L’ancien président de la commission de l’Union africaine, Jean Ping a été entendu lundi par la police judiciaire gabonaise au sujet de l’attaque dont son domicile a fait l’objet il y a une semaine.
Les policiers « m’ont entendu suite à la plainte que j’ai déposée après l’attaque de mon domicile », a déclaré à AFP M. Ping en sortant des locaux de la PJ, où il a été interrogé pendant plusieurs heures lundi après-midi.
Devenu un des principaux opposants gabonais, M. Ping s’est fait accompagner de plusieurs centaines de partisans.
La semaine dernière, le domicile de l’opposant avait été attaqué par « plusieurs centaines de jeunes, environ trois à quatre cents, (…) complètement déchaînés comme une horde de bêtes féroces », selon ses dires.
Le parquet de Libreville a annoncé jeudi l’ouverture d’une enquête judiciaire visant à la fois les jeunes pour « dégradations de biens », mais aussi Jean Ping, qu’il a accusé d’avoir « voulu se faire justice lui-même ».
Il pourrait être poursuivi pour avoir « fait arrêter les jeunes en les conduisant dans sa concession, tout en leur infligeant des traitements dégradants et humiliants », après avoir « refusé de les remettre à la disposition de la police judiciaire », selon le procureur de la République, Sidonie Flore Ouwé.
Lors d’une conférence de presse précédant son audition, Jean Ping a réagi en accusant « le pouvoir d’instrumentaliser la police et la justice pour intimider » l’opposition.
« Au lieu d’inquiéter les hors-la-loi qui courent toujours en toute impunité (…), le procureur de la République ne trouve rien d’autre à faire que de s’en prendre à la victime que je suis, j’ai subi un grave préjudice » s’est-il insurgé.
La situation politique est tendue au Gabon depuis plusieurs mois. Le 20 décembre, une manifestation interdite de l’opposition, qui réclame le départ du président Ali Bongo, avait donné lieu à de violents heurts entre opposants et forces de l’ordre.
Le bilan officiel de la manifestation fait état d’un mort, alors que l’opposition en compte six. Ces chiffres restent impossibles à vérifier de source indépendante.
Une centaine de personnes avaient été arrêtées ce jour-là pour « troubles à l’ordre public » et ont quasiment toutes été relaxées depuis, faute de preuves.