Du 24 au 26 août prochain, Libreville abritera une rencontre d’échange autour de la problématique de la gouvernance démocratique et des attentes de la population en matière politique, économique et sociale.
Pendant que d’aucuns estiment que c’est un rendez-vous de trop, que plus personne n’ignore la réalité ou encore que c’est une retrouvaille d’amis en manque d’occasion de se promouvoir, les organisateurs des assises de la société civile pensent qu’il est urgent qu’elles se tiennent pour permettre à la population de discuter de la gouvernance du pays. Selon Marc Ona Essangui, «la crise politique, économique et sociale généralisée que subit actuellement le Gabon», est la principale raison d’être de cette réflexion à laquelle prendront part environ 2 000 à 3 000 délégués du Gabon, de la diaspora et d’autres pays du continent.
Parlant de la crise politique, celle-ci serait née, selon les organisateurs de ces assises, en 2009, année de l’accession d’Ali Bongo à la magistrature suprême. Elle s’est manifestée de différentes manières: crispation de la classe politique ; refus d’organiser une conférence nationale ou un forum inclusif malgré les nombreux appels nationaux et internationaux ; absence de volonté d’améliorer le processus démocratique en vue d’élections transparentes et apaisées en 2016 ; refus de revoir la composition des institutions chargées de la gestion des scrutins politiques ; utilisation systématique et illégale des forces de sécurité pour porter atteinte aux libertés individuelles…
«La crise économique sans précédent du Gabon est quasi généralisée, tant le tableau de bord économique national est au rouge, en dépit des affirmations triomphalistes et mensongères des émergents», affirme Marc Ona Essangui. Il n’en veut pour preuves, entre autres, que l’incapacité de l’Etat à régler les dettes intérieures et extérieures de plus en plus colossales et injustifiées, à procéder à l’exécution du budget depuis 2013, à honorer le payement régulier et ponctuel de la PIP à tous les agents publics et des honoraires aux enseignants des établissements publics ; le recours imprudent aux emprunts obligataires pour payer les salaires ; les sollicitations quotidiennes des entreprises pour la rémunération des agents publics ; les licenciements massifs et fermetures des entreprises créancières de l’Etat ; le chômage de masse dans les villes industrielles comme Port-Gentil, Moanda et Mounana…
Au plan social, le regard du leader associatif est aussi sévère que sur les précédents domaines. «Là aussi, le tableau de la société gabonaise est chaque jour de plus en plus hideux», souligne-t-il. Pour justifier son propos, Marc Ona Essangui énumère quelques signes qui, selon lui, sautent aux yeux de tous, «même ceux des dirigeants opulents et insensibles à la misère galopante qui s’installe profondément et pour longtemps» : grèves généralisées et persistantes dans les secteurs clés ; absence d’éclairage public dans les quartiers sous intégrés ; manque d’eau potable dans les quartiers de Libreville ; coupures intempestives d’électricité ; baisse considérable du pouvoir d’achat, mendicité galopante des populations les plus démunies ; insuffisances des structures médicales publiques ; dépravation des mœurs ; expansion des crimes crapuleux et rituels. «L’ensemble de la communauté nationale comprend aujourd’hui absolument la nécessité d’un dialogue inclusif réunissant toutes les couches de la nation. Le refus de s’asseoir ensemble, autour d’une table préfigure d’un clash pour notre fragile nation. D’où l’intérêt urgent de tenir des assises nationales démocratiques pour sauver notre pays du chaos», a-t-il conclu.