Deuxième Président de la république Gabonaise après Léon Mba le père de l’indépendance, Omar Bongo Ondimba (1935-2009) a présidé aux destinés de ce petit pays d’Afrique centrale de 267 667 km² pendant plus de 42 ans. A l’occasion de la commémoration des 6 ans de sa disparition, il est de bon aloi de revenir sur son décès et les conditions de sa disparition.
Selon l’hebdomadaire africain « Jeune Afrique », le 6 mai, quand Omar Bongo Ondimba quitte Libreville à bord d’un avion médicalisé, il est déjà très mal en point. Il souffre d’un cancer des intestins avec métastases. Ses proches essaient de brouiller les pistes mais, petit à petit, sous la pression, ils dévoilent la vérité. Première version : « Il est resté au Gabon et va juste se reposer. » Deuxième version : « Il est en Allemagne pour un check-up. » Troisième version : « Il est bien à la clinique Quirón de Barcelone, mais n’a subi aucune intervention chirurgicale. » En réalité, les médecins espagnols tentent bien une opération, mais ils constatent que la maladie est trop avancée et referment sans opérer. Confidence d’un ancien chef d’État africain : « Priez pour lui. » Quant au ministre espagnol des Affaires étrangères, il lâche le morceau dans le journal La Vanguardia : « Bongo va très mal ».
Comme la chimiothérapie est lourde, le patient alterne les phases de conscience et d’inconscience. Le 11 mai, il apprend le décès de son camarade centrafricain, Abel Goumba. Aussitôt, il demande des précisions. Mais sa fille Pascaline le ménage. Elle filtre les visites et répond aux appels des vieux amis, comme l’avocat français Robert Bourgi. « La dernière fois que je l’ai vu, c’est une semaine avant sa mort, confie un membre de la délégation gabonaise. Il voulait savoir ce que racontaient les journaux. » Pascaline, son mari, le ministre des Affaires étrangères Paul Toungui, et ses trois collaborateurs Michel Essongué, Fidèle Etchenda et Jean-Pierre Lemboumba, les compagnons de la dernière heure, logent au Rey Juan Carlos, un grand hôtel de la place. Tous les jours, ils font la navette avec l’hôpital, dans l’attente du bulletin médical.
Le 7 juin, le patient tombe dans le coma. En fin de journée, les médecins révèlent qu’il n’y a plus d’espoir. À Paris, les vieux amis sont mis dans la confidence. À 22 h 40, le journal français Le Point annonce sur son site Internet que le président est mort. Très vite, l’information est reprise par l’Agence France-Presse et plusieurs radios et télévisions françaises qui sont captées au Gabon. Le Premier ministre, Jean Eyeghe Ndong, s’envole pour Barcelone. Le lendemain matin, il se rend au chevet du président, puis déclare à la presse : « Je lui ai rendu visite. Il est bien en vie. » Commentaire d’un proche : « Sans doute la machine faisait-elle encore bip-bip… » À 14 h 02, le cœur s’arrête. C’est la fin.
Mikel Doussengui