Le Gabon, la RD Congo et la Côte d’Ivoire, mais aussi le Niger, le Bénin et le Burkina diffuseront des exemplaires du nouveau numéro de « Charlie Hebdo », dont la une représentant une caricature du prophète Mahomet a suscité critiques et colère dans le monde musulman.
La RDC, à majorité chrétienne, fait partie de la quarantaine de pays qui ne distribuait pas Charlie Hebdo habituellement mais dont certians diffuseurs ont réclamé le nouveau numéro du journal satirique, paru mercredi en France, une semaine après l’attentat ayant visé les locaux de l’hebdomadaire à Paris.
250 exemplaires commandés en Côte d’Ivoire, contre 10 habituellement
De leur côté, le Gabon et la Côte d’Ivoire ne diffusaient que 5 à 10 exemplaires de Charlie Hebdo. Le premier en a commandé 50 cette semaine, et le second 250.
« Nous avons du répondre aux demandes des lecteurs et des points de vente », explique Télesphore Assomolly, responsable commercial du diffuseur ivoirien de presse, Edipresse, qui voit mal le journal être censuré en Côte d’Ivoire. « Le journal n’a jamais fait l’objet d’interdiction, alors personne ne s’expliquerait l’interdiction de ce numéro spécial », poursuit-il.
« Nous avons de nouveaux lecteurs ! »
Le dernier Charlie Hebdo doit être mis en vente d’ici à ce week-end en Côte d’Ivoire. « Nous ne sommes pas du tout inquiets, à l’heure où je vous parle, nulle part il n’a été constaté de manifestation hostile à l’arrivée des journaux. Au contraire, nous sommes très optimistes, nous avons de nouveaux lecteurs ! »
Les MLP (Messageries lyonnaises de presse) diffuseur du journal en France auraient déjà atteint 300 000 commandes à l’étranger du « Charlie Hedbdo des survivants », en plus des quelque 4,7 millions d’exemplaires distribués en France. Selon nos informations, des diffuseurs du Niger, du Bénin et du Burkina ont également demandé à recevoir le « numéro des survivants ».
Interdit au Sénégal
Comme la Turquie et l’Iran, le Sénégal est l’un des pays ayant officiellement pris position contre Charlie Hebdo. Mercredi, le Sénégal a interdit « par tout moyen » la diffusion de la dernière édition du journal, que par ailleurs, il avait déjà interdit avant.
Le Sénégal est une « république laïque » où la presse est libre et les censures de journaux rares, mais il compte plus de 90% de musulmans. Plusieurs chefs religieux locaux ont dénoncé les caricatures du prophète ces derniers jours.
Idem en Egypte, d’où Al-Azhar, la principale autorité de l’islam sunnite, basée au Caire, a appelé les musulmans à « ignorer » cette « frivolité haineuse ».
Charlie Hebdo n’était pas non plus distribué dans les pays du Maghreb. Une absence qui n’est pas spécifique au 14 janvier. En Tunisie par exemple, le journal satirique n’avait été distribué que pendant quelques semaines après la révolution de 2011, avant d’être à nouveau indisponible.