Partagé entre ce qu’il considère comme une sorte d’irresponsabilité de la part de l’opposition après le refus de Moukagni-Iwangou d’intégrer le gouvernement, et l’«excès de zèle» de Vivien Pea, le secrétaire général du Parti démocratique gabonais (PDG) sonne la charge dans une interview chez nos confrères de L’Union.
Alors que tarde à venir le rapport final du comité technique mis en place il y a quelques mois, à la suite de la dissolution du Mouvement gabonais pour Ali Bongo Ondimba (Mogabo) et du groupe «Héritage et modernité», au Parti démocratique gabonais (PDG) le climat est toujours aussi tendu. Dans un entretien récemment accordé au quotidien L’Union, son secrétaire général s’est épanché sur l’actualité, évoquant notamment la détention, dans les locaux de la direction générale des Recherches (DGR), d’un ancien ministre, par ailleurs membre du bureau politique. Si Faustin Boukoubi a redit sa volonté de laisser la justice faire son travail, tout en appelant à éviter toute «récupération politique» dans cette affaire qui sent le règlement de comptes à plein nez, il n’en a pas moins donné son avis sur le refus de Jean de Dieu Moukagni-Iwangou d’intégrer le gouvernement.
A ce sujet, il s’est montré plutôt agressif voire accusateur. Reprenant les propos du président de l’Union du peuple gabonais (UPG, aile Loyaliste), selon lequel «l’opposition à minima s’oppose et à maxima propose», il a jugé ce refus irresponsable. «Si notre opposition, en l’occurrence M. Moukagni-Iwangou, préfère œuvrer à minima plutôt qu’à maxima, en proposant et mettant en œuvre des actions susceptibles de contribuer à la satisfaction des besoins, notamment alimentaires du peuple dont ses amis et lui sollicitent les suffrages, c’est son choix. Mais si ce peuple qu’ils refusent de servir dans l’immédiat crève de faim, qui voterait pour eux et de surcroît, qui gouverneraient-ils le cas échéant ?», s’est-il interrogé, avant de s’en prendre vertement au projet de l’opposition qui, selon lui, «se limite à Bongo doit partir». Pour Faustin Boukoubi, qui semble avoir du mal à croire que cette supposée «vacuité» du projet politique de l’opposition trouve un écho favorable auprès de l’électorat en 2016, chacun doit prendre ses responsabilités. Ce qu’a certainement fait le délégué national de l’Union des jeunes du PDG, dont les propos n’ont pas plu au secrétaire général de ce parti.
En effet, en tournée nationale depuis quelques semaines, Vivien Amos Makaga Pea s’est permis quelques libertés mal perçues au sein de son propre parti, où la liberté d’expression apparaît de plus en plus comme un vague projet, au regard de la guerre menée contre ceux qui osent la revendiquer, à l’instar des membres du groupe «Héritage et modernité». Considérant le mauvais état de certaines routes à l’intérieur du pays et du nombre conséquent de projets jamais réalisés, Vivien Amos Makaga Pea a estimé que la faute revenait aux élus locaux qui ne le revendiquaient pas assez à son goût. Il proposait même de désavouer les élus passifs lors des prochaines élections. Si le propos du jeune leader politique peut se justifier, la hiérarchie, pour sa part, a considéré qu’il s’agissait d’une faute que de le faire savoir.
Pour Faustin Boukoubi, cette liberté du délégué national de l’UJPDG «est un dérapage inhérent à un excès de zèle». «Pour devenir populaire, faut-il diffamer les siens ?», s’est-il demandé. Si cette question exprime parfaitement le malaise et les tensions qui règnent actuellement au sein du PDG, le jugement de Vivien Amos Makaga Pea «brouille l’image des institutions républicaines et suscite le courroux des élus». «En tant que juriste, mon fils Vivien ne peut pas ignorer la séparation des pouvoirs exécutifs et législatifs. Pourrait-il assumer le rejet par les parlementaires d’un budget qui ne prendrait pas en compte les préoccupations évoquées par les parlementaires ?», a-t-il déclaré sur un ton paternaliste, non sans accuser son jeune frère d’armes de «populisme», en plus d’être doté d’«une notoriété de feu de paille». «Nous allons le rappeler à la raison, dans l’intérêt de tous, y compris le sien», a conclu Faustin Boukoubi. Comme quoi, l’ère du changement ne semble pas pour bientôt au sein du parti dont est issu Ali Bongo.