Dressant un bilan peu reluisant du parcours à mi-mandat du chef de l’Etat, Paul-Marie Gondjout invite les Gabonais à rejoindre ce mouvement censé faire respecter les dispositions de l’article 10, alinéa 4 de la Constitution.
Alors qu’il y a quelques semaines encore le parti au pouvoir faisait l’éloge des cinq ans d’Ali Bongo au pouvoir, dans le camp d’en face, l’opposition, c’était plutôt l’occasion de dresser un bilan assez chaotique du parcours à mi-mandat du chef de l’Etat. A la faveur d’une conférence de presse tenue le 28 novembre à Libreville, Paul-Marie Gondjout, cadre de l’Union nationale (UN, opposition), a affirmé à cet effet qu’«en 2009 le Gabon est rentré dans une accélération de sa déchéance après le coup d’état d’Ali Bongo Ondimba. Cette déchéance prend forme sur tous les plans : politique, économique et sociale».
Sur le plan politique, Paul-Marie Gondjout affirme que depuis 2009, Ali Bongo n’a pas su amorcer «la rupture promise au peuple gabonais (…) Il est plutôt obsédé par la consolidation des mécanismes d’un régime autocratique et méprisant». Ce qui se traduit notamment par l’absence de séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire ; les atteintes aux libertés fondamentales avec la dissolution anti constitutionnelle et injuste du principal parti politique de l’opposition, à savoir l’Union Nationale ; la confiscation des médias d’état au profit exclusif du Parti démocratique gabonais (PDG) ; la psychose entretenue par le pouvoir en militarisant les artères des principales villes du Gabon.
Pour ce qui est de l’aspect économique, Paul-Marie Gondjout dénonce la «mauvaise gouvernance financière» par laquelle brille Ali Bongo. «Sans crise et avec des taux de croissance de 6% en moyenne, les budgets successifs ont connu des déficits, exemple du budget de 2010 qui a enregistré un déficit de 604 milliards de francs CFA», déplore-t-il. Et d’assurer que le rapport sur la performance de la gestion des finances publiques par le FMI, en décembre 2013, met à nu l’incompétence d’Ali Bongo et sa légion étrangère à gérer l’Etat ; alors qu’en 2013, la loi de finances avait inscrit 1 milliard au profit de la Fondation privée créée par Sylvia Bongo Ondimba, qui capte entre autres, des aides sociales venant de l’étranger.
Paul-Marie Gondjout tire également à boulets rouges sur l’institutionnalisation de la corruption au travers des passations des marchés publics de gré à gré, en violation des dispositions légales ; l’enrichissement illicite et vertigineux d’Ali Bongo et de ses collaborateurs immédiats. Il déplore également que l’économie gabonaise soit asphyxiée et bloquée : l’Etat éprouve de plus en plus de mal à régler les entreprises étrangères installées au Gabon, qui réclament des arriérés de paiement de plusieurs centaines de milliards de francs CFA. Par ailleurs, souligne-t-il, «la Cour des comptes qui a constaté des détournements massifs des fonds publics par les différents gouvernements n’a pas validé les comptes publics de l’Etat depuis 4 ans».
Sur le plan social enfin, Paul-Marie Gondjout s’inquiète de ce que depuis le 16 octobre 2009, le Gabon est devenu la République des promesses, maquettes, forums, assisses, conférences, séminaires, marathons, carnaval et de courses de bateaux sans impact positif sur le quotidien des gabonais. Selon lui, «alors que le Gabon affiche une croissance économique régulière entre 5 et 7 % depuis 2010 cela n’a eu aucune répercussion sur le plan social ; au contraire le Gabon a des indicateurs sociaux typiques d‘un pays pauvre. Un gabonais sur trois est pauvre». Le cadre de l’UN poursuit en affirmant notamment que d’octobre 2009 à ce jour, l’Etat n’a construit aucune nouvelle école au Gabon ; le chômage atteint 25 % de la population active et 40% pour les jeunes de moins de 25 ans. La pauvreté est donc présente au Gabon sous sa forme monétaire.
En définitive, «ce constat accablant, grave et humiliant pour le Gabon et son peuple est l’œuvre d’un homme doté d’une incompétence avérée, autocrate, arrogant, irrespectueux du peuple ainsi que des dispositions constitutionnelles et légales de la République», déclare Paul-Marie Gondjout, ajoutant par ailleurs que «cet homme dont nous connaissons désormais les origines et qui du reste a menti sur ses diplômes, n’a plus le droit de diriger le Gabon». A ce titre, il invite l’ensemble des Gabonais à rejoindre le mouvement «Article 10 Ali Bongo Bouge de là», qui va se déployer partout à Libreville et à l’intérieur du pays pour sensibiliser et informer les gabonais sur les vraies origines d’Ali Bongo et les mobiliser pour exiger son départ. «Le moment est arrivé, Gabonaises Gabonais tournons la page d’une époque révolue et libérons le Gabon de l’imposture et de l’asservissement», a conclu Paul-Marie Gondjout.