Régis Immongault est le ministre gabonais de l’Économie, de la Promotion des investissements et de la Prospective.
Fitch Ratings a annoncé le 8 mai la dégradation de la notation souveraine du Gabon de BB- à B+ avec une perspective stable. La décision survient après que la même agence a abaissé celle de la quasi-totalité des pays producteurs de pétrole – Nigeria, Angola, Kazakhstan, Bahreïn… – à la suite de la chute des cours du baril. Et alors que Moody’s a elle maintenu la note souveraine du Gabon à Ba3 (l’équivalent de BB-).
Toutefois, cette décision nous rappelle l’importance et l’urgence des réformes que nous mettons en oeuvre avec l’objectif d’asseoir la transformation de l’économie gabonaise sur des bases solides et de l’adapter au nouveau contexte, avec un cours du pétrole plus bas. Nous ne doutons pas qu’à terme toutes les agences de notation prendront la pleine mesure des actions que nous menons.
Le Gabon compte parmi les premiers pays producteurs de pétrole à avoir réagi à la baisse des cours et pris les mesures nécessaires pour assurer la viabilité de ses finances publiques. Depuis le mois d’octobre 2014, le gouvernement a entrepris des ajustements budgétaires considérables en révisant, dans la loi de finances rectificative pour 2015, l’hypothèse du prix du baril de 80 à 40 dollars, en retenant une hypothèse conservatrice pour le taux de change euro/dollar à 1,24 (et par conséquent un taux dollar/F CFA à 530) et en effectuant d’importantes réductions des dépenses de fonctionnement et d’investissement en 2014 et 2015.
Nous avons été l’un des premiers pays producteurs de pétrole à avoir réagi à la baisse des cours.
Et il a également entrepris d’importantes réformes structurelles. Suivant les recommandations du FMI, des investisseurs financiers porteurs de la dette gabonaise et des agences de notation, il a créé un fonds de stabilisation des revenus pétroliers et miniers, avec comme objectif de constituer des réserves financières lorsque les cours des matières premières sont au-dessus d’un certain seuil et de les utiliser en cas de renversement de cycle. Le fonds est opérationnel depuis le début du mois de mai et recevra cette année une large part des revenus pétroliers au-dessus de 40 dollars par baril. Notre objectif est que ce fonds atteigne 500 millions de dollars au cours des quatre prochaines années et constitue ainsi une réserve de sécurité importante en cas de retournement des cours.
Les autres réformes structurelles adoptées comprennent la rationalisation des dépenses, la budgétisation par objectif, l’importante réforme (entamée en 2014) des subventions pétrolières hors carburant pour le secteur industriel, la libéralisation des prix à la pompe pour l’essence et le gazole, qui sera finalisée en 2015, ainsi que l’amélioration du climat des affaires afin de faciliter l’investissement privé et d’accélérer la diversification économique. Ces réformes budgétaires devraient avoir un impact rapide et nous permettront de donner tort à ceux qui critiquent la gestion des finances publiques au Gabon.
L’analyse des commentaires des agences de notation nous rappelle enfin l’importance de l’effort que nous sommes en train d’effectuer en matière de communication financière. Nous avons déjà pris d’importantes décisions à ce sujet, qu’il s’agisse de l’amélioration de l’outil statistique en coopération avec Afritac [Centre régional d’assistance technique du FMI] ou de la création de la Direction des prévisions et de la prospective, dont le rôle est de publier régulièrement des prévisions et des notes de conjoncture de qualité. En outre, nous continuerons de rencontrer régulièrement nos investisseurs financiers afin de les tenir informés de la situation du pays et de ses perspectives.
Les mesures courageuses que nous avons entreprises s’inscrivent dans la durée, et le potentiel de l’économie gabonaise ainsi que la détermination du chef de l’État nous permettront de faire face aux critiques conjoncturelles.