Dans le cadre de l’interpellation du Gouvernement par les députés réunis en séance plénière le 5 mai dernier, le député Idriss Ngari surnommé « le Général tonnerre » tel un opposant, n’est pas passé par le dos de la cuillère pour faire savoir au Premier ministre Daniel Ona Ondo que son administration faisait plus dans les discours que la pratique. Une réaction qui risque fort bien de susciter la controverse au sein du Parti Démocratie Gabonais (PDG) qui semble se plaire dans la complaisance.
L’intervention de l’honorable Idriss Ngari, deuxième vice-président de l’Assemblée nationale, et ancien ministre d’Omar Bongo Ondimba lors de l’interpellation du Gouvernement est un fait rare au Palais Léon Mba. Lui même l’a dit : » dans les commissions je prends souvent la parole. Ici, à cet endroit là, je n’avais jamais pris ». Une initiative déjà qu’on pourrait qualifier d’historique pour ce député du parti au pouvoir. Idriss Ngari au début de son propos a fait remarquer à l’assemblée que depuis que » les intellectuels gabonais prennent la parole, ils passent le temps à nous verser, les réflexions, et les constructions intellectuelles. Est-ce que les Gabonais ont besoins de ça ? Je ne crois pas ». Pour ce député PDG de Ngouoni (Haut Ogooué), les Gabonais ont besoins « des choses que nous connaissons tous. Ils ont besoin d’avoir des écoles, des hôpitaux, des dispensaires pour se soigner. Et ils ont besoin de l’habitat, pour se loger et loger leurs enfants ».
S’intéressant au projet de société du président de la République « L’avenir en confiance », l’honorable, après avoir énuméré les trois piliers (Gabon industriel, Gabon des services et le Gabon vert) a fait constater que rien ne bougeait dans ces trois secteurs, si ce n’est le programme GRAINE qu’il a situé dans le Gabon vert. Selon lui, le Gouvernement ne met pas les moyens pour rendre les fonctionnaires plus efficaces. Il a d’ailleurs posé une question forte de sens au Premier ministre : « toute l’année 2014, où est passé le budget de fonctionnement ? Vu que les fonctionnaires achètent les crayons avec leurs propres salaires. Voilà ce qu’il faut expliquer pour que vos collaborateurs comprennent ». Par ailleurs, Idriss Ngari, a martelé au cours de son intervention que « le tout n’est pas de faire des discours. On parle trop politique dans ce pays. Mais on ne réalise pas ce que la politique veut. A partir de là, ce n’est pas normal. Il faut faire les choses de manière pragmatique ».
Il a saisi cette occasion pour demander au Gouvernement de toujours justifier les dépenses budgétaires. En effet, pour l’honorable, il n’est plus question qu’en début d’année on annonce par exemple un budget de 3.000 milliards de franc CFA, et qu’en fin d’année on ne fasse pas le point de ce qui a été dépensé, et ce qui reste. Il a souhaité que les membres du Gouvernement soient pragmatiques, et que leurs discours soient compris par tous. Il serait peu de dire qu’Idriss Ngari était sur la même longue d’onde qu’Albertine Maganga Moussavou député de l’opposition qui a tout simplement parlé « d’échec du Gouvernement Ona Ondo ». C’est donc un signal que ce député du parti au pouvoir envoie au président du parti, par ailleurs président de la République Ali Bongo Ondimba. Reste maintenant à savoir ce que Daniel Ona Ondo en fera au delà des « bonnes notes » prises.
Dorian Ondo