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Déclaration: Le Dr. Daniel Mengara appelle les Gabonais à la résistance

APPEL A LA RESISTANCE
Déclaration du Dr. Daniel Mengara, leader de « Bongo Doit Partir – Modwoam »

Suite aux tueries, arrestations et brimades policières du 20 décembre 2014, le Dr. Daniel Mengara appelle les Gabonais à la résistance. Le Leader du BDP-Modwoam offre ici des pistes de réflexion et invite ses compatriotes à la réflexion stratégique autour des questions relatives au changement immédiat au gabon. Ci-dessous, le texte et la vidéo de la déclaration.

 

Dr. Daniel Mengara, Président du mouvement "Bongo Doit Partir - Modwoam"
Dr. Daniel Mengara, Président du mouvement « Bongo Doit Partir – Modwoam »

Chers compatriotes,

L’heure est grave. Voir le sang des Gabonais couler parce qu’ils auront osé demander la dignité qui leur revient de droit est quelque chose qui me révolte au plus haut degré. Voilà pourquoi j’ai décidé, au nom du mouvement « Bongo Doit Partir – Modwoam » et en mon nom propre, de faire cette urgente déclaration.

D’abord parce que je ne voudrais pas voir ces morts et sacrifices de Gabonais devenir des morts inutiles, des sacrifices inutiles. Les crimes des Bongo au Gabon ne peuvent plus rester impunis. Avec ces crimes, avec ces brimades, nous avons tout simplement dépassé le point de non retour.

Ensuite pour condamner la barbarie du régime des Bongo Ondimba et exprimer mes condoléances et sympathies aux familles des victimes, notamment à celle de Bruno Mboulou Beka, mort pour la patrie ce samedi 20 décembre 2014. M. Mboulou Beka, martyr gabonais, mort pour l’avènement d’une nouvelle République débarrassée des Bongo et du bongoïsme. Son nom ne sera jamais oublié.

Enfin pour dire aux Gabonais qui sont descendus dans les rues non seulement toutes mes félicitations pour leur courage, mais aussi tous mes encouragements à tenir bon. Le mouvement « Bongo Doit Partir-Modwoam » est avec vous et a toujours été avec vous, même quand vous ne le voyez pas, et j’exprime ici, en son nom et au nom de tous ses militants et sympathisants, sa solidarité totale d’avec tous les mouvements politiques et syndicaux, ainsi que tous ceux de la société civile, actuellement engagés, sur le terrain comme au sein de la diaspora, dans les villages comme dans les villes, dans les rues comme dans les quartiers, dans la bataille pour le renouveau immédiat du Gabon, chacun faisant ce qu’il peut, là où il peut.

Chers compatriotes,

Les grands changements, les changements qui honorent l’humanité des hommes et des femmes, ne viennent jamais sans le courage de dire « non », sans cette abnégation citoyenne à soutenir les causes qui sont justes, sans cette profonde conviction que l’on se bat pour un Gabon meilleur, pour le bien de nos enfants, pour le bien de tous.

Chers compatriotes,

Ce que je vous ai toujours dit est aujourd’hui avéré. Les interdictions de meeting, les tueries de Gabonais, les brimades policières, les gaz lacrymogènes, les arrestations arbitraires actuellement en cours au Gabon : tout cela participe de ce fait inaliénable que les Bongo ne partiront pas du pouvoir sans y être forcés, par tous les moyens. Maintenant que tous les Gabonais ont compris ce que je n’ai cessé de dire depuis 1998 au moment où j’ai créé le mouvement « Bongo Doit Partir », c’est-à-dire que le changement au Gabon ne viendra ni par les urnes, ni par la bonne volonté des Bongo, et encore moins par le miracle de Jésus Christ, je voudrais ici vous inviter à une réflexion publique et transparente autour des circonstances et stratégies qui nous permettraient d’en finir.

Mais en finir comment ? C’est pour nous aider à répondre à cette question que j’ai voulu tout de suite, par ce message public, m’adresser non seulement aux Gabonais qui sont dans les rues, mais aussi, et surtout, à mes collègues, grands frères, petits frères, et leaders de l’opposition qui se battent courageusement sur le terrain, pour dire deux petits mots qui participent de la stratégie de changement immédiat désormais voulue, de toute évidence, par tous. Et surtout, je voudrais nous éviter de toujours continuer à improviser le changement, car le changement ne s’improvise pas : il s’organise. A mes frères et sœurs de l’opposition, je dirai donc ceci :

a) Arrêtons de parler de Conférence Nationale. L’idée d’une conférence nationale au Gabon est une idée dépassée. Et elle est contradictoire par rapport à l’idée de rupture totale que les Gabonais, surtout la jeunesse, souhaitent aujourd’hui. Comme je l’ai dit il y a quelques années, les Conférences Nationales sont des instruments de dialogue et de négociation qui impliquent, automatiquement, des arrangements entre le régime en place et l’opposition en vue d’une issue négociée. Or, là, avec les morts de Gabonais, avec les brimades, avec les gaz lacrymogènes et les matraques, et, surtout, avec le sceau d’illégitimité et d’usurpation qui frappe désormais le dictateur gabonais, nous avons dépassé l’étape du pacifisme, nous avons dépassé l’étape du dialogue, nous avons dépassé l’étape de la négociation. Il faut, plutôt, passer directement à une stratégie de destitution, donc à une avancée vers une Assemblée constituante.

b) Mais pour que cela marche, la communication avec le peuple gabonais doit être permanente, transparente, mais surtout aussi, cohérente. Ceci veut dire qu’il faut éviter des actes et des déclarations que les Gabonais peuvent percevoir comme des contradictions. Par exemple,

– On ne peut pas engager, de manière rationnelle et cohérente, un combat contre Ali Bongo sans remettre en cause, fondamentalement, tout l’héritage bongoïste, donc Omar Bongo lui-même. Renoncer au bongoïsme veut donc dire rejeter en bloc comme criminel et malsain tout ce qui a été fait sous Omar Bongo comme on rejette, également, tout ce qui a été fait sous Ali Bongo. C’est ce qu’on appelle rejeter un système. Donc, plutôt que d’assumer cet héritage, il faut, pour ceux qui ont participé à la meurtrissure du Gabon en compagnie des Bongo, dire publiquement aux Gabonais que l’on s’est trompé, et que, aujourd’hui, l’on est prêt à aller pisser avec les Gabonais insurgés sur le mausolée d’Omar Bongo, s’il le faut. Tout respect envers la personne d’Omar Bongo et toute expression de mélancolie sur l’ère Omar Bongo doit être bannie.

Ceci est important car, dans tout combat, il faut savoir désigner ses ennemis. Vu que les institutions qui nous ont amené Ali Bongo font partie de l’héritage bongoïste, il faut, en balayant Ali Bongo, balayer aussi ces institutions. Désigner ses ennemis, c’est quoi, donc ? C’est dire, tiens, Ali Bongo fait partie de l’héritage bongoïste, il faut le balayer. Madeleine Mborantsuo fait partie de l’héritage bongoïste, il faut la balayer. Guy Nzouba Ndama fait partie de l’héritage bongoïste, il faut le balayer. Rose Francine Rogombé fait partie de l’héritage bongoïste, il faut la balayer. La Constitution léguée par Omar Bongo, puis renforcée par Ali Bongo fait partie de l’héritage bongoïste, il faut la balayer. C’est ce qu’on appelle désigner les ennemis du Peuple. Une insurrection ne peut réussir quand les ennemis du Peuple, ceux-là-même contre lesquels le Peuple doit diriger sa rage, ne sont pas clairement identifiés.

– Un autre exemple de ce qui peut être perçu comme une contradiction est, par exemple, la stratégie des gouvernements parallèles. L’idée d’un gouvernement parallèle est une bonne idée, mais ce n’est pas une idée que l’on jette en l’air comme cela. Elle ne s’applique pas dans le vide ni à froid: il faut avoir prévu des étapes insurrectionnelles avant, et des étapes insurrectionnelles après, et il faut avoir prévu, de préparer, dans les plus brefs délais, la chute administrative et politique du gouvernement bongoïste. Ceci suppose, donc, que l’on ait déjà prévu comment l’on va rendre caduque le gouvernement des Bongo et affirmer l’autorité du gouvernement parallèle sur l’administration politique et publique du pays.

Ce qu’il ne faut surtout pas faire, dans ce cas, c’est aller se cacher au PNUD comme on le fit en 2011 ou se plaindre quand les salaires des membres du gouvernement des insurgés sont par la suite bloqués par l’administration publique du gouvernement que l’on dit ne plus reconnaître. Aller se plaindre que le système qu’on rejette ne paie plus vos salaires apparaîtrait comme excessivement contradictoire et ferait perdre de la crédibilité, sauf si, évidemment, l’on se situe au niveau du simple activisme politique, et non réellement dans une séquence insurrectionnelle. Voilà pourquoi une telle idée doit bien se préparer.

– Aujourd’hui, j’ai cru entendre que l’opposition a décidé de ne plus reconnaître Ali Bongo comme président du Gabon. Ceci est une bonne chose. Mais encore une fois, il faut expliquer au Peuple ce que l’on a prévu de faire pour qu’Ali Bongo cesse d’être président du Gabon à partir de la déclaration de non reconnaissance ! Autrement dit, si l’on ne s’est pas arrangé, au préalable, pour travailler à la procédure qui allait arracher l’autorité de président et de chef de l’Etat à Ali Bongo pour la transférer à une autre entité qui enlèverait, immédiatement, l’autorité administrative et politique d’Ali Bongo sur le pays, je crains bien que, là encore, une telle déclaration ne devienne contradictoire, voire incompréhensible par le Peuple, sauf si, évidemment, le but est de limiter ces actes à de simples déclarations symboliques.

Autrement dit, ce type de déclarations ne s’improvise pas. Elles doivent se situer à des étapes stratégiques du combat qui soient de nature, effectivement, à enlever l’autorité du régime bongoïste sur le pays, une bonne fois pour toutes. Et cela veut dire ne rien tenter si l’on n’est pas prêts à aller jusqu’au bout de la logique insurrectionnelle car un énième échec aurait la fâcheuse tendance de soumettre les Gabonais à la peur des représailles, voire les tétaniser dans la terreur, et, surtout, les conduire à ne plus répondre à un nouvel appel à la révolution.

Ceci veut donc dire quoi, concrètement ? Cela veut dire engager le Gabon sur le chemin de l’ingouvernabilité, tout simplement. Cela veut dire qu’il faut, au minimum—je dis bien, au minimum—organiser les Gabonais à quatre niveaux :

1) En premier lieu, il me semble en effet que nous sommes souvent dans une erreur stratégique extrêmement grave quand nous demandons systématiquement aux pédégistes réfractaires de démissionner du PDG pour venir encombrer les rangs de l’opposition. Pour ma part, je pense que, dans le cadre d’un combat asymétrique, une meilleure stratégie, serait, plutôt, de semer la zizanie su sein du PDG en y instituant des querelles de leadership. Imaginons un seul instant que certains des barons qui veulent sortir du PDG utilisent plutôt leur poids politique, mais surtout les statuts de leur parti, c’est-à-dire ceux-là mêmes qui autorisent l’existence et la création de mouvements et de courants au sein du PDG, pour s’organiser dans un bloc qui, au lieu de démissionner, s’activerait simplement à construire une tendance progressiste qui remettrait en cause, de l’intérieur même du PDG, le leadership d’Ali Bongo. Imaginons encore que ce groupe se serve du projet de société du PDG pour montrer à quel point Ali Bongo a démontré son incapacité à transformer ce projet en réalité, ce qui, donc, pousserait ce groupe à non seulement exiger des primaires publiques, mais aussi à faire campagne contre la candidature d’Ali Bongo en 2016, demandant plutôt aux militants du PDG de se choisir un autre candidat ; imaginons encore que, maintenant que l’imposture d’Ali Bongo ne fait plus aucun doute, ce groupe demande la destitution immédiate d’Ali Bongo ; imaginons par la suite que le PDG, secoué depuis son intérieur par ce tsunami, se scinde entre partisans d’Ali Bongo et partisans du candidat de l’autre mouvance pédégiste, aboutissant à une situation où le rejet d’Ali Bongo par sa base deviendrait évident, n’aurions-nous pas là, chers compatriotes, une autre option d’alternance politique ? Et ne serait-ce pas là une meilleure manière d’aider et de renforcer l’opposition, et peut-être aussi, de contribuer au processus d’ingouvernabilité ?

C’est donc une idée que je jette en l’air, comme cela, chers compatriotes. Que ceux qui ont des contacts avec des barons réfractaires à l’intérieur du PDG voient ce qu’ils peuvent en faire.

2) Laissez-moi ensuite parler spécifiquement de l’insurrection pour dire, en second lieu, que dès lors que l’on aurait en effet décidé d’engager le pays sur la voie de l’insurrection jusqu’au bout, l’on ne peut plus faire les choses à moitié. Il faut, dans un premier temps, encourager au durcissement et à la permanence des mouvements de rue et des mouvements de grève: par exemple, insister sur le fait que les Gabonais ne doivent pas quitter les rues tant qu’Ali Bongo n’a pas quitté le pouvoir. Ceci suppose qu’il faut dire clairement aux Gabonais ce que l’opposition attend d’eux et cesser avec les stratégies mystères. Comment voulons-nous que le peuple sache quoi faire si nous ne lui disons pas clairement ce que nous attendons de lui tout en assumant directement les conséquences de ces attentes ? Il est essentiel, par exemple, que les discours s’orientent vers la notion de résistance, et donc, de légitime défense : autrement dit, encourager le peuple, non pas à attaquer, mais à résister pacifiquement. Résister pacifiquement veut dire quoi ? Résister pacifiquement veut dire, grosso modo, trois choses :

– Politiser le discours politique : les syndicats ont ici un rôle essentiel à jouer. Le problème au Gabon est que les syndicats qui tiennent le pays, à savoir, l’éducation nationale, la fonction publique et le pétrole, ne politisent jamais assez leur discours. Dans les moments les plus propices, parce que convergents comme en ce moment, la politisation des discours syndicaux a une importance incontournable. Politiser le discours veut dire que les syndicats doivent dire clairement et publiquement qu’ils ne reprendront pas le travail tant qu’Ali Bongo sera encore au pouvoir. La justification à donner, pour cela, est simple : il n’y a pas d’année qui passe sans que les mêmes grèves, sur les mêmes revendications, ne se répètent. Ceci veut dire que les Bongo, depuis Bongo le père jusqu’à Bongo le fils, sont incapables de résoudre les problèmes du pays de manière durable. Or, dès lors que, malgré les changements de gouvernements, et malgré les remaniements ministériels, rien n’a, depuis près de 50 ans, changé, il convient de changer la seule chose qui n’a pas changé pendant cette période : les Bongo. Refuser, dès lors, de retourner travailler prive les Bongo du contrôle qu’ils ont sur l’Etat, menant automatiquement à leur chute. Et si le pays est bien préparé, tout le monde comprendrait, y compris jusqu’au sein de l’administration publique, qu’il est mieux que le Gabon devienne immédiatement « ville morte » si l’on veut qu’Ali Bongo tombe immédiatement. Cela ne devrait même pas prendre un mois dans ce cas et la souffrance serait ainsi moins longue pour tous. Mais pour arriver à cette situation, il faut la préparer et non point l’improviser.

– Imposer le respect de nos droits citoyens, ce qui veut dire braver tous les interdits : quand le régime dit « ne marchez pas », nous on dit, « on marche » car le droit de marcher est un droit inviolable, inaliénable. Quand le régime dit « le meeting est interdit », nous on dit que « le meeting aura lieu », car le droit de s’assembler est un droit inviolable, inaliénable qu’aucun gouvernement ne peut limiter. C’est cela qu’on appelle l’esprit insurrectionnel.

– Résister aux brimades policières en disant clairement le droit à l’autodéfense du Peuple gabonais, son droit à la riposte. Autrement dit, dire aux Gabonais que 50 policiers ne doivent tout de même pas être en mesure de disperser une foule de 200 personnes ! Un policier, après tout, est un homme avec deux mains et deux pieds comme nous tous, avec une matraque. Qu’est-ce qui donnerait le droit à un homme d’en bastonner un autre ? Et depuis quand un homme est-il capable de bastonner un autre, surtout quand vous êtes 4 contre un, c’est-à-dire 200 personnes contre 50 policiers ? Comment quatre personnes ne peuvent-elles pas être capables d’attraper un policier, lui arracher sa matraque, et le bastonner avec sa propre matraque en guise de légitime défense? Il y a aussi la question des gaz lacrymogènes : quand un gouvernement se permet de lancer des gaz lacrymogènes en vue de priver une foule de Gabonais de leur droit à se rassembler, il s’agit bel et bien là d’une agression : une telle agression exige que le Peuple applique son droit à la légitime défense. Dès lors, si vous avez deux pieds et deux mains, vous ramassez un caillou et vous vous défendez sans discontinuer jusqu’à la chute des Bongo/PDG.

– Allumer des foyers de résistance dans tous les quartiers et toutes les villes du Gabon, sur le même modèle, pour écarteler le dispositif militaire du régime dans un contexte d’ingouvernabilité, mais tout en maintenant, en parallèle, la présence massive du Peuple en un lieu stratégique qu’ils ne quitteront qu’avec la chute du dictateur. Ce lieu symbolique, pour le Gabon, c’est l’Assemblée nationale, et j’expliquerai la valeur stratégique de l’Assemblée dans quelques instants.

Mais, voyez-vous, chers compatriotes, ici, je n’ai pas dit d’attaquer qui que ce soit ou quoique ce soit sans que l’on ait été attaqué. Les principes de la résistance pacifique et de la légitime défense dont je parle ici supposent, uniquement, la résistance à l’oppression. Autrement dit, les principes de la résistance contre l’oppression sont des principes inaliénables basés non seulement sur la loi universelle, mais aussi sur la loi gabonaise : ils sont autorisés par notre Constitution. Résister c’est donc assumer une légalité dont l’affirmation absolue de vos droits citoyens est le premier maillon, et l’application du principe de légitime défense le second. C’est comme défendre votre maison de l’agression de quelqu’un qui y rentrerait pour venir violer votre femme. Vous ne vous laisseriez pas faire. Notre maison à tous, c’est le Gabon. Les violeurs, ce sont les Bongo et leurs policiers. Nous ne devons pas nous laisser faire. Nous devons nous dire, plus jamais on ne bastonnera un Gabonais en toute impunité, dans ce pays.

3) En troisième lieu, il faut faire de l’Assemblée nationale le deuxième maillon de la chaîne visant à la destitution immédiate d’Ali Bongo. Autrement dit, dès lors que, au regard de la loi, seule l’Assemblée nationale est habilitée à destituer un Président en exercice, il faut donc exiger des élus du Peuple qu’ils fassent la volonté du Peuple. Je sais, vous me direz, l’Assemblée est composée de bongoïstes qui ne voteront jamais pour destituer Ali Bongo : à cela, je réponds : « on s’en fout ». Ce que j’essaie de dire ici est simple : toute action insurrectionnelle a besoin d’un déclic et d’un symbole. Quand on est en situation insurrectionnelle, on sait très bien que le régime et les acolytes des Bongo n’oseront jamais, sans y être forcés, se lancer dans des actes visant à l’écroulement de leur propre régime, mais ici, ce dont il s’agit, c’est de les acculer à la réalité du Peuple souverain et d’utiliser leurs refus comme déclics insurrectionnels.

En d’autres termes, le déclic insurrectionnel ici consistera à donner un ultimatum de trois jours à l’Assemblée pour qu’elle siège immédiatement pour destituer Ali Bongo et constater la vacance du pouvoir. Pendant ce délai de trois jours, les Gabonais doivent s’assurer que les députés siègeront. Pour cela, une bonne partie des manifestants doit assiéger l’Assemblée et l’occuper en permanence. D’autres doivent aller, s’il le faut, attraper chaque député à son domicile par le cou comme des petits chats pour les forcer à venir siéger à l’Assemblée. Ceux qui vont se cacher, il faut les rechercher et les attraper par le cou, comme des chats, mais sans violence physique contre eux, car il faut les garder en bon état pour les débats à l’Assemblée.

Mais ce que je dis aussi est que il doit être organisée une coordination de la population qui soit faite spécifiquement pour prendre d’assaut l’Assemblée même si elle est occupée par les militaires et même si les députés sont introuvables. C’est ce qu’on appelle le transfert de légitimité, ou si vous voulez, la reconquête directe de la souveraineté par le Peuple. Ceci veut dire que le Peuple doit être préparé à des combats de rue systématiques jusqu’à la prise effective de l’Assemblée du Peuple par le Peuple. Mais cela demande la présence, au moins, de deux milles personnes assemblées en foule compacte pour prendre l’Assemblée. C’est tout de même l’Assemblée du peuple, après tout, et nous avons le droit absolu de nous y assembler, et par tous les moyens s’il le faut. Une lutte ne se gagnant pas forcément en un jour, c’est de manière incessante qu’il faut lancer ces assauts jusqu’à la prise de cet édifice. Si nous voulons réussir, c’est autour de la prise de l’Assemblée par le Peuple qu’il faut cristalliser, dans un premier temps, toutes les énergies insurrectionnelles, c’est-à-dire, le pouvoir de la rue. D’autres étapes suivront, mais dans un premier temps, c’est vers l’Assemblée qu’il faut converger, et concentrer, tout le pouvoir de la rue. C’est une question de ça passe ou ça casse.

4) En quatrième lieu, dans le délai de trois jours fixé, et notamment si l’Assemblée ne s’est pas prononcée ou n’a pas siégé, il s’agira pour l’ensemble du Peuple gabonais réuni autour du palais du Peuple de prendre sa destinée en main en proclamant une nouvelle République qui se doit de disqualifier le pouvoir bongoïste qui devra alors être chassé du pouvoir, immédiatement. Il faudra, donc, très vite, la convocation, à Libreville, au sein même de l’hémicycle du palais de l’Assemblée, d’une Assemblée constituante qui va se charger de redéfinir la nouvelle République ainsi proclamée et de désigner les membres qui vont assurer la transition et les affaires courantes du pays. Les modalités de cette proclamation, qui devra se faire publiquement et solennellement devant l’Assemblée nationale, je les travaillerai en consultation avec nos aînés et frères du Gabon, que je vais consulter dans les heures et les jours qui viennent et si vous m’en donnez les moyens comme je vous l’avais demandé, il n’est pas exclu que je me rendre au Gabon à la tête d’une délégation de 5 à 10 personnes pour aller renforcer ces idéaux de changement immédiats en compagnie de nos aînés et frères se battant courageusement sur le terrain.

Sur le site du BDP-Modwoam, https://www.bdpmodwoam.org, tout le dispositif pour recueillir vos cotisations et vos donations est prêt. Je dis ceci parce que, nous de la diaspora, croyons trop souvent que l’insurrection peut se faire par procuration, qu’elle doit se faire uniquement par le sous-couvert et les sacrifices de ceux qui sont sur le terrain alors que nous, nous restons bien au frais sur Facebook et dans les cafés de Paris ou de New York à noyer nos fantasmes dans l’incantation ou la bière, alors même que l’argent de cette bière peut aider à financer l’insurrection que, pourtant, l’on dit souhaiter de toutes ses forces. Donc, si le budget dont nous avons besoin pour nous rendre au Gabon est réuni d’ici deux semaines, nous irons au Gabon dans deux semaines. S’il est réuni d’ici un mois, nous irons. S’il est réuni d’ici trois mois, nous irons. Autrement dit, n’ayant malheureusement pas mangé l’argent du Gabon avec les Bongo, nous ne pouvons que compter sur nous-mêmes et sur vous, les Gabonais lambda. Mais nous savons aussi que si vous croyez à un Gabon nouveau, vous sacrifierez qui sa bière, qui sa sortie en boîte de nuit, qui ses vacances, pour nous aider à rassembler les fonds qui nous permettront d’aller prêter main forte à nos compatriotes et asséner, avec eux, le message de la délivrance.

Voilà, chers compatriotes, ce que j’avais à vous dire, dans l’urgence. Je m’adresserai de nouveau à vous au moment opportun. J’encourage, pour le moment, nos frères de l’opposition à adopter un langage clair et direct vis-à-vis des populations. Ne mettons pas les populations dans une situation où ils doivent deviner nos pensées : si nous voulons qu’ils jettent des pierres pour résister aux agressions policières disons-le leur directement et clairement et assumons-en les conséquences. Si nous désirons qu’ils restent dans les rues en permanence, disons-leur comment le faire. Si nous voulons qu’ils résistent, disons-leur clairement et publiquement comment résister. Ne soyons plus vagues.

Et ce n’est pas la peine de faire de la stratégie de changement un secret, encore moins un mystère. Sachant qu’Ali Bongo a toujours dans tous les groupes de l’opposition des espions, il n’y a rien que vous puissiez décider en secret qui ne soit su dans l’immédiat par Ali Bongo. Il faut donc, comme je viens de le faire, communiquer aux Gabonais vos attentes et surtout, n’engager que des actes que le dictateur ne saurait empêcher même s’il savait ce que vous préparez. Par exemple, il ne peut pas empêcher les Gabonais d’aller dans les rues, même s’il y a l’armée. Il ne peut pas non plus empêcher les jeunes de se défendre quand ils sont sauvagement agressés comme on a vu récemment. C’est donc le moment de montrer du leadership en assumant directement nos choix d’actions et de langage. Sans cela, ce sera encore un autre feu de paille et les Bongo seront encore là en 2016 pour narguer le Peuple gabonais. S’il faut en finir, finissons-en. Maintenant.

Vive le Gabon.
Vive la nouvelle République.

Dr. Daniel Mengara
Président, Bongo Doit Partir – Modwoam

P.O. Box 3216 TCB
West Orange, New Jersey 07054, USA
Tél. : 973-447-9763

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