Sans être érudit ou académicien, les définitions usuelles que l’on donne du racisme, c’est la tendance qu’ont certaines populations de stigmatiser les gens d’autres couleurs qu’elles et la xénophobie, celle qui consiste à s’opposer outrancièrement à un sujet étranger. Après cette définition pour le moins sommaire à travers laquelle tout le monde peut se reconnaître, posons- nous la question de savoir si les gabonais sont réellement racistes ou xénophobes à la lumière de faits quotidiens et non de rumeurs répandues.
Nous avons eu l’avantage avant que de nous lancer dans cette analyse d’avoir lu deux éminents Professeurs d’université, Patrick Daouda Mouguiama et Daniel- Franck Idiata, qui sont revenus chacun avec son argumentation sur le sujet, le premier présentant les gabonais comme des xénophobes, s’appuyant sur des faits réels comme les expulsions dans les années antérieures de béninois et camerounais, mais aussi des cas personnels comme celui de feu son père qui passa sa vie au Gabon à transmettre la connaissance, mais qui ne tira pas grand bénéfice de ce dévouement, tout comme après lui d’autres gabonais d’adoption parmi lesquels des sportifs de renom qui ont porté haut les emblèmes de la nation et à qui la République n’a pas cru bon d’attribuer la nationalité alors qu’ils la lui demandaient ; et le second rejetant les thèses y compris de « Jeune Afrique » tendant à présenter le Gabon comme une terre hostile aux étrangers avec sa verve habituelle et sa description bien d’un spécialiste des sciences du langage tout comme l’est d’ailleurs son collègue déjà cité. Le mérite qu’ils ont tous les deux, c’est de s’appuyer dans leur argumentation sur des exemples concrets et scientifiques, mais surtout de susciter chez les citoyens de ce pays et les amoureux du Gabon un débat psychosociologique amenant les uns et les autres à se poser la question de savoir si dans son fort intérieur le gabonais développe l’idée de s’opposer de manière systématique à « autrui » en tant qu’être pris d’abord isolément et en groupe, c’est- à-dire en société ensuite.
Et tout de suite la réponse toute dépassionnée
Nous croyons que non, car l’histoire des peuples vivant sur le territoire gabonais et ayant la nationalité gabonaise montre et démontre qu’ils ont, en dehors d’une certaine période coloniale parsemée de confusion et marquée par des migrations qui les conduisaient en quête parfois permanente d’espace vital, toujours vécu en harmonie, d’où la facilité avec laquelle ils se reconnaissent et développent le vivre-ensemble. Ceci est un exemple de l’affirmation de leur volonté à vouloir coopérer avec l’autre, car souvenons- nous, c’est également l’histoire qui nous l’apprend, les origines des fangs, punu, nzebi, galoa, mpongwè, ghisir et autres sont diverses, ce qui pouvait à tout moment expliquer des frictions entre ces différentes communautés, or à l’expérience, c’est plutôt le contraire qui se produit au quotidien. Y’a qu’à constater la multitude de mariages mixtes s’opérant dans tout le pays avec une assurance à nul pareil et la progéniture qui éprouve beaucoup de mal à se positionner d’un seul côté ou à tenter de faire la guerre à qui que ce soit. A propos de guerres justement, combien le Gabon en a-t-il connues ? Aucune, si nos souvenirs sont bons, les quelques années de braise ont souvent été la cause des politiques quand ils n’ont pas su gérer les populations lassées par leur comportement ou quand ils ont volontairement ou par manque de maîtrise conduit celles- ci à la rue pour leur demander des comptes. Mais ce ne sont pas là des guerres. Avec les sujets expatriés, la cohabitation a souvent été cohérente, n’eut été l’exubérance tant reprochée à quelques « brebis galeuses » qui n’ont pas encore intégré le principe du bon voisinage.
« Il n’y a pas de fumée sans feu ! »
C’est que le gabonais qui est par nature « doux » se trouve être à un moment, effet de surprise, ce qui rend l’explication de son comportement ardue, une « bête sauvage » prête à dévorer ceux qui ne font pas partie de sa famille, son instinct étant souvent réveillé par des attitudes à la limite du mépris non pas toujours face à sa modeste personne, mais aussi et parfois et souvent à l’endroit des institutions de la République en tête desquelles le chef de l’Etat qui aurait du mal à suivre un compatriote lui expliquant qu’il avait agi anormalement devant un étranger vivant dans son pays parce que ce dernier avait proféré des propos peu- amen à son encontre. Souvent, le gabonais en question se trouve dans l’obligation de se substituer sur place au chef qu’il sait qu’il n’aura que trop de mal à rencontrer pour s’expliquer. Parfois aussi, l’on est surpris dans un quartier, au marché ou dans la rue, de remarquer le peu de politesse ou d’égard affiché par un sujet étranger vis- à- vis d’un « autochtone » au motif qu’il n’ait de comptes à rendre à personne et qu’il soit couvert par une certaine immunité conférée très certainement, nous apprend- on, par une haute personnalité gabonaise avec laquelle il a conclu, nous dit- on aussi, un deal. Comment dans ces cas souvent isolés de surcroît aller jusqu’à déduire que tout un peuple est devenu subitement raciste, encore qu’ici le mot semble ne pas avoir sa place, et xénophobe. En prenant le cas des français qui nous ont colonisé, serait- on d’accord qu’ils se comportent chez nous comme des potentats plus de cinquante ans après nos indépendances ? Si vous répondez « oui », je vous suis, si vous dites « non » je vous suis également ! Certes les gabonais sont des africains, mais accepteriez- vous un seul instant qu’ils aillent s’installer ailleurs sans tenir compte ou en foulant au pied les principes édictant la conduite citoyenne dans le pays d’accueil ? S’il arrive qu’ils soient surpris en train de le faire, quel sort doit leur être réservé ? Les autres devraient aussi comprendre qu’il ne faut pas faire à autrui ce que tu n’es pas prêt d’admettre qu’il te fasse, sinon…
Auteur : JGN.