L’ancien syndicaliste, à qui serait attribué l’échec du Dialogue social d’Agondjé, a profité d’une visite aux côtés d’Eloi Nzondo, conseiller politique d’Ali Bongo, dans certains quartiers de Libreville le week-end dernier pour dresser son bilan des «années Omar».
Recruté par Alain-Claude Billie By Nzé et nommé directeur adjoint 2 du cabinet du président de la République il y a sept mois, Samuel Ngoua Ngou a affirmé qu’en cinq ans, Ali Bongo avait fait mieux qu’Omar Bongo en 42 ans. «Ali Bongo aime le Gabon et il a des projets pour ce pays. Je peux en parler parce qu’il me les a expliqués. Je sais de quoi je parle parce que je travaille avec lui», a souligné d’entrée de jeu l’ancien syndicaliste qui a visiblement des domaines de compétences divers et variés à la présidence de la République. Pour lui, que ce soit dans le domaine des routes, des hôpitaux ou des logements sociaux (?), l’actuel chef de l’Etat a un bilan positif.
Pour Ngoua Ngou, sous Ali Bongo, ce n’est pas Ngambia ou les ministres qui se sont succédés aux Travaux publics depuis 2009 qui construisent les routes, ce ne sont pas les ministres successifs de la Santé qui construisent les hôpitaux, et ce ne sont pas les différents ministres de l’Habitat depuis cinq ans qui ont construit les six cent logements disponibles actuellement, c’est Ali Bongo lui-même qui le fait.
Myboto n’a pas fait les routes, Missambo n’a pas fait les hôpitaux, Adiahenot n’a pas fait les logements
En revanche, pour ce qui concerne les «années Omar», le prédécesseur d’Ali Bongo est peut-être responsable des échecs dans ces domaines, mais ce sont surtout Zacharie Myboto (ancien ministre d’Etat en charge des travaux publics), Paulette Missambo (ancien ministre d’Etat en charge de la Santé) et Jacques Adiahenot (ancien ministre d’Etat chargé de l’Habitat), qui n’avaient pas été à la hauteur. Et un sociologue enseignant à l’Université Omar Bongo d’estimer que «pour Ngoua Ngou, quand ça va, c’est le chef de l’Etat ; quand ça ne va pas, ce sont les ministres. Il parle maintenant comme les Emergents. En fait, il est comme doivent l’être ceux qui changent de camp : plus émergent que les émergents». «C’est la première fois, ajoute l’universitaire, qu’un directeur du cabinet présidentiel descend dans l’arène. Est-ce que tout va vraiment bien là haut ? Pourquoi, tout d’un coup, même les dircab se sentent obligés de venir dresser le bilan de l’action du chef de l’Etat dans les quartiers», s’interroge-t-il. «Je voudrais rappeler à Ngoua Ngou, souligne un membre du Front uni de l’Opposition, que, puisqu’il faut faire des bilans sectoriels et individuels, que Jacques Adiahenot est à l’origine de la construction des cités d’Agondjé et Bikélé dans lesquelles résident aujourd’hui un grand nombre de nos compatriotes, et que sous Zacharie Myboto, plus de 500 kilomètres de route ont été bitumées à travers le pays. Quant à Paulette Missambo, elle a, avec le soutien financier de la BAD, fait construire de nombreux établissements scolaires ; et ça Ngoua Ngou le sait».
L’ancien syndicaliste s’était déjà signalé lors des négociations Gouvernement-Centrales syndicales-Patronat d’Agondjé en décembre dernier, «se rendant coupable, selon un journaliste qui y a pris part, de tentative de corruption morale lorsqu’il voulut amener certains responsables de syndicats de l’administration publique à mettre de l’eau dans leur vin ; il n’a servi qu’à jeter de la suspicion envers les Fridolin Mvé Messa et Emmanuel Mvé Mba». D’autres syndicalistes adoptèrent alors une attitude frondeuse vis-à-vis de ces «Ngoua Ngou boys». Résultat des courses : les négociations d’Agondjé se sont achevées, en ce qui concerne la Sous-Commission Secteur Public, sur un échec.
Discours sincère ou de circonstance ?
Visiblement, l’ancien secrétaire général du SEENA que l’on croyait chargé des relations avec le monde syndical au cabinet présidentiel, veut se mêler d’autres sujets tels que les routes, les hôpitaux et les logements sociaux. Certains, à la présidence de la République, se disent convaincus qu’il se cherche encore un «créneau» pour exister dans ce «palais aux mille dossiers».
Avant son entrée au Cabinet présidentiel, «Samuel Ngoua Ngou faisait partie, selon un ancien journaliste du Bûcheron, des éléments les plus radicaux de la société civile, et il tenait des propos très virulents sur le régime actuel et sur les origines du chef de l’Etat». Il est de ceux qui prenaient part, en mai et juin derniers, aux réunions préparatoires à la mise en place du Front de l’opposition pour l’Alternance au quartier Charbonnages. Bref, tout cela fait désormais partie du passé, mais une question tout de même : son discours et sa démarche actuels sont-ils sincères ou de circonstance ?