Du fait de la circulation de tracs appelant à la désobéissance civile, Jean Bedel Moussodou Moundounga, procureur de la République près le tribunal de première instance de Port-Gentil, a lancé un avertissement, le 26 décembre 2014.
La situation est inédite dans la capitale économique. D’abord le décor : un pupitre placé à côté du drapeau avec une affiche déclinant la qualité de l’intervenant, la présence de toute la hiérarchie de l’armée, de la police et de la gendarmerie nationale. Ensuite la fermeté du ton et la force des mots : «nous avons donné des instructions fermes à toutes les unités de Police judiciaire pour qu’elles quadrillent la ville de Port-Gentil pour vous permettre de vaquer tranquillement à vos occupations». On croirait à un véritable état de siège en écoutant ces mots du procureur de la République près le tribunal de première instance de Port-Gentil qui s’est adressé directement aux habitants de la capitale économique, le 26 décembre dernier.
Jean Bedel Moussodou Moundounga s’est ainsi invité dans le débat politique même si par une habile prétérition, il a voulu faire croire le contraire. «Il circule depuis quelques jours à Port-Gentil des tracts dont l’objet est clairement politique et qui appellent les populations à la désobéissance civile, à l’insurrection. Sans prendre part à quelque niveau que ce soit au débat, je profite pour informer certains et rappeler à d’autres que si les lois de la République permettent à chaque citoyen de faire de la politique ou du syndicalisme, ces mêmes lois disent que l’exercice de ces droits doit s’accomplir sans pour autant porter atteintes aux droits des autres citoyens qui ne partagent pas les mêmes avis», a-t-il déclaré avant de mettre en garde les auteurs de menaces et autres entraves à l’encontre des citoyens qui comptent vaquer librement à leurs occupations.
«Au regard de ce que nous sommes investis par les autorités légales et légitimes de notre pays pour mener à bien les missions de sécurité dans notre province, nous rappelons notre engagement à les assumer pleinement. L’entrave à la liberté de travail est une infraction qui peut conduire ses auteurs devant les tribunaux pour être jugés», a-t-il ajouté non sans lancer un appel aux populations et aux opérateurs économiques pour que soient systématiquement dénoncées toutes les personnes à l’origine de la psychose ou des perturbations sur des sites de travail.
Une déclaration mal perçue par bon nombre de Port-Gentillais confrontés, au quotidien, au problème de l’insécurité grandissante dans la ville. «C’est quand même curieux, on braque et viole tous les jours dans nos quartiers, le procureur n’a jamais demandé à ce que les Force de l’ordre quadrillent la ville pour mettre un terme à cette insécurité grandissante. Mais voilà qu’avec de simples appels de l’opposition on réagi comme si la ville était attaquée», a lancé dépité un citoyen après suivi le représentant du ministère public. D’autres encore pensent qu’il appartenait au gouverneur de prendre la parole en de telles circonstances et non au procureur qui devrait intervenir pour constater les infractions et citer leurs auteurs devant la juridiction compétente. «Ce mélange des genres relève purement et simplement de l’intimidation. Nous ne nous laisserons pas faire. Le Front uni de l’opposition continuera à mobiliser et initier des actions pour libérer notre pays», a confié à Gabonreview un leader local du Front.