Avec le récent désaveu de Mboumba-Nziengui par une partie de l’aile légaliste, l’UPG est décidément loin de retrouver la sérénité, même si des points communs semblent unir deux de ses trois branches.
C’est une situation qui déroute au plus haut point les militants. Et les récents évènements, rythmés par la nomination de Jean de Dieu Moukagni-Iwangou, son refus, puis son remplacement par Mathieu Mboumba-Nziengui, sont de nature à susciter doutes et méfiance dans l’esprit des militants et sympathisants de l’Union du peuple gabonais (UPG). Si l’on croyait les choses réglées avec les explications du président de l’aile dite loyaliste, et la mise au point de l’ancien secrétaire exécutif de l’aile dite légaliste, rien n’est rentré dans l’ordre au sein du parti fondé par Pierre Mamboundou il y a 26 ans. L’actualité renvoie d’ailleurs une image plutôt préoccupante pour l’avenir de cette formation politique, qui semble se chercher et dont les principaux leaders perdent peu à peu leur notoriété et leur crédibilité. Si tant est que certains d’entre eux en étaient dotés. Bref, rien ne va, ni chez les légalistes ni chez les loyalistes. Et une troisième voire quatrième aile semble sur le point de se former, alors que dans le même temps, des appels du pied de part et d’autre sont difficilement dissimulables.
Depuis quelques temps, les branches dirigées par Bruno Ben Moubamba et Jean de Dieu Moukagni-Iwangou donnent à croire qu’une nouvelle «alliance» est possible, notamment sur la question de la candidature unique de l’opposition. Le parti tendrait-il vers une énième réunification ? C’est la question qui préoccupe militants et sympathisants. Ayant suspendu, le 19 septembre dernier, leur secrétaire politique à la mobilisation, suite à sa déclaration de soutien à Jean Ping, les «loyalistes» paraissaient soutenir la position des «légalistes», dont le leader a récemment donné son avis sur l’intéressé : «De la manière dont Mr. Ping se comporte, il y a lieu de craindre chez lui, une absence de leadership démocratique pourtant nécessaire avant de prétendre conduire efficacement une communauté politique.» Un «soutien» à Jean de Dieu Moukagni-Iwangou, qui n’est pas sans rappeler celui exprimé par Bruno ben Moubamba la semaine dernière, à la suite de la publication d’une photo du président de l’aile loyaliste reçu en audience à la présidence de la République. Curieux.
Autre curiosité : les deux branches ont définitivement désavoué Mathieu Mboumba-Nziengui, qui doit sa nomination au gouvernement à sa fonction de secrétaire exécutif provisoire de l’UPG. Alors qu’avec les «loyalistes» la scission s’était faite il y a quelques années, le 19 septembre dernier, un groupe emmené par Benjamin Boulaz-Temba, réuni au siège d’Awendjé, a désavoué le nouveau ministre, l’accusant de «haute trahison contraire à la philosophie politique du feu président Pierre Mamboundou». Selon ces militants, l’entrée au gouvernement de leur leader ne serait que «la matérialisation de sa cupidité. Lui, qui ne cessait d’affirmer dans les couloirs du parti que c’est notre tour de manger». Pour ces militants, dont certains semblaient croire en un éventuel retour de la sérénité dans le parti voire à une hypothétique réunification à quelques mois de la présidentielle de 2016, «l’UPG n’appartient ni à Bruno Ben Moubamba ni à Mathieu Mboumba-Nziengui ni à Jean de Dieu Moukagni-Iwangou, mais plutôt à ses militants». Gageons que les militants reprennent les rênes de leur parti.