L’opposant et candidat annoncé à la présidentielle gabonaise de 2016, Jean Ping, a été accusé, le 15 janvier, par le procureur de la République, Sidonie Flore Ouwé, d’avoir torturé des jeunes manifestants qui avaient attaqué quelques jours auparavant son domicile.
Le procureur a accusé l’ancien président de la Commission de l’Union africaine (UA) d’avoir «fait arrêter les jeunes en les conduisant dans sa concession, tout en leur infligeant des traitements dégradants et humiliants», après avoir «refusé de les remettre à la disposition de la police judiciaire». Le ministère public s’est également «saisi des faits de séquestration et de torture physique, qualifiée de coups et blessures volontaires».
Selon le procureur de la République, M. Ping risque jusqu’à dix ans de prison.
Le ministère public va, d’autre part, poursuivre les jeunes pour «dégradations de biens» au domicile de Jean Ping, pour avoir jeté «des bouteilles et des cailloux ainsi que des casiers vides», endommageant l’enceinte et les baies de sa résidence.
Revenant sur les faits, le procureur a affirmé qu’«un groupe de jeunes compatriotes» s’est rendu le 12 janvier au domicile de M. Ping, pour «en savoir plus sur la situation de leurs parents et amis incarcérés» après une manifestation de l’opposition réclamant le départ du président Ali Bongo organisée le 20 décembre, «mais aussi pour réclamer les fonds que l’occupant des lieux leur avait promis en contrepartie de leur participation» à la manifestation.
En réaction à l’attaque du domicile, les jeunes ont été déshabillés, ligotés et auraient reçu des coups. Jean Ping a, quant à lui, fait savoir que «des loubards du régime ont été payés 5000 francs CFA chacun (7,5 euros) pour attaquer sa maison». «Cela en dit long sur le comportement d’un Etat-voyou» a-t-il affirmé.
Ancien collaborateur de feu Omar Bongo Ondimba, Jean Ping avait annoncé en février 2014 qu’il pourrait défier l’actuel président gabonais lors de la présidentielle de 2016.
M. Ping, 71 ans, a notamment servi 9 ans en tant que ministre des Affaires étrangères sous le règne du président Omar Bongo, avant sa nomination en tant que président de la Commission de l’Union africaine en 2008. Il est rentré à son pays d’origine après la fin de son mandat à la tête de l’organisation panafricaine basée à Addis Abeba en juillet 2012.
Ali Bongo a été élu en août 2009 à la tête du pays, en remplacement de son père Omar Bongo décédé en juin de la même année.
Outre le fait d’avoir été directeur de cabinet d’Omar Bongo et ministre dans plusieurs départements, Jean Ping est très proche de la famille présidentielle: il est le père des enfants de Pascaline Bongo Ondimba, fille la plus proche d’Omar Bongo et sœur de l’actuel président.