Les récentes sorties de l’ancien Premier ministre, Raymond Ndong Sima, et du maire d’Oyem, cadre de l’Union nationale, Vincent Essono Mengue, devraient tous nous interpeller, ce d’autant plus qu’elles posent toutes deux, peut-être en différents termes, une question cruciale, celle de la « victimisation » d’une ethnie. En est-on réellement arrivé à ce point chez nous ?
Les Fang qui constituent l’un des groupes ethniques majoritaires au Gabon se sentent pointés du doigt par de nombreux compatriotes qui, selon eux, les accusent de fausser le jeu politique, surtout celui consistant à rechercher l’alternance au sommet de l’Etat, avec pour principale conséquence, la pérennisation du système Bongo.
C’est ce qui ressort globalement des analyses menées par les deux hommes politiques de renom précités. Peut-être que ceux qui avancent ces propos, c’est-à-dire ceux qui mettent les Fangs à l’index ont des raisons de croire qu’ils sont partie prenante dans le désarroi prolongé des Gabonais qui veulent que de nouvelles cartes soient essayées afin, disent- ils, d’apaiser leurs souffrances.
Mais de là à affirmer que les Fangs sont ceux là par qui le « scandale » est souvent arrivé, paraît ridicule, d’ailleurs Raymond Ndong Sima et Vincent Essono Mengue ne se sont-ils pas servis d’exemples accablants présentant après 1993, des candidats autres que Fangs, qui n’ont pourtant pas permis au pays d’accéder à l’alternance!
Ridicule, quand tu nous tiens !
A vrai dire, c’est quoi être candidat ? C’est dans l’imaginaire collectif, remplir les conditions d’éligibilité requises auprès des instances compétentes dont le ministère de l’Intérieur et la Commission électorale nationale autonome permanente, Cenap, et s’acquitter de sa caution. Reste après, à présenter aux électeurs un projet de société sur la base duquel, ils doivent se prononcer pour ou contre vous.
Que vient donc faire dans cette affaire l’ethnie ? Tenir des propos du genre : « Les fangs sont de trop ou ne jouent pas franc jeu », c’est avoir la mémoire courte, car l’histoire nous apprend qu’il y a eu dans ce que l’on nomme « le grand nord » de tout temps des votes sanctions dont les derniers en date, loin de ressembler à la présidentielle, lors des législatives partielles d’il y a quelques semaines remportées par le candidat de l’Union nationale, parti d’opposition.
Que veulent les Gabonais ?
Voici venue la question fondamentale, celle qui devrait susciter moult commentaires et focaliser l’attention plus que toutes les autres. En effet, la résolution des problèmes quotidiens des populations doit être placée au devant de toutes les autres préoccupations. Ce n’est pas un hasard si Ali Bongo Ondimba avance à tout bout de champ qu’il ne sera heureux que lorsque les Gabonais le seront, même si pour certains de ses compatriotes, il est loin de réaliser les promesses de 2009. Un élu à la présidentielle se doit de tenter de réaliser ce pour quoi il a bénéficié du soutien de ses compatriotes. Ne pas le faire demande que l’on s’explique, encore faut- il que les populations soient disposées à vous écouter et à vous accorder à nouveau leur confiance. Là, ne se pose pas visiblement le problème ethnique qu’agitent tous les donneurs de leçons et vendeurs d’illusion qui pensent détenir la baguette magique, alors qu’ils ont par le passé, pour certains, contribué à paupériser les masses aujourd’hui aux abois.
Le logement, la santé, l’emploi, l’éducation, sans être exhaustif, voilà ce qu’attendent visiblement les Gabonais qui souhaitent que leur vote serve à quelque chose et qu’il y ait à la tête de l’Etat quelqu’un qu’ils ont eux-mêmes choisi et qu’ils peuvent avoir l’assurance de démettre par le même jeu démocratique, s’ils considèrent qu’il n’est pas à la hauteur.