Pour former la nouvelle équipe gouvernementale, Daniel Ona Ondo a surtout puisé parmi les figures marquantes du Parti démocratique gabonais (PDG) et au sein de la haute administration et du secteur privé. Flore Mistoul, Nicola Assélé et Madeleine Rogombé Berre symbolisent ce renouveau.
Nommées respectivement ministre de la Protection de l’Environnement et des Ressources naturelles, ministre délégué à la Formation professionnelle et à l’Insertion des jeunes, et ministre du Commerce, des PME, de l’Artisanat, du Tourisme et du Développement des Services, ces femmes symbolisent l’arrivée de la haute administration et du secteur privé dans le nouveau gouvernement.
Bien qu’elle soit membre du Conseil national du PDG pour le 3ème arrondissement de Libreville, Flore Mistoul, 56 ans, est beaucoup plus perçue comme une technocrate. Cette femme que l’on dit brillante, mais parfois colérique, a longtemps servi dans l’administration du Budget, notamment comme directeur général adjoint du Contrôle financier, puis en qualité de directeur général adjoint de la Concurrence et de la Consommation. Pour sa part, Nicole Assélé, 50 ans, est au secrétariat général du ministère de la Jeunesse et des Sports depuis 2009. D’abord comme secrétaire général adjoint, puis secrétaire général. Médecin militaire formée au Maroc – elle a le grade de Lieutenant-colonel – Nicola Assélé va occuper le portefeuille de ministre délégué auprès du vice-Premier ministre chargé de la Formation Professionnelle et de l’Insertion des Jeunes. Elle est, après Yolande Assélé Ebinda, la deuxième fille de Jean-Boniface Assélé, ancien ministre et général de police à la retraite, à faire partie d’une équipe gouvernementale. Elle est surtout connue pour avoir pratiqué du sport et dirigé par la suite la Fédération gabonaise de handball. On ne lui connaît pas d’affinités politiques affirmées. Bien que son père soit leader d’un parti politique, le CLR, et que son frère, Ali Bongo, soit le leader du PDG, elle n’est membre ni de l’une, ni de l’autre formation politique.
Quant à Madeleine Rogombé Berre, 48 ans, elle est depuis quelques années le président de la Confédération patronale gabonaise (CPG), la principale organisation patronale. Après son Bac à l’Immaculée Conception, la fille de Rose-Francine Rogombé a entrepris de brillantes études économiques en France. Dès son retour au Gabon, elle a rejoint le monde de l’entreprise, et particulièrement le cabinet d’expertise comptable Deloitte. Le ministère du Commerce, des PME, de l’Artisanat, du Tourisme et du Développement des Services que vient de lui confier le Premier ministre Daniel Ona Ondo ne devrait pas lui être étrange. Elle va devoir y mettre en place une véritable stratégie de dynamisation du monde des entreprises et une politique devant amener les secteurs de l’artisanat et du tourisme à sortir (enfin) de l’ornière. Elle sera secondée par une autre femme : Irène Lissenguet Lindzondzo, cadre de la direction générale des Douanes. Celle-ci est en effet nommée ministre déléguée au Commerce. L’entrée au gouvernement de cette sœur de Blaise Louembet confirme la très forte présence des femmes dans le nouveau Cabinet Ona Ondo.
Aux côtés de ces femmes, on note le retour des figures emblématiques (toujours présentes, jamais loin) du monde politique national que sont les Biyoghé Mba, nommé premier vice-Premier ministre chargé de la Santé, de la Prévoyance sociale et de la Solidarité nationale. C’est le retour du «grand ministère social» qui va englober les secteurs de la Famille, de la Protection de la Veuve et de l’Orphelin, et toute la stratégie nationale d’investissement humain du Gabon. Mais le retour de Paul Biyoghé Mba en inquiète plus d’un dans sa province d’origine, l’Estuaire. Connu pour être un personnage sectaire, ne travaillant qu’avec les mêmes équipes, les anciens du MCD, l’ex-président du Conseil économique et social (CES) suscite quelques questionnements. Sur le plan politique, va-t-il pouvoir mobiliser tous les hauts responsables et cadres PDG de l’Estuaire ? Va-t-il accepter, s’il est sollicité pour donner son avis, la nomination ou l’émergence d’autres cadres de l’Estuaire, en dehors de ceux qui lui sont proches, dans la haute administration ?
Autre retour remarqué : Flavien Nzengué Nzoundou, 59 ans, membre du Bureau Politique du PDG pour la Louétsi Wano. Le Général et ancien aide de camp d’Omar Bongo est nommé vice-Premier ministre chargé de la Formation professionnelle et de l’Insertion des Jeunes. Il s’agit d’un secteur à l’évidence de toute première importance, mais lui donnera-t-on les moyens qu’il exigera pour conduire les grands chantiers qu’il ne manquera pas d’ouvrir dans ces domaines ?
Léon Nzouba, 59 ans, démissionnaire en août 2014, réintègre le gouvernement un an plus tard. Il va devoir se mouvoir dans un département ministériel à priori facile et «sans histoire» : les Relations avec les Institutions constitutionnelles. C’est une personnalité pas bien connue de ses compatriotes, mais sur la place de Mouila, l’ancien «patron» des Services de santé militaire compte politiquement. On peut ajouter sur liste des figures marquantes de la vie politique nationale, Célestine Oguéwa Bâ. Nommée aux fonctions de ministre déléguée auprès du vice-Premier ministre chargé de la Santé, la députée d’Omboué et ancienne ministre de l’Enseignement Technique succède politiquement à Marcellin Agaya, considéré comme proche de Jean Ping.
En fait, sur cette liste, il ne manque qu’Angélique Ngoma. Beaucoup, dans la Basse Banio et au-delà, avaient pensé qu’elle reviendrait…