Dans une interview accordée récemment à l’hebdomadaire français Jeune Afrique, le président Ali Bongo Ondimba passe en revue son bilan, les réformes, l’opposition, les critiques, etc. … quatre ans après son élection.
Quatre années de réformes au pas de charge, pas toujours comprises ou digérées, pour réveiller un pays profondément endormi, vautré dans le relatif confort autorisé par la manne pétrolière et la politique politicienne. Car ici, il n’y a guère d’affrontements doctrinaires ou de débats de fond. La vie politique s’est longtemps résumée à un jeu de chaises musicales, un grand marché de troc où l’on s’échangeait postes, prébendes et privilèges et où l’on claquait la porte du parti au pouvoir, le Parti démocratique gabonais (PDG), pour rejoindre le camp d’en face dès lors que son statut social, et donc son portefeuille, était touché.
Héritier présumé d’un système mis en place par son emblématique père, Ali Bongo Ondimba a surpris tous ceux qui s’attendaient à ce qu’il maintienne les us et coutumes d’un pouvoir qui, sur la fin, brillait surtout par l’extraordinaire force d’inertie qui maintenait les grands équilibres ethniques et régionaux et interdisait toute dynamique de changement. Ses premiers pas ? Une série de coups de pied dans la fourmilière. Sévères remises en question de positions jusqu’ici gravées dans le marbre, mises à l’écart de ténors, audits lancés, rigueur instaurée, impératifs et objectifs concrets fixés, arrivée d’une nouvelle génération au pouvoir : la belle endormie gabonaise a été réveillée à coup de gifles…
Selon l’hebdomadaire, « Ali », lui, a une vision pour son pays, élaborée et déclinée à travers le Plan stratégique Gabon émergent (PSGE) : industrialisation, diversification d’une économie trop dépendante des seules matières premières – par ailleurs pas ou peu transformées localement -, développement durable, lancement de très nombreux chantiers destinés à rattraper un retard criant en matière d’infrastructures, rédaction de feuilles de route sectorielles détaillées, création d’agences pour épauler (et surveiller) les ministères. Reste la question essentielle du degré de réalisation de ce plan et de son efficacité.
Car le Gabon reste le Gabon : un pays gâté par la nature où le goût du travail cède souvent la place au culte de l’argent facile. Un petit émirat tropical où tout le monde se connaît, où les batailles se livrent en coulisses et où le mot « changement » ressemble à une menace pour les nantis. Chassez le naturel, et il revient au galop… Ali Bongo Ondimba n’est peut-être pas suffisamment allé au bout de sa démarche de rupture, de crainte certainement que le cocotier ainsi secoué ne finisse par s’effondrer. Il est aujourd’hui au milieu du gué et il lui reste un peu moins d’une moitié de mandat pour trouver un second souffle et tenir ses nombreuses promesses. (…). La suite via le lien :
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