Il y a 25 ans presque jour pour jour, la Côte d’Ivoire entrait dans l’ère du multipartisme. Comme elle, la plupart des pays d’Afrique subsaharienne francophone ont franchi le pas à l’orée de la décennie 1990. Où en sont-ils aujourd’hui ? Éléments de réponse en infographie.
À la fin des années 1980 et dès le début de la décennie 1990, le règne des partis uniques semble révolu. Les conférences nationales se tiennent un peu partout sur le continent et, alors que François Mitterrand prononce son discours de la Baule (« Il n’y a pas de développement sans démocratie et il n’y a pas de démocratie sans développement »), le 20 juin 1990, les États d’Afrique francophone sont pour la plupart déjà engagés vers le multipartisme.
Les partis politiques se multiplient. Les scrutins s’ouvrent à des opposants jusque-là écartés. Toutefois, un quart de siècle plus tard, dans bon nombre de pays, la transition démocratique ne va toujours pas de soi, tandis que, dans d’autres, une seule formation politique continue de dominer largement la scène publique.
Ainsi, au Tchad, à Djibouti, au Togo ou au Gabon, aucune alternance politique n’a été observée depuis l’instauration du multipartisme : Faure Gnassingbé et Ali Bongo Ondimba ont succédé à leur père, Idriss Déby Itno se maintient lui-même au pouvoir, tandis qu’Ismaïl Omar Guelleh a pris la suite de son oncle.
Toutefois, les pays ayant connu le plus d’alternances sont également ceux ayant subi le plus de coups d’État. Les seuls pays n’ayant pas connu, depuis 1990, de prise de pouvoir par la force (au sens large du terme) sont le Tchad, Djibouti, le Gabon et le Bénin, ce dernier ayant toutefois connu trois présidents dans le dernier quart de siècle. À l’inverse, le Burundi, où le pouvoir a changé six fois de mains en 25 ans, n’en a toujours pas fini avec l’instabilité.
Dans cinq pays sur les 16 étudiés, un seul parti a occupé la magistrature suprême depuis le début des années 1990. Le nombre de candidats à l’élection présidentielle ne cesse pourtant d’augmenter. À Madagascar, en 2013, 31 candidats étaient en lice pour le fauteuil présidentiel. Ils étaient 28 au Mali, 24 au Guinée mais également quatre au Rwanda ou cinq, tout récemment, au Togo.
Faut-il dès lors chercher la vitalité du multipartisme au sein des assemblées nationales ? Dans beaucoup de parlements, une dizaine de partis ont pris place, agrémentant le jeu des coalitions et, parfois, de la transhumance, au gré des circonstances politiques. Ici, la palme ne saurait revenir à un autre pays que la RDC. Le Palais du peuple n’abrite pas moins de 98 formations politiques. « Un temple de la démocratie », diront certains… Un joyeux bazar, répondront des détracteurs. Environ la moitié de ces partis ne sont représentés que par un seul député…