Au fur et à mesure qu’approche la présidentielle de 2016 au Gabon, le semblant de sérénité qui habitait, il y a encore quelques mois, l’Union nationale (UN) principal regroupement des partis de l’opposition gabonaise ces temps derniers, se dissiperait au vu des sorties tapageuses de plusieurs de ses cadres et non des moindres. Au point de nous amener à nous poser la question de savoir qu’en est- il de la solidarité du groupe même si du côté du Parti démocratique gabonais au pouvoir, rien n’exclut un scénario identique.
Le moment est jugé grave ! Sinon, comment expliquer cette mise au point de François Ondo Edou, secrétaire exécutif adjoint et porte- parole de l’Union nationale, qui s’est illustré par une déclaration qui restera à n’en point douter dans les annales de la formation politique : « Qu’on ne compte pas sur nous pour alimenter une polémique stérile, abjecte et contre-productive ».
Ceci pour s’opposer aux démarches de certains ténors du parti qui continuent de buter sur la mise en place de moyens pour répondre aux attentes de ses stratèges qui, dit-on, ont déjà concocté une feuille de route qui ne demande plus qu’à être financée pour oser barrer le chemin l’année prochaine à Ali Bongo Ondimba qui reste visiblement, du moins pour l’heure, le porte-étendard, du PDG.
François Ondo Edou trouve le comportement des Gérard Ella Nguema et autres Mike Jocktane comme susceptible d’affaiblir le camp auquel il appartient en le fissurant et ouvrant des brèches aux hommes d’en- face, c’est- à- dire à leurs adversaires qui sont loin d’être des enfants de cœur.
Ces « égarements » qui peuvent, selon le secrétaire exécutif de l’Union nationale, conduire à la remise en cause de la volonté générale et au renoncement à la souveraineté et à la liberté, valeurs fondamentales de tout groupe, ne sont pas sans rappeler ce qui s’est déjà produit par le passé dans cette famille de l’opposition.
Ce qui fait dire à plus d’un qu’il y’a, et « c’est pourquoi le parti au pouvoir restera plus longtemps sur son piédestal », des oppositions, même si certaines sont qualifiées de radicales et d’autres d’apaisées, qui ne regardent pas fondamentalement dans la même direction. Au-delà, ce sont les véritables préoccupations de ladite opposition gabonaise qui demandent à être revisitées, tant on est aujourd’hui plus qu’hier convaincu qu’il y en a dans ce camp qui penchent plutôt pour une collaboration avec le pouvoir.
« Les mêmes causes produisant les mêmes effets ! »
Quid à ce moment du dialogue inclusif pourtant indispensable aux yeux d’une certaine opposition pour aboutir aux réformes politiques souhaitées par celle-ci et une frange de la société civile ? A ce rythme, est- on sûr que l’alternance tant souhaitée, c’est pour maintenant ou pour jamais ? Puisque celle- ci, aux dires des opposants qui n’ont pas tort de penser ainsi, passe inéluctablement par la recomposition de certains textes régissant la vie publique du pays, une œuvre qui implique inévitablement les deux chambres du Parlement actuellement « monocolores » auxquelles l’on veut donner des couleurs diverses, seule garantie pour qu’une diversité d’opinions éclatent et rivalisent pour le bien de la communauté.
Les intrigues au sein de l’Union nationale, puisqu’elles font penser aux vieilles querelles entre opposants d’hier, menacent l’équilibre de ceux qui promettent au Gabon de veiller à lui assurer la prospérité, comment alors ne pas croire que c’est du chacun pour soi qui commence à s’installer comme règle du jeu et que de cette attitude naîtra à nouveau la « chute du peuple » qui aura du mal à se reconnaître comme avant en ces gens dont le discours tourne autour du changement, comme si de celui- ci dépendait entièrement le développement.
Organismes internationaux à la rescousse !
Pour François Ondo Edou, les initiatives prises depuis un moment par le directoire de l’Union nationale ne datent pas d’aujourd’hui, elles sont plutôt le reflet de la continuité dans l’action consistant à vouloir d’un changement véritable au sommet de l’Etat, avec qui ? Là peut paraître le point le plus délicat, surtout depuis que l’on accuse l’opposition, fut-elle radicale, de s’être attachée pour des raisons inavouées les services d’ancien barons du régime Bongo Ondimba.
Du coup, la trouvaille brandie en son temps par les Paul Mba Abessole et Pierre Mamboundou est de solliciter l’implication décisive des organismes internationaux dans la supervision des élections au Gabon. Dans le cas d’espèce, il s’agit de la présidentielle à venir.
De mémoire de témoin, il ne serait pas surprenant que nombre de gabonais doutent de la sincérité ou même de l’efficacité de l’Onu, de l’Union africaine, UA, de l’Union européenne, UE, de l’Organisation internationale de la Francophonie, OIF, pourquoi pas des grandes puissances, la France et les Etats- Unis par exemple. Cette observation étant surtout motivée par l’histoire qui est quelque part têtue au point de ne nous permettre de ne pas oublier ce que nous avons déjà vécu. Dans tous les cas, est- on sûr côté opposition que le scrutin de demain sera le meilleur jamais organisé dans le Gabon ?
Que François Ondo Edou rompe le silence, il n’y a rien de miraculeux, d’autant que l’on sait le temps pressant, mais que l’on se mette à bâtir des châteaux en Espagne nous semble plutôt ridicule. Attendons de voir !