Suite à l’interpellation de plusieurs de ses responsables, le ministère de l’Agriculture, de l’Elevage, de la Pêche et de la Sécurité alimentaire a récemment déposé une demande de retrait de plainte et de mise en liberté provisoire au bénéfice de Sylvestre Makanga.
Alors que des soupçons de malversations concernant la Prime d’incitation à la performance (PIP) ont récemment défrayé la chronique avec l’interpellation du secrétaire général du ministère de l’Agriculture, de l’Elevage, de la Pêche et de la Sécurité alimentaire, la publication par l’hebdomadaire «La Doc’» (n°9) de deux courriers datés du 2 avril 2015, adressés au doyen des juges d’instruction du tribunal de première instance de Libreville, suscite des interrogations quant à la détermination de ce ministère à faire toute la lumière sur la question.
Si le quotidien L’Union du 20 mars 2015, révèle que les montants détournés s’élèvent à un peu plus de 50 millions de francs, la première correspondance du service central des affaires juridiques s’avère être une demande de retrait de la plainte formulée par le ministère de l’Agriculture au sujet de la gestion de la PIP des 1er et 2e trimestres 2014. Une sollicitation qui invoque «des raisons de convenances administratives et professionnelles». S’appuyant sur «le climat délétère et de méfiance qui règne en ce moment dans tous (les) services», les services juridiques estiment que le retrait de la plainte permettra de «ramener la sérénité», et de ne plus se constituer partie civile. D’autant que, justifie-t-on, «la tournure prise dans le cadre de ce dossier est au-delà de l’esprit dans lequel l’audit avait été commandité».
Tout en laissant l’action publique suivre son cours, les autorités du ministère n’en ont pas moins sollicité de la justice la liberté provisoire pour Sylvestre Makanga, le secrétaire général mis en cause dans cette affaire. «Nous souhaitons que le mis en cause puisse bénéficier d’une liberté pour préparer dans les meilleures conditions ses moyens de défense», a écrit le mandataire de l’administration, toujours «sur les hautes instructions» du ministre de l’Agriculture, avant de s’inquiéter des conditions de santé du prévenu, dont une décharge signée et datée du 10 juillet 2014 atteste qu’il a bel et bien remis à Aurélie Blanche Louma, chef de cabinet du ministre de l’Agriculture, les bons de caisse d’un montant de 58 315 266 francs. Une somme qui compterait pour la PIP du 2e trimestre 2014. Le secrétaire général est-il le parfait bouc-émissaire dans cette histoire de malversation ? Luc Oyoubi, lui-même, aurait-il une responsabilité ? Autant d’interrogations qui devraient trouver leurs réponses devant le tribunal. Du moins, on l’espère !