RSF exprime sa vive inquiétude face aux menaces de mort répétées à l’encontre du journaliste d’investigation gabonais Jonas Moulenda.
Le journaliste et directeur de rédaction du quotidien Faits Divers, Jonas Moulenda, affirme être victime depuis fin décembre de menaces de mort répétées suite à une série d’articles dénonçant des crimes rituels perpétrés au Gabon. Jonas Moulenda a porté plainte, mis sa famille à l’abri puis a pris la fuite après l’effraction de son domicile. Il a trouvé refuge au Cameroun le 3 janvier dernier, où il aurait à nouveau été menacé. La police camerounaise a ouvert une enquête suite à son dépôt de plainte pour tentative d’assassinat et l’a placé dans un lieu sécurisé.
« Nous sommes aujourd’hui très inquiets pour Jonas Moulenda, journaliste que nous avons déjà défendu dans le passé, déclare Lucie Morillon, directrice des programmes de Reporters sans frontières. Nous demandons aux autorités gabonaises et camerounaises de mener des enquêtes approfondies et impartiales afin que les menaces à l’encontre du journaliste cessent et qu’il puisse regagner son pays en toute sécurité. Il est de la responsabilité des Etats d’assurer la sécurité des journalistes qui exercent dans leurs pays. »
Suite à un article publié le 19 décembre 2014 qui dénonçait des crimes rituels, Jonas Moulenda affirme avoir été séquestré et menacé par Félicien Moudionzo, directeur du cabinet adjoint du président de l’Assemblée nationale à Libreville et sénateur récemment élu, dans son bureau. Le journaliste a porté plainte auprès de la police judiciaire accompagné de Désiré Ename, directeur de publication des journaux Faits Divers et Echos du Nord. Amenés à la direction générale des recherches, ils ont alors été interrogés jusqu’au lendemain au sujet des rubriques “Lettres à” d’Echos du Nord qui portaient de vives critiques envers le président gabonais Ali Bongo mais aussi envers les forces de défense et de sécurité au service du pouvoir. Ces rubriques auraient selon les autorités incité à l’insurrection et au trouble à l’ordre public. Selon M. Ename, les journalistes souhaitaient seulement sensibiliser la population et rappeler les valeurs républicaines chères aux gabonais. Le Conseil National de la Communication a néanmoins suspendu pour une durée d’un mois la rubrique « Lettre à ».
Le Gabon occupe la 98è place dans le Classement 2014 de la liberté de la presse, établi par Reporters sans frontières.