total, très amoureux et uni pour le meilleur et pour le pire depuis près d’un siècle, se déchirait le jour de la Saint Valentin.
Total Gabon, producteur historique de l’or noir au Gabon, est détenu à hauteur de 58,28% par le groupe Total, de 25% par la République gabonaise et de 16,72% par le public.