Nommé au poste de DGB en octobre 2010, l’ancien chargé d’études du Commissaire général au Plan a été limogé à la veille de Noël et confirmé à la tête du Bureau de Coordination du PSGE. De nombreux membres du gouvernement se sont réjouis en privé de ce départ. Dans l’opinion, cette éviction est également bien reçue !
Après quatre années à la tête de l’un des plus grands services de l’Etat, Yves Fernand Manfoumbi, 43 ans, diplômé d’une école de gestion de Casablanca (Maroc), a été limogé mardi de son poste de directeur général du Budget ! Le président de la République a profité de la transformation de cette direction générale qui devient la Direction générale du Budget et des Finances Publiques (DGBFIP) et qui englobe dorénavant l’ancienne direction générale du Contrôle des Ressources et Charges publiques et l’ancienne direction générale des Marchés publics, si l’on a bien suivi le communiqué final du Conseil des ministres, pour évincer son ancien titulaire.
Une manière aussi, semble-t-il, en pleine fête de la Nativité, de lancer avec toute la spiritualité nécessaire la nouvelle direction générale ! En tout cas, selon des informations recueillies au secrétariat général du Conseil des ministres, cette nouvelle direction générale devrait comporter trois postes de directeur général adjoint. Le premier serait chargé du Budget, le deuxième chargé des marchés publics, et le troisième chargé du contrôle des Ressources et charges publiques. Yves Fernand Manfoumbi est toutefois confirmé à la tête d’une structure basée à la présidence de la République, le Bureau de coordination du Plan stratégique Gabon émergent (BCPSGE). Depuis la nomination de l’ancien responsable de cette structure, Pacôme Moubélet Boubéya, au gouvernement en janvier 2014, c’est lui qui en assurait l’intérim. Il se voit donc confirmé à ce poste essentiellement politique.
Remplacé par un proche de Maixent Accrombessi
Le départ du natif de Ndendé de la DGB est plutôt bien perçu par des membres du gouvernement approchés ce matin par Gabonreview, l’intéressé s’étant trop souvent «comporté comme une espèce de «ministre d’Etat» qui ne prenait que très rarement des ministres au téléphone, et qui intervenait dans les médias pour faire des annonces qu’il aurait du laisser sa hiérarchie faire», laisse entendre un ministre. Ses relations avec la ministre du Budget d’alors, Rose-Christiane Ossouka Raponda, étaient plutôt difficiles. Avec Christian Magnagna, elles étaient courtoises, sans être chaleureuses. Sa nomination comme patron du BCPSGE va lui permettre, en tant que membre du Comité permanent du Bureau politique du PDG et de patron de l’association Renaissance, de mener plus sereinement son action politique et associative à Ndendé et dans toute la Ngounié mais aussi à Port-Gentil où ses sorties étaient remarquables. D’une certaine manière, son limogeage de la DGB ne peut donc que lui faire du bien, puisqu’il a montré, ces dernières années, en désertant assez régulièrement ses bureaux administratifs, plus de dispositions dans le domaine politique.
Yves Fernand Manfoumbi est remplacé par Jean-Fidèle Adjahou dit Otandault, expert comptable formé en France, qui officiait précédemment comme directeur général du Contrôle financier, puis comme directeur général du Contrôle des Ressources et Charges publiques. La cinquantaine triomphante, Jean-Fidèle Adjahou dit Otandault est un proche de Maixent Accrombessi, le directeur de cabinet du président de la République, qui voit ainsi, après Sosthène Ossoungou nommé récemment patron de la nouvelle direction générale du Trésor et de la Comptabilité publique, un autre de ses amis porté à la tête de la toute nouvelle direction générale du Budget et des Finances publiques ! Bien que membre du Bureau politique du Parti démocratique gabonais (PDG) pour l’Ogooué-Maritime, Adjahou Otandault est plus discret que son flamboyant prédécesseur. C’est à lui que va échoir la mise en pratique de la Budgétisation par Objectifs de performance (BOP), le nouveau mode de fonctionnement budgétaire du Gabon qui entre en vigueur dès janvier 2015. La BOP n’est pas encore tout à fait bien assimilée par les administrateurs de crédit et par les élus du Parlement, appelés à en suivre l’exécution. Il y a donc encore du travail à faire à ce niveau pour les R-PROG et les R-BOP !
La nomination d’Otandault obéit-elle à des considérations politiques ?
Pour un sociologue enseignant à l’Université Omar Bongo, cette nomination semble être politique, car «du vivant de Pierre Mamboundou, c’est un originaire de Ndendé qui était le DGB. A présent, c’est un originaire de l’Ogooué-Maritime qui va en conduire les destinées». Pour un ancien député de Port-Gentil, aujourd’hui à la tête d’une formation politique, «tout ça est politique ; à l’exemple de Yves Fernand Manfoumbi qui a fait de l’action humanitaire à but politique à Ndendé, Adjahou Otandault est appelé à faire de même à Port-Gentil pour y annihiler un tant soit peu l’action d’un Jean Ping.»
La direction générale du Budget et des Finances publiques compte trois directions (Solde, Patrimoine administratif et Budget), sans compter les directions issues de l’ex-DGCRCP et de l’ex-DGMP, et une dizaine de cellules de gestion budgétaire. Elle est créée au moment où les agents de l’ex-direction générale du Budget sont en grève. Adjahou Otandault devra entamer donc son magistère par la résolution de ce conflit social qui dure depuis fin-novembre.