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La justice gabonaise 1 mois après la reconnaissance d’usage de faux par Ali Bongo

Cahier aux pages jaunies - un des faux actes de naissance d'Ali Bongo
Cahier aux pages jaunies – un des faux actes de naissance d’Ali Bongo
Cinq semaines déjà que l’ancien ministre de la Défense a commis une monstrueuse bourde en déclarant publiquement avoir utilisé de faux documents pour se présenter à la dernière élection présidentielle. Placé face à ses responsabilités, le procureur de la République n’a toujours pas bronché. Etat de droit, vous avez dit Etat de droit ?

Répondant à une question sur l’acte de naissance qu’il a présenté dans son dossier de candidature en 2009, Ali Bongo a affirmé : «Ce sont de faux documents, on ne va pas revenir dessus». Le 11 janvier dernier sur RFI, face à Alain Foka, il a ainsi reconnu avoir fait usage de faux documents. La question qui aurait pu suivre était la suivante : «Monsieur le Président, pourquoi présenter de faux documents quand on dispose de vrais ?» Mais Alain Foka qui est devenu, comme Louis Keumayou de la chaîne de télévision panafricaine Télésud basée à Paris, et Francis Laloupo, journaliste à Africa n°1-Paris, un des communicants d’Ali Bongo, n’a pas voulu rebondir sur une révélation aussi grave, aussi troublante, aussi désarmante. La retenue d’Alain Foka n’avait donc rien d’étonnant. «Son rôle était de servir d’agent de propagande, et nul ne saurait le lui reprocher, même s’il peut paraître surprenant que RFI et France24 en utilisent au détriment de leur réputation de rigueur et de professionnalisme», estime un confrère africaniste de l’hebdomadaire français L’Express.

Président de la République : «une fonction d’exemplarité et d’honneur»

Peut-être Ali Bongo avait-il voulu banaliser son affaire de faux papiers, mais il a, au contraire, commis une erreur monumentale, une grosse bévue, une faute grave. «Il n’est pas bon d’avoir triché pour devenir chef d’Etat», souligne un sociologue enseignant à l’Université Omar-Bongo de Libreville. Pour sa part, rencontré dans la même université, un professeur de droit a préféré pousser un ouf de soulagement : «poussé dans ses derniers retranchements, Ali Bongo a fini par faire une couille ; à la justice de réagir et au tribunal de se dire compétent maintenant !».

Le dossier de tout candidat à la fonction suprême dans un pays doit être marqué du sceau de l’intégrité et de la respectabilité. Le dossier d’Ali Bongo ne l’a pas été. Il l’a en quelque sorte reconnu lui-même sur les ondes d’une radio internationale. Son «on ne va pas revenir dessus» sonne faux et ne saurait être digne de quelqu’un qui occupe la fonction qui est la sienne aujourd’hui. Une fonction qui se doit d’être basée sur l’exemplarité, l’honneur, la moralité et la dignité. Avec sa pirouette «les Gabonais attendent un autre débat que celui des origines du président», Ali Bongo semblait ne pas réaliser que le débat sur ses origines est, pour plusieurs éditorialistes, observateurs, analyses et bloggeurs – donc des Gabonais, «le sujet de l’année 2014» et qu’il le sera encore sans doute en cette année 2015, puisque, au fond d’elle-même, une grande partie de l’opinion s’est faite à l’idée que «si Ali refuse de présenter de vrais papiers ou de faire le test ADN, c’est parce que, aussi vrai que Noël est en décembre, il est d’origine étrangère», comme l’a dit un internaute.

«Avoir fait usage de faux pour se présenter à l’élection présidentielle est gravissime, et dans un Etat de droit, des démocrates devraient se lever pour condamner l’homme qui en fait usage, des républicains devraient faire entendre leur voix et marquer leur désapprobation, des hommes de droit devraient réagir face à ce déni de droit», conclut le sociologue cité plus haut.

La justice a-t-elle choisi de rester aux ordres ?

Depuis cette déclaration devant Alain Foka sur RFI et France 24, rien n’a été entendu du côté de la justice gabonaise. Pourtant, tous les magistrats ne sont pas des «ripoux». Aussi pensait-on qu’entendre un tel aveu de la part d’Ali Bongo lui-même devait susciter une levée de boucliers de certains d’entre eux. Comme dirait un comique français, «maintenant que le Roi est nu, il faudrait le juger !». Le «Roi» s’étant dénudé tout seul, par cette erreur monumentale, il ne restait plus à la justice qu’à lui demander des comptes. Du fait de son inaction et de son mutisme, l’opinion continuera de considérer que la justice gabonaise est aux ordres, et que, donc, le Gabon n’est absolument pas un Etat de droit.

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