Fondé en 1968 par feu Omar Bongo Ondimba, le Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir), célèbre ce 12 mars 2015, ses 47 ans d’existence. Mais face à la crise sociale, économique et politique qui subsiste depuis des mois dans le pays, sous quels auspices se fête cet anniversaire ? Petit tour d’horizon de ce qui se dit çà et là.
La PDG, ancien parti unique, fondé le 12 mars 1968 à Koulamoutou, a dirigé le Gabon sans discontinuer jusqu’ici. Ce qui lui confère la responsabilité de toutes les évolutions, tous les succès et autres échecs qu’a enregistré le pays durant cette période. Pour cette année 2015 particulièrement, même si la hiérarchie de cette formation politique affiche une certaine sérénité, il n’en demeure pas moins qu’il plane sur ce groupe qui truste la direction de toutes les grandes institutions du pays, une épée de Damoclès.
Si l’on ne parle que des hiérarques qui ont claqué la porte du PDG, de manière fracassante et publiquement, l’on croit savoir que des vagues indescriptibles de militants sont désormais mécontents de la façon avec laquelle le parti est dirigé. Pis, la récente démission de René Ndémezo’Obiang, adjointe à celles déjà enregistrés, notamment de Jean Ping et Jacques Adiahénot, ne se sont pour encourager la dynamique unitaire que réclame la hiérarchie du parti. La semaine écoulée, le cas du général Flavien Nzengue Nzoundou a été évoqué. Homme réputé calme, cet ancien aide de camp de feu le président Omar Bongo Ondimba, aurait failli faire une déclaration pour annoncer sa sortie du PDG. Une affaire née de son échec aux sénatoriales de décembre 2014. Or, avec le nombre important de conseillers que compte le PDG dans sa circonscription électorale, son échec était peu envisageable et pourtant c’est ce qui s’est produit. Et le mot trahison a, immanquablement, été sorti. L’ancien ministre des Travaux public se serait senti trahi par son propre camp et aurait ainsi envisagé, selon des sources concordantes, de rompre avec sa formation politique.
L’on n’oubliera pas que des caciques tels que Paul Toungui, Marcel Eloi Rahandi Chambrier, Pascaline Mferri Bongo et quelques autres têtes couronnées du PDG n’avaient pas pris part aux festivités des 46 ans de leur parti. Du coup, l’attention sera également portée sur les absences de cette année. Ce d’autant plus qu’il y a davantage de grincements de dents dans les rangs et que de nombreuses autres fortes têtes seraient de plus en plus mises au ban.
Au demeurant, même si la question de nationalité du chef de l’Etat semble avoir été atténuée, il n’en reste pas moins que même dans les rangs du PDG, la grande majorité, silencieuse, aimerait voir le président de la République brandir son acte de naissance. «Ça aurait été tellement facile de tuer ce débat s’il avait montré, comme Obama, son acte de naissance», susurrait un agent des forces de sécurité, à bord d’un taxi.
Les problèmes relatifs aux revendications sociales soulevées par les différents syndicats des administrations publiques, coalisés au sein de la Dynamique unitaire, ne sont pas non plus pour éclaircir le ciel. Aujourd’hui, le militant de base du PDG, petit fonctionnaire de son état, se demande ce que le gouvernement fait pour ne pas «arriver à apporter des solutions concrètes aux problèmes posés». «C’est bien beau, on va célébrer 47 ans du PDG de notre parti. Mon grand-père et mon père y ont été des militants. Moi aussi, je le suis aujourd’hui. Mais, je me demande ce que devient le parti. On a l’impression que ça va dans tous les sens. Pour de petits problèmes posés, on a du mal à trouver des solutions», a lancé un enseignant, en poste à Moanda, mais se trouvant à Libreville à cause de la grève dans le secteur de l’éducation. Il s’indigne, requérant l’anonymat, sur le fait que l’actuel chef de file du PDG, Ali Bongo Ondimba, président de la République, ne puisse emprunter quelques recettes qui ont assuré la longévité de son père au pouvoir et qui ont été éprouvées quant au règlement des problèmes dans le contexte gabonais.
Les grèves paralysant le pays remontent à des semestres, sinon à des années pour certains secteurs. A chaque fois, des promesses ont été faites et les mouvements d’humeur suspendus. Mais rien, au final ne se matérialise côté engagements. A ce jour évidemment, les nouvelles promesses n’ont pas permis de calmer les syndicalistes qui ont fini par durcir le ton. Résultats : plus d’école pour la jeunesse, de nombreuses administrations fonctionnant au ralenti et des solutions tardant à arriver. «A ce niveau, le chef de l’Etat a trop attendu pour prendre les dossiers en main. Il aurait du faire cette rencontre avec les syndicalistes (Le Président de la République a rencontré les syndicalistes le vendredi 6 mars 2015 – ndlr) dans les débuts de ces grèves», a regretté un agent en service au Centre hospitalier universitaire de Libreville (Chul).
Les PDGistes qui ne participent à la décision s’inquiètent de plus en plus de l’attitude de ceux qui forment l’entourage du chef de l’Etat. Pour eux, «ces derniers se comportent comme s’ils n’ont de comptes à rendre à personne». Une attitude décriée par la population qui trouve que «le pays a plutôt stagné au lieu de véritablement voguer vers l’émergence». «C’est vrai que des routes ont été faites, des hôpitaux ont été construits etc. Mais lorsqu’on regarde, il y a bien plus d’argent qui a été sorti par rapport à ce qui a été réalisé. C’est ce qui fâche», a lancé un journaliste qui relève que la mercuriale est de plus en plus élevé alors que les salaires sont restés les mêmes depuis des années, malgré l’heureux cours international du baril de pétrole ces quatre dernières années.
«Le 12 mars prochain, que va donc présenter la hiérarchie du PDG au peuple pour le convaincre de lui confier un nouveau mandat ?», s’est interrogé un agent du ministère du Budget qui ajoute que «2016 sera véritablement une année plus que difficile». Au regard de ce tableau, les 47 ans du PDG, devront également être l’année-bilan des 6 ans d’Ali Bongo Ondimba à la présidence de la République.