Suite à la parution de son livre peu élogieux vis-à-vis du pouvoir en place, le Gabon avait décidé d’ester l’auteur, Pierre Péan, en justice. Depuis, plus rien ou presque… sinon que Me Delphine Meillet va défendre prochainement le président de la République.
A la suite de la publication du livre de Pierre Péan, «Nouvelles affaires africaines – Mensonges et pillage au Gabon», les pouvoirs publics avaient décidé de traduire le journaliste-écrivain français en justice. L’affaire, dans un premier temps, semblait peu importante avant de déchaîner la colère des proches d’Ali Bongo dont certains s’étaient montrés menaçants à l’endroit de l’auteur, estimant qu’il s’agissait du «dernier ouvrage de sa vie». Poursuivre en justice l’auteur du brûlot dont les effets sont ressentis jusqu’à ce jour ? L’initiative était courageuse. D’autant que, dans cette affaire, le pouvoir avait plus à perdre qu’à gagner. Pourtant, quatre mois plus tard, aucune suite n’est connue et la température des plaignants semble être considérablement tombée, sans nul doute trop occupés à tenter de sortir des affaires dans lesquelles ils sont empêtrés.
Pour rappel, en novembre 2014, un communiqué de la représentation diplomatique du Gabon en France indiquait que les pouvoirs publics avaient décidé de porter plainte contre Pierre Péan et son éditeur, au motif que «la République gabonaise ne (pouvait) accepter les propos gravement diffamatoires et totalement faux». Si «l’intention de l’auteur de se situer, de son propre aveu, dans le cadre de la future campagne présidentielle au Gabon», avait été évoquée parmi les principales raisons de la procédure judiciaire, l’on a récemment appris que les pouvoirs publics sont désormais entrés dans la phase préparatoire. Un conseiller, fin connaisseur du domaine, aurait été approché pour permettre aux plaignants de faire bonne figure devant les tribunaux.
En effet, le confidentiel La lettre du continent (n°701) rapporte que Delphine Meillet conseille désormais Ali Bongo, alors que la juge d’instruction au tribunal de grande instance de Paris (France), Nathalie Turquey, vient d’être nommée dans le cadre de la plainte déposée en octobre par l’Etat gabonais contre Pierre Péan. La lourde charge revient donc à Me Delphine Meillet, une pénaliste spécialiste du droit de la presse, de défendre le président de la République que d’aucuns disent déjà perdant avant le début des audiences pour lesquelles aucune date n’a été fixée jusque-là. «Initiée à l’Afrique» par son confrère Patrick Maisonneuve, Delphine Meillet aurait, par le passé, apporté son expertise technique dans le dossier dit des Biens mal acquis (BMA). Une valeur sûre pour Ali Bongo, en somme.