Alexandre Barro Chambrier, député du quatrième arrondissement de Libreville, est le fer de lance de ceux qui, au sein du parti au pouvoir, somment Ali Bongo Ondimba de revenir à une gestion plus participative des affaires de la majorité. Interview.
Jeune Afrique : Qu’est-ce qui a motivé votre sortie coup de poing – la publication du brûlot « Héritage et modernité », dont les auteurs menacent de faire imploser le Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) à un an de l’élection présidentielle ?
Alexandre Barro Chambrier : C’est le climat politique très tendu, pour ne pas dire exécrable, qui nous a motivés. Les dysfonctionnements de notre parti, le déficit démocratique… Nous pensons que, avec les échéances qui s’annoncent, il faut impliquer militants et élus, favoriser les débats internes, adapter notre projet politique. Nous pensons aussi qu’on ne peut pas ainsi marginaliser des cadres de qualité. Nous souhaitons un retour au dialogue et à la tolérance, ces valeurs léguées par Omar Bongo Ondimba. Le chef de l’État doit être à l’écoute de tout le monde. On ne peut pas faire comme si tout avait commencé en 2009 [avec l’élection d’Ali Bongo Ondimba]. Tous ceux qui ont travaillé avec le président fondateur [Omar Bongo Ondimba] depuis 1964 et jusqu’à son décès ne doivent pas être écartés comme cela.
Quelle est votre légitimité pour porter ces idées ?
Nous sommes des élus du peuple, et nous portons une parole et des idées partagées par beaucoup de nos camarades. Il ne faut pas sous-estimer ce mouvement. J’ai avec moi des cadres de l’Administration, des retraités… On nous soutient au Sénat, à l’Assemblée nationale et même dans la société civile ! Il faut renouveler notre parti et repartir sur un bon pied. Sur la vision, nous n’avons pas de problèmes. Mais la mise en œuvre du projet de société n’est pas satisfaisante. Il faut corriger rapidement ces insuffisances pour que notre pays atteigne les objectifs que nous nous sommes fixés. Nous avons estimé, par loyauté vis-à-vis du président et des institutions, qu’il était de notre devoir de tirer la sonnette d’alarme.
Le parti ne fait plus rêver. Ne faut-il pas au moins en changer le nom ?
Je ne vois pas pourquoi il faudrait changer de nom. En Côte d’Ivoire, le PDCI [Parti démocratique de Côte d’Ivoire, l’ancien parti unique] ne l’a pas fait. La longévité d’un parti traduit son ancrage profond et la pertinence des choix de ses fondateurs, même s’il est vrai que notre parti suscite un rejet auprès de certains du fait des circonstances qui n’ont pas permis une modernisation.