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EDITORIAL : Ali Bongo opte pour la brutalité…H&M la fermeté, et d’autres la résignation

Par Désiré Ename. Pour ceux qui pensent que sa petite majesté Ali Bongo Ondimba peut se ressaisir, il est temps de sortir de leurs illusions et de prendre à bras-le-corps la gravité de la situation gabonaise. Pour les aider, nous allons leur rafraîchir la mémoire.

En décembre 2014, alors que la température sur le front sociopolitique avait sérieusement grimpé, et que sa petite majesté avait décidé d’interdire l’ensemble des opposants de sortie du territoire, sous le fallacieux prétexte des événements du 20 du même mois, la communauté internationale s’était alors invitée au chevet du malade Gabon. Elle exigea à sa petite majesté de prendre langue avec son opposition et de donner de véritables signaux d’ouverture. Certes, de part et d’autre. Mais en commençant par lui.

Il fit alors l’unique concession qu’il estima utile pour son image à l’internationale : lever la mesure d’interdiction de sortie du territoire qui frappait les opposants et des membres de la société civile. Mais sur ce, son gourou Maixent Accrombessi, aveuglé par une arrogance sans mesure, lancera à des milieux français que, de toutes les façons, il leur restait l’arme judiciaire pour « broyer de l’opposant ». Appliquant ainsi sa profession de foi de septembre 2009, où, quel qu’en fût le prix, il fallait réduire la contestation à néant. Quitte à marcher sur des centaines de cadavres. A ceux qui croient à un repli de sa petite majesté Ali Bongo Ondimba à de meilleurs sentiments, comment pensent-ils cela possible dans la mesure où la ligne dure, celle de la brutalité par l’usage de la violence d’Etat, est l’unique voie pour se maintenir au pouvoir ?

Il fallait donc comprendre que le message d’ABO et de Maixent Accrombessi est pour présenter deux options à la classe politique contestataire et réfractaire : primo, la résignation. Cela veut dire s’aligner, se polir et participer au jeu démocratique sur les règles définies par le couple ABO-Accrombessi. De quelle manière ? En se conformant à l’injonction faite au dernier Conseil des ministres au ministre de l’Intérieur et aux institutions chargées des élections de maintenir le calendrier électoral sans modulation. En décidant de participer à des élections à un tour et pipées d’avance, sans les conditions de transparence, et sans le dialogue préalable indispensable à la sérénité avant et après les élections. Ce groupe est déjà identifié et se lance déjà dans sa précampagne avec la com. qui va avec. Nous parlons des opposants de la firme. La deuxième option qu’offre le tandem est, pour les récalcitrants, le couperet judiciaire. D’où découleront humiliations et asphyxie financière sous toutes ses formes. Héritage et Modernité (H&M) a fait le second choix. Celui de braver l’Etat-ABO-Accrombessi. Rejoignant une classe du Front totalement radicalisée, qui comprend de grands ensembles politiques comme l’Union nationale, l’UPG, l’Adere, pour ne citer que ceux-là ; et la société civile désormais conduite par des figures emblématiques telles que Marc Ona Essangui, Marcel Libama, Pascal Aimé Bagafou, Aminata Djoumba Mendoghe, l’abbé Bruno Ondo Mintsa, Jean-Rémy Yama, etc.

Il est toujours utile de rappeler les points essentiels qui guident une action. H&M a rappelé, le 25 septembre dernier, trois mois après la salve qui a définitivement enterré le Mogabo, les points d’achoppement entre la ligne originelle du PDG et la ligne impulsée par ABO et ses profito-situationnistes. Points sur lesquels ils ont interpellé le président de leur formation politique. Il parlait de corriger des « dysfonctionnements et pratiques qui ont un impact sur le ‘’vivre ensemble’’ dans notre pays ». A savoir : une plus grande démocratisation du PDG ; une gouvernance bienveillante de l’Etat ; favoriser un dialogue national inclusif conformément aux valeurs défendues par le PDG. Et pourtant, accéder à ces doléances était pour le plus grand bénéfice du « distingué camarade ». Non seulement, comme le lui indiquait H&M, il ramenait la sérénité dans ses rangs, mais en plus son parti en ressortait grandi. Ce qui, politiquement, était à son avantage. Omar Bongo, qui se présentait à la conférence nationale affaibli, en est sorti plus fort. La reprise en main du jeu politique jusqu’à sa mort l’atteste.

Ce qui est étonnant, alors que nombre de Gabonais pensaient à une rétractation des compagnons de Serge Maurice Mabiala, après la réponse violente du camp Ali Bongo-Accrombessi, selon le mode opératoire préétabli, à savoir l’instrumentalisation de l’appareil judiciaire, ils ont opposé une fin de non abdication. Ils restent campés sur leurs positions et déterminés, à leur tour, à en découdre.

De quelle force disposent-ils ? L’alliance des volontés. La leur a rejoint la volonté de la société civile et de l’opposition pour braver la blague d’ABO-Accrombessi de bafouer l’Etat convivial. Puis l’alliance des volontés contre la violence dont use sa petite majesté Ali Bongo Ondimba, pour la réduire à néant. L’alliance des volontés pour une société gabonaise viable, bienveillante et paisible. H&M, la société civile, une opposition au sein du Front, à l’UFA et des individualité sont donc choisi la fermeté contre ABO-Accrombessi. D’autres prennent la voie de la résignation, dans une alliance de fait, et sont désormais encensés par le quotidien d’Ali Bongo, « L’Union ». C’est l’opposition de la firme.

Article publié le 28 septembre 2015

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