Les policiers gabonais ont reçu l’ordre de contrôler les personnes qui portent le voile intégral. Le niqab n’est pas encore interdit au Gabon mais, à l’image de son voisin camerounais, le ministère de l’Intérieur souhaite prendre toutes les précautions pour éviter d’éventuels attentats terroristes.
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Dans un communiqué rendu public le 15 juillet, le ministère de l’Intérieur a demandé aux forces de l’ordre de « procéder à tout moment à l’identification de toute personne portant un voile intégral sur la voie, les services et espaces publics ainsi que dans les transports en commun ». Cette mesure est imposée pour « des raisons de sécurité », justifie le ministre, Guy Bertrand Mapangou.
Cette décision intervient après la série d’attentats-suicides imputés à (ou revendiqués par) Boko Haram au Nigeria mais aussi au Tchad, au Cameroun et au Niger. Dans certains d’entre eux, des femmes – ou des hommes – avaient dissimulé des bombes sous des burqas.
Le Gabon n’a encore jamais été la cible directe du groupe terroriste basé au Nigeria. « Boko Haram n’est pas implanté au Gabon mais il pourrait y avoir des infiltrations possibles de sympathisants du groupe. Il vaut mieux prévenir car les frontières sont poreuses », explique une source à la présidence gabonaise.
Aucune entrave aux libertés individuelles
Très majoritairement chrétiens, les Gabonais ne sont pas vraiment concernés par la mesure, même si certains s’inquiètent déjà d’éventuelles entraves aux libertés individuelles. Les communautés étrangères, en particulier musulmanes, établies en nombre depuis quelques années, pourraient en revanche se sentir discriminées.
Le communiqué ministériel prend bien soin de préciser que « cette mesure […] ne constitue point une entrave aux libertés fondamentales ».
« Circonscrire Boko Haram »
Le niqab n’est pas formellement interdit au Gabon, contrairement au Tchad et au Cameroun, où ces mesures ont récemment été mises en place. « Il faut absolument circonscrire Boko Haram et soutenir le Cameroun, notre pays voisin, en étant vigilant », indique la source à la présidence gabonaise.
Au Cameroun, le gouvernement a formellement banni le voile intégral mercredi dans la région de l’Extrême-Nord, trois jours après que deux femmes kamikazes se sont fait exploser à Fotokol, a rapporté l’agence de presse Reuters.
Le Tchad, pays majoritairement musulman, a interdit le port du niqab dès la mi-juin après le double-attentat qui a fait 38 morts et des dizaines de blessés à N’Djamena, une mesure qui n’a été que partiellement respectée. Samedi, un kamikaze déguisé en femme a fait exploser sa ceinture d’explosifs à l’entrée du marché central de la capitale, tuant au moins 15 autres personnes. Les autorités tchadiennes ont promis de traduire en justice les personnes qui ne se soumettaient pas de façon stricte à la loi.
Sabrina Myre