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Après les révélations d’écoutes téléphoniques : Ali Bongo, vie privée et vie publique

Capture d’écran de Google Images sur la recherche «Michel Tomi – Ali Bongo». © Google.com
Capture d’écran de Google Images sur la recherche «Michel Tomi – Ali Bongo». © Google.com
N’en déplaise aux bonnes âmes, le président de la République est le garant de l’intérêt général. Ses faits et gestes s’accommodent mal de certaines fréquentations et du mélange des genres.

Quels intérêts Ali Bongo défend-il ? Quelles valeurs promeut-il ? Ces questions hantent une partie de l’opinion depuis la révélation du contenu des écoutes téléphoniques dont a été victime l’homme d’affaires français Michel Tomi. On imagine déjà la ligne de défense des laudateurs du président de la République. On formule même déjà des réponses toutes faites. Le recours au droit à la vie privée, l’inviolabilité voire la sanctuarisation de celle-ci sera nécessairement évoquée, mise à toutes les sauces. Mais, la tonalité de ces conversations et leur contenu ne peuvent laisser insensibles. L’idée que le président de la République puisse recourir aux services d’une tierce personne pour honorer ses frais médicaux, ses nuitées dans des hôtels ou s’acheter des costumes, lunettes ou voitures est, à tout point de vue, insupportable. La perspective de le voir s’attacher les services de call-girls recrutées par un homme d’affaires est absolument stupéfiante.

Affaires, volupté, jouissance, luxe et luxure : tous les ingrédients d’une vie de playboy sont réunis. On est loin, bien loin de la rigueur nécessaire au maintien des équilibres institutionnels et aux arbitrages politiques. On est aux antipodes de la sobriété requise par la gestion de la chose publique, la protection du bien commun et la défense de l’intérêt général. On est à mille lieues de la fonction tribunitienne du président de la République. Et pour cause : un film au scénario assez particulier se joue dans le dos du peuple, quelque chose à la frontière d’American Gigolo, Scarface ou Le Parrain. Tout ceci aurait prêté à sourire si l’image du pays ne s’en trouvait écornée. N’en déplaise aux bonnes âmes, la fonction de président de la République s’accommode très mal de certaines fréquentations et pratiques. Elle tolère encore moins le mélange des genres et la collusion avec des intérêts privés. Or, accepter des présents d’hommes d’affaires, c’est s’exposer à la corruption, à la compromission et à toutes sortes d’arrangements préjudiciables à l’intérêt général.

Incidence sur la vie publique

La confirmation de liens assez particuliers entre le président de la République et Michel Tomi, richissime propriétaire du Casino croisette, des Fortune’s club, du groupe Kabi, d’Afrijet, d’IPI’9 et de Bet 241, ne peut que laisser perplexe. Elle ouvre la porte à toutes les interrogations, légitime toutes les craintes pour finir par susciter le doute sur le statut fiscal de toutes ces entreprises ainsi que sur leur contribution réelle au produit intérieur brut. Or, les entreprises privées ont justement pour mission de contribuer à la richesse nationale. Elles doivent se conformer aux lois nationales et veiller à bien interagir avec l’environnement, au sens le plus large du terme. Conscientes des dérives nées de collusions entre milieux d’affaires et milieux politiques, de nombreuses institutions et organisations internationales se sont, d’ailleurs, attelées à développer des notions, concepts et mécanismes de certification à même de sauvegarder ces impératifs.

Cette réalité-là, Ali Bongo en est pourtant conscient. Il en mesure l’importance. Il l’a même théorisée. Dans «L’avenir en confiance», il affirme : «Nous ne pourrons réussir la diversification de notre tissu économique si le secteur privé, notamment national, ne prend pas toute sa place de moteur du développement». Curieusement, on se surprend à découvrir que certaines de ses relations avec les opérateurs économiques visent moins le développement du pays que son confort et son bien-être personnels. Au-delà de la sulfureuse réputation de Michel Tomi et des effluves malodorantes qu’exhalent les révélations d’écoutes téléphoniques, l’opinion est aujourd’hui fondée à exiger des comptes. Si Ali Bongo a tout fait droit à une vie privée, le président de la République est un personnage public dont tous les faits et gestes ont une incidence sur la vie publique. Et ça, il va bien falloir se le dire….

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