Au Burkina Faso, nommé mercredi, Isaac Zida a fait sa première déclaration officielle en fin de journée. Respect de la charte de transition, ardeur au travail sont les thèmes principaux qu’il a abordéS. Comment ce militaire de carrière va-t-il désormais diriger le Premier ministère et imposer sa marque ? Avant de passer la main au président de la transition, le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida a pris des mesures qui ont renforcé sa popularité. Les décrets pris permettent de mieux comprendre le mode de fonctionnement du nouveau Premier ministre.
C’est un homme calme, discret, qui accède à la primature de la transition. Tellement discret que peu de gens se souviennent de ce protestant aux épaules carrées, pourtant ex-numéro deux de la garde du président évincé.
Si la rue ne lui tient pas rigueur pour l’heure de ce rôle clé au sein de la galaxie Compaoré, c’est sans doute parce qu’il manœuvre avec habileté. Ce polyglotte a su incarner la continuité de l’Etat avec une humilité appréciée, même si jusqu’en début de semaine, il tenait à ce que le protocole lui donne du « Monsieur le chef de l’Etat ».
Âgé de 49 ans, Isaac Yacouba Zida est titulaire d’un master en management, décroché à Lyon. Il a effectué des stages dans l’anti-terrorisme en Floride. Il compte aussi à son actif des missions avec les casques bleus en RDC, et un rôle d’officier de liaison en Côte d’Ivoire.
Ce n’est pas un homme effacé. Pour le bonheur de l’opposition civile et de l’opposition, il a renvoyé dans les cordes l’Union africaine, qui parlait ultimatum et sanctions. Les chancelleries occidentales reconnaissent qu’il a donné de nombreux gages, même si elles grimacent de voir un gradé occuper un poste aussi élevé.
Le Premier ministre assurera l’intérim si le président est empêché. Les cinq sous commissions de la transition lui seront alors rattachées, et cela selon la charte de la transition, qu’il a lui-même amendée. Loin des casernes, l’officier discipliné se révèle donc un fin stratège dans l’arène politique.
La méthode Zida
Alors que la cérémonie de signature de la charte battait son plein dimanche dernier, des quartiers entiers de la capitale ont été privés de courant. Dès le lendemain, Isaac Zida a ordonné l’arrestation du directeur de la société nationale d’électricité. Jean-Christophe Ilboudo dort depuis en prison.
Interrogé par la presse, Isaac Zida avait déclaré : « C’est un appel à tous ceux qui sont aux charges de l’Etat. Ils doivent se mettre dans la tête, qu’ils doivent travailler pour le peuple et non pas pour eux en faisant ce qu’ils veulent ». Sans explications, le directeur général de la nationale des hydrocarbures a été lui démis de ses fonctions. Deux décisions qui ont plu à l’opinion qui a salué l’éviction de ses deux hommes, jugés proche de l’ex-président Blaise Compaoré.
En début de semaine, Isaac Zida a ensuite annoncé la dissolution des conseils municipaux, des instances dirigées en grande majorité par le CDP, l’ancien parti au pouvoir. Une mesure sans doute, pour faire vivre la transition dans les régions et rappeler à tous ceux qui étaient aux commandes que leurs pratiques sont désormais regardées de très près, que les abus ne sont plus permis.
Avant d’être nommé Premier ministre, le lieutenant-colonel Isaac Zida a également cherché à plaire à la population. A sa demande, le dernier match comptant pour la qualification à la prochaine CAN, joué mercredi dans le stade du 4 août de Ouagadougou, était gratuit.
RFI