A l’instar des autres pays membres de l’Opep, le Gabon subit les effets de la chute des cours du pétrole. Pour parer aux conséquences de cette crise et entamer la diversification de son économie, le pays vient d’amorcer à travers le programme GRAINE récemment lancé, sa mutation vers la terre. Ce choix peut-il permettre de minimiser les effets de la chute des cours du pétrole sur le PIB national? Quels défis le Gabon devra t-il braver pour atteindre l’autosuffisance alimentaire et profiter financièrement de la vente au niveau international des produits issus de l’agriculture?
Le lancement du programme GRAINE qui répond à des enjeux socio-économiques clairement définis à savoir, la réduction du volume et des coûts imputés aux importations des denrées alimentaires, l’amélioration de la sécurité alimentaire par le développement local d’une industrie agricole, la diversification et l’enrichissement de la base agricole nationale, la création d’emplois, la réduction de la pauvreté, compte doter le pays d’une agriculture d’envergure internationale. Celle-ci aura donc pour ambition de favoriser le développement socio-économique et réduire l’exode rural tout en constituant un facteur important pour prévenir les effets programmés de la chute actuelle des cours du pétrole à l’international.
Le secteur agricole gabonais est actuellement sous-développé parce que caractérisé par des cultures vivrières destinées à l’autoconsommation. Selon les estimations de la FAO, le Gabon a importé en 2005 près de 60% de vivres et dépense actuellement entre 250 et 300 milliards de francs CFA pour l’importation de ces denrées alimentaires.
En dépit de cette dépendance aux produits alimentaires étrangers, le Gabon avec l’aide des organismes internationaux experts du domaine agricole, fait des efforts pour développer son agriculture. Des programmes tels que la Nouvelle Politique Agricole du Gabon (NPAG), la Politique Agricole de Sécurité Alimentaire et de Croissance (PASAC), le Programme National de Sécurité Alimentaire (PNSA), le Plan Directeur de Développement Intégré de la Pêche Artisanale (PDDIPA) et bien d’autres organismes soutiennent le développement du secteur agricole avec la présence des entreprises telles que SIAT Gabon et Olam.
Le projet GRAINE : peut-être la solution?
Dès l’annonce en décembre dernier du lancement du projet GRAINE (« Gabonaise des Réalisations Agricoles et des Initiatives des Nationaux Engagés ») par le président de la République, Ali Bongo Ondimba, ce programme s’est présenté comme un accélérateur du développement du secteur agricole.
GRAINE se caractérise par une assistance dans les démarches administratives, la création de nouvelles coopératives et plantations agro-industrielles, la délivrance d’un titre foncier au nom de la coopérative, la mise à disposition de parcelles et l’encadrement de la gestion de l’activité, l’augmentation de la surface cultivable, l’amélioration de l’accès au marché et le transfert des compétences.
Ce programme pourrait séduire de nombreux gabonais et être un facteur d’expansion et d’évolution de l’agriculture à condition de jeter les bases de son développement et du dynamisme souhaité.
Les défis du programme et du développement du secteur agricole au Gabon
GRAINE a été annoncé en pleine conjoncture internationale défavorable due à la chute du prix du baril de pétrole. Outre l’urgence de répondre aux enjeux socio-économiques définis plus haut, le programme devrait également jouer le rôle de transition et équilibrer la représentation des secteurs pétrolier et agricole dans la consolidation du PIB national tel que l’ont recommandé les grands organismes internationaux (Fonds Monétaire International et la Banque mondiale). La grande question est donc de savoir quels défis le Gabon devra- t-il surpasser pour atteindre l’autosuffisance alimentaire et profiter financièrement du développement du secteur agricole?
Le secteur agricole gabonais en est à un stade embryonnaire. Selon les statistiques de la Banque mondiale, il représente 4% du PIB national (chiffre de 2012). De plus, la population gabonaise notamment les jeunes manquent d’une véritable culture agricole. Les centres de formations destinés aux métiers de l’agriculture sont insuffisants. En 52 ans, le Gabon a accru sa dépendance aux produits agricoles issus de l’extérieur.
Afin d’inverser cette tendance, les autorités gabonaises devront consentir de nombreux investissements et rendre optimale, la communication faite autour du programme GRAINE afin d’inciter la population gabonaise à se tourner vers ce secteur. Les autorités devraient également accentuer leur cadre de réflexion en ce qui concerne les centres de formation car, vouloir impulser le développement du secteur agricole est une chose, mais cela ne peut se faire sans apprentissage préalable, un facteur qui constitue un élément important pour la pérennité de ce projet.
S’agissant spécifiquement de la dépendance du Gabon vis à vis des denrées alimentaires venant de l’étranger, l’attrait des populations vers le secteur agricole et le développement d’une véritable industrie agricole permettrait de minimiser cet assujettissement donc, de réduire les coûts liés à l’importation de ces denrées qui et permettront à l’Etat de faire des économies. Cela dépendra toutefois de la communication faite autour du programme, de la disponibilité de la population et des moyens mis en place par les autorités.
Le Gabon pourrait tirer les fruits de la matérialisation du programme GRAINE au niveau international sur le moyen et long terme mais cela dépendra là également de la qualité de ces produits et du dynamisme du développement du secteur au niveau national.
Le Gabon fait partie des pays de la sous-région dont le secteur agricole est en quête d’une dynamique. Le programme GRAINE pourrait donc représenter une formidable opportunité afin d’inverser la tendance du sous-développement de ce domaine d’activités et de faire largement profiter à l’économie nationale, les produits issus de l’agriculture .