Nul doute qu’Ali Bongo Ondimba sera de nouveau candidat, en août 2016. Six ans après avoir été porté au pouvoir, et à quelques mois donc de la prochaine élection présidentielle, le chef de l’État gabonais nous a reçus, le 9 septembre, dans un salon du Palais du bord du mer, celui-là même où son père accueillait naguère des opposants qui ne repartaient jamais les mains vides.
Cette époque, Ali Bongo Ondimba l’a connue. Il en a été le témoin privilégié. « Depuis trente ans, je suis témoin de ces allers-retours. J’ai été bien élevé et mon père m’a enseigné la discrétion. Il y a donc des choses que je ne dis pas. Mais je les voyais et ils me voyaient. Ils savent que je sais. » À l’en croire, les critiques de l’opposition, d’ailleurs, ne l’émeuvent pas. Les dissensions et les rivalités qui agitent le Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) non plus.
« Depuis 1990, c’est loin d’être la première fois que nous enregistrons des départs. Les débats, parfois vifs, ont toujours existé au PDG mais, le moment venu, nous serons en ordre de bataille », assure le chef de l’État, qui égratigne au passage les ambitieux qui monnayent leur ralliement. Il ne mâche pas non plus ses mots à l’endroit de ceux qui ont récemment contesté sa filiation, des « médiocres » qui sont d’une « pauvreté morale désolante ».
Il serait étonnant que nous n’en venions pas à nous poser la question d’une volonté manifeste de déstabilisation du Gabon
Mais le chef de l’État n’entend pas se laisser faire, ragaillardi sans doute par le fait d’avoir réussi à faire entrer au gouvernement le secrétaire exécutif de l’UPG (opposition), à qui il a confié, le 11 septembre, le ministère de l’Agriculture. Porté aussi par le bon accueil qui a été réservé à son annonce de vouloir partager avec la jeunesse de son pays les revenus de sa part d’héritage (« ma décision n’a pas vocation à faire jurisprudence, glisse-t-il malicieusement. Mais ceux qui, hier, ont profité de la générosité d’Omar Bongo devraient réfléchir »).
On le sens combattif aussi lorsqu’il évoque ses relations avec la France, tendues ces derniers mois par l’arrestation de son directeur de cabinet, Maixent Accrombessi, et diverses affaires judiciaires. « Je n’ai pas de problème avec le président de la République française, assure-t-il. Mais il serait étonnant que nous n’en venions pas à nous poser la question d’une volonté manifeste de déstabilisation du Gabon. » Le président va loin, il le sait, mais il dit n’avoir pas goûté qu’on ait « voulu humilier le Gabon ».