Au troisième jour des manifestations anti-3e mandat de Nkurunziza à Bujumbura, la situation demeure tendue ce mercredi dans la capitale burundaise où des heurts ont été signalés entre des jeunes et des policiers dans plusieurs quartiers de la ville. Une « insurrection », selon les autorités.
« Quand les manifestants brûlent des pneus, des kiosques, des véhicules et jettent des pierres sur des policiers, il ne s’agit plus d’une manifestation pacifique mais d’une insurrection. » Joint au téléphone ce mardi 28 avril par Jeune Afrique à la sortie d’une réunion, Willy Nyamitwe, conseiller principal chargé de la communication à la présidence burundaise, monte au créneau pour dénoncer les « violences » commises, selon lui, par ceux qui s’opposent au troisième mandat du président sortant Pierre Nkurunziza.
Au troisième jour de heurts à Bujumbura, Willy Nyamitwe indique également qu' »aucun dialogue n’est envisageable avec les manifestants », soulignant que « la situation demeure calme dans le centre-ville » de la capitale burundaise.
« C’est dans les quartiers périphériques de Bujumbura, fiefs du Mouvement pour la solidarité et le développement [MSD, parti de l’opposant en exil Alexis Sinduhije], que les troubles sont signalés : la police n’est pas encore parvenue à rétablir de l’ordre », ajoute-t-il.
À en croire des sources concordantes locales, si le centre-ville de Bujumbura n’est pas encore atteint par les manifestations, il ressemble à une ville morte. « Des magasins, des écoles sont fermés. Il n’y a aucune activité », raconte un journaliste burundais sur place.
Manifestants et miliciens, tous armés ?
Dans la partie sud de la capitale, des imbonerakure, entendez les jeunes du Congrès national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD, parti au pouvoir), auraient été armés par le pouvoir pour contenir les manifestants, selon des témoins. « Certains porteraient même aujourd’hui des uniformes de la police », soupçonne le journaliste contacté qui a requis l’anonymat pour « des raisons de sécurité ».
« Faux », rétorque Willy Nyamitwe. « Dès dimanche [26 avril], au premier jour de l’insurrection, des manifestants ont tué un policier et emporté son arme », accuse-t-il, soulignant que « 38 [autres] policiers ont été blessés, dont 8 se trouvent dans un état grave ».
Le conseiller du président reconnaît toutefois que « trois civils ont été tués par des balles ». Mais « des investigations restent à faire pour déterminer le groupe qui a tiré. D’autant que les manifestants portent également des armes », martèle-t-il.
Troisième mandat de Nkurunziza, « un faux prétexte » ?
Pour Willy Nyamitwe, ces manifestations à Bujumbura étaient « prévisibles » : « Les opposants ne sont pas préparés pour aller aux élections. C’est pourquoi ils essayent d’utiliser ce faux-prétexte pour échapper au verdict au peuple. »
Prenant la défense de son chef, le conseiller affirme que le président sortant n’a été pour l’instant que désigné par son parti. « [Pierre Nkurunziza] n’a pas encore déposé officiellement sa candidature à la commission électorale », rappelle-t-il. Et d’ajouter : « Si certains estiment qu’il ne peut pas briguer un nouveau mandat, le pays dispose d’instances habilitées pour interpréter la Constitution. »
Une allusion à la Cour constitutionnelle qui peut être saisie notamment par le président de la République. « Il ne l’a pas fait lui-même parce qu’il est persuadé que sa candidature ne pose pas des problèmes », confie Willy Nyamitwe.