Le président de la République a reçu, le lundi 17 novembre 2017, les responsables des syndicats des administrations du pays et du patronat dans le but de trouver des solutions à la crise sociale que vit actuellement le Gabon. Il a demandé au Premier ministre d’engager des négociations collectives globales, tant dans le secteur public que dans le secteur privé.
Très attendue, la rencontre des syndicalistes avec le président de la République, Ali Bongo Ondimba, s’est tenue et a surtout eu le mérite de mettre face à face les travailleurs et l’exécutif. La situation sociale du moment est en effet marquée par des séries de revendications corporatistes qui, depuis quelques, affectent la plupart des secteurs d’activités dans le pays.
Si certains ont parlé de réunion de négociations, il revient que du côté du Palais du bord de mer, l’on indique que ce rendez-vous entrait dans le cadre des concertations qu’a souvent eu le chef de l’Etat avec les forces vives de la nation. «Il ne s’agit donc pas, comme pourraient l’imaginer certains esprits
mal intentionnés, d’un exercice imposé par je ne sais quelles circonstances politiciennes ou conjoncturelles, mais bien de mon engagement à échanger, en temps voulu, avec les forces vives de
la Nation, dont vous êtes ici une partie de la représentation», a déclaré le président de la République. C’est dans ce sens que voulant un climat apaisé et serein, Ali Bongo Ondimba a fait le rappel des réformes engagées susceptibles, in fine, d’apporter de meilleurs conditions de travail, mais surtout de vie, aux Gabonais. Il a cité entre autres, l’instauration du revenu minimum mensuel dans la Fonction publique, portant le plus bas des revenus à 150.000 francs par mois ; le relèvement du montant des allocations de rentrée scolaire, de 25.000 à 62.500 francs par enfant ; l’extension de l’assurance maladie à toutes les couches sociales, particulièrement les plus vulnérables ; le paiement, entre 2010 et 2013, de plus de 170 milliards de francs CFA au titre des rappels de solde, pour un effectif global de moins de 70.000 agents de l’Etat.
C’est donc pour essayer de trouver des pistes de solutions et de réaffirmer aux syndicalistes qu’il est à leur écoute et qu’il est au courant des revendications, que Ali Bongo, en présence du Premier ministre, Daniel Ona Ondo, et de quelques membres du gouvernement, a rassuré les uns et les autres, donnant des orientations et en demandant de nouvelles réflexions sur des dossiers précis, ainsi que l’accélération de certaines réformes. Il est en cela question de ne plus poursuivre, dans les prochaines semaines, avec ce climat flouté par des revendications tous azimuts. «J’entends cependant les attentes et les revendications des uns et des autres. J’y perçois les aspirations du patronat, les insatisfactions des travailleurs des secteurs public et privé», a dit Ali Bongo.
Les syndicats réunis au sein du Mosaap, de l’Aresga, de la Conasysed, entre autres, réclament l’augmentation du Salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig), le relèvement du point d’indice des agents de l’Etat, la suppression de la Prime d’incitation à la performance (PIP), le paiement des primes ainsi que des rappels dus. Les revendications y relatives ont considérablement ralenti le fonctionnement de l’administration et de certaines entreprises étatiques ou paraétatiques.
Pour répondre à ces revendications, Ali Bongo Ondimba a instruit le Premier ministre de poursuivre les discussions avec les partenaires sociaux. «Les discussions que vous allez donc poursuivre avec les partenaires sociaux du secteur public doivent aboutir, entre autres, à la mise en place d’un nouveau système de rémunération», a-t-dit avant s’étonner du fait que la Prime d’incitation à la performance soit aujourd’hui «un sujet de discorde». «En décidant de réformer les fonds communs qui ne bénéficiaient qu’à 8% environ des agents publics, j’ai voulu, que par des mécanismes d’incitation à une meilleure performance de notre administration, qu’elle permette d’accroitre les revenus des travailleurs les plus méritants», a-t-il expliqué.
Un nouveau système de rémunération devra également être étudié au cours des concertations qu’aura le Pr Daniel Ona Ondo avec les partenaires sociaux, afin, entre autres, d’aboutir à l’amélioration du niveau de salaires des agents publics ; l’harmonisation des primes, des gratifications et des avantages en nature ; l’incitation des agents publics à de meilleures performances ; l’amélioration des pensions de retraite.
Ali Bongo Ondimba n’a pas manqué de revenir sur l’usage généralisé de la grève comme principal moyen de revendication, précisant que «le droit de former des syndicats est garanti par la constitution. Cependant, l’exercice de ce droit est encadré par un dispositif juridique et règlementaire qui indique entre autres, la procédure conduisant à la grève, tout en prescrivant le respect du principe de la liberté du travail, notamment pour les non-grévistes, et la mise en place obligatoire d’un service minimum. Notre arsenal juridique dans ce domaine prévoit la coupure de la Rémunération pour les jours non travaillés, à l’exception des prestations familiales et de l’aide au logement. Par ailleurs, et je le dis avec force, le droit de grève ne doit pas, dans son exercice, provoquer une interruption totale du service public, ou mettre en danger la vie, la santé, ou la sécurité de tout ou partie de la population».
Au final, le président de la République a demandé des négociations collectives et globales avec les partenaires sociaux tant de l’administration publique que du privé. «Ces négociations que vous allez mener avec l’ensemble des partenaires sociaux, doivent permettre de créer les conditions favorables à ce que notre pays, le Gabon, gagne sa place dans un monde où la compétition est de plus en plus rude. Car comme vous le savez, seuls les meilleurs pourront faire face aux défis de ce 21ème siècle, siècle d’ouverture et de concurrence », a indiqué le chef