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Un mort autour du meeting non tenu de Rio

Manifestation interdite de l'opposition à Libreville le 20 décembre 2014, qui a donné lieu à des heurts avec les forces de l'ordre. - Celia Lebur - AFP
Manifestation interdite de l’opposition à Libreville le 20 décembre 2014, qui a donné lieu à des heurts avec les forces de l’ordre. – Celia Lebur – AFP
Scandant des slogans hostiles au pouvoir et réclamant le départ d’Ali Bongo, de nombreux manifestants ont répondu, ce samedi 20 décembre, à l’appel de défiance lancé par le Front de l’opposition pour l’alternance. Interdit, le meeting du carrefour Rio a naturellement été empêché, entrainant des échauffourées dans les quartiers adjacents. Bilan : une vingtaine d’interpellations et un mort.

Alors qu’il en avait été interdit la veille par le ministre de l’Intérieur, le Front de l’opposition pour l’alternance tenait à organiser son meeting au carrefour Rio, à Libreville. Sur cette place mythique de l’opposition où étaient pourtant postées les forces de l’ordre durant la nuit, un ahurissant spectacle s’est offert aux passants dans la matinée : un amas d’animaux (mouton, chèvre et cochon) décapités, pattes liées avec du ruban rouge, des calebasses brisées et des cendres sur des nattes, signe d’une cérémonie sacrificielle de magie noire. Ce fait qui marque les esprits au pays des «crimes rituels» et des croyances métaphysiques n’a pas empêché des centaines de jeunes d’arriver sur les lieux en usant de divers subterfuges et, finalement, de mettre le feu à ces «fétiches».

Plusieurs centaines de manifestants constitués en différents blocs ont donc tenu à défier le pouvoir et l’armée. Si dès 13 heures de nombreuses personnes étaient sur les lieux pour avoir usé du prétexte d’être des riverains, le gros des troupes de l’opposition n’a pas réussi à franchir les barrières formées par les forces de l’ordre, postées à divers endroits de la capitale gabonaise et en nombre important autour de Rio pour empêcher la tenue du meeting. Les leaders de l’opposition partis de l’église Saint-Michel de Nkembo pour joindre Rio au terme d’une petite marche, ont également été bloqués et se sont repliés un bon moment à la même église. Après plus d’une heure passée à refouler les contestataires, avec le tir de gaz lacrymogènes, les forces de l’ordre sont partiellement parvenues à maitriser la situation, notamment grâce la pluie qui s’est invitée à la manifestation.

Durant cette opération de dispersion, plus d’une vingtaine de personnes ont été interpellées et conduites notamment au camp de Gendarmerie de Gros-Bouquet. Et c’est peut-être durant cette dispersion que Bruno Béka, 30 ans, étudiant à l’Ecole nationale d’administration, a été atteint au cou avant de mourir d’une blessure de l’artère carotide, selon la déclaration d’un médecin légiste ayant examiné le corps en présence du procureur de la République, Sidonie Ouwé. Une thèse avait pourtant déjà circulé, relayée par koaci.com et bien d’internautes, selon laquelle le corps de ce jeune homme avait été subtilisé à la morgue pour les besoins d’une mise en scène orchestrée par l’opposition. L’analyse de nombreuses photos publiées sur le cas dément formellement cette version, définitivement contredite par le médecin légiste. Les circonstances réelles de cette perte en vie humaine n’ont pas été déterminées et une enquête a été ouverte visant à tirer les choses au clair.

Empêchée à Rio, la manifestation s’est déportée dans les quartiers environnants. Des violences et affrontements avec les forces de l’ordre ont ainsi été enregistrés à la Cité Mébiame, à Avea I et II, à Kinguelé, à Belle-Vue II, à Venez-Voir et à Nzeng-Ayong. Le bilan de la journée compte également plusieurs blessés légers et graves, des pneus, des troncs d’arbres et au moins 2 véhicules brûlés. Mais de nombreux commentateurs s’interrogent sur le coût financier du déploiement spectaculaire, constaté sur Libreville, de toutes les forces de l’ordre et de défense supervisées dans les airs par 2 hélicoptères.

Dans une rue menant à Rio, la foule de manifestants n’ayant pas vu ses leaders, a visiblement appris à se passer d’eux. «Nous sommes fatigués de ces hommes politiques, qui pendant que nous allons au front, se cachent pour préserver leur vie. De quoi penser que c’est nous les viandes à abattre», a déploré un jeune activiste corroboré par un compère en ces termes : «cette manifestation est nulle. Si on voulait enlever le président, il aurait été mieux que nous nous rendions à la présidence avec les leaders aux premiers rangs». En soirée, les courses poursuites et manifestations continuaient dans certains quartiers de Libreville, notamment aux Cocotiers d’où provenaient de fortes détonations.

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