Portée au grand jour en novembre 2014, l’affaire du détournement de carburant de la Sogara enregistre un nouveau de théâtre : 300 m³ de gasoil, confisqués par la justice à titre de mesure conservatoire, ont mystérieusement disparus.
Véritable coup de tonnerre dans l’affaire du siphonage du carburant, éclaté au grand jour en novembre dernier dans la capitale économique. Les 300 m³ (300 000 litres) de gasoil, élément de preuve et scellé de l’affaire se sont évaporés dans la nature. Cette découverte laisse perplexe les enquêteurs et le tribunal qui en est encore à chercher à dégager les responsabilités dans cette étrange disparition qui n’est rien d’autre qu’un détournement orchestré avec des personnalités et magistrats ayant en charge la gestion de ce dossier.
Il y a quelques jours en effet, la Société gabonaise de raffinage (Sogara) a, par le biais de ses conseils, adressé une demande de restitution de ce gasoil au juge d’instruction. C’est là que ce dernier se rend compte que le gasoil saisi dans la nuit du 20 au 21 novembre dernier ne se trouve plus dans les cales du bateau de Robert Services, Le Sandy. Où est-il donc passé ? Une source proche de l’affaire indique que lors de la reconstitution en mai dernier, Gérard Despiesse, directeur de la logistique de Robert Services, avait constaté qu’une moitié du gasoil qui se trouvait dans le bateau avait disparu. «Quelques temps après, nos agents ont assisté au transbordement de ce gasoil dans une plaque qui a ensuite pris le large. Nous détenons les enregistrements de cette opération dont les copies sont entre les mains des avocats pour transmission au juge d’instruction», a expliqué un des responsables de Robert Services. Ce qui est bien intrigant ! Qui a donné l’autorisation de sortir ce gasoil du bateau saisi alors que seul le juge d’instruction peut, en ce moment, décider du sort de ce scellé ?
Des investigations menées sur le terrain, il ressort que la plaque dans laquelle le gasoil a été transbordé appartient à la société Soléo. Un agent de cette société a d’ailleurs innocemment raconté que le gasoil avait été acheminé sur Libreville. Autre fait étonnant : juste après la demande de restitution de la Sogara, un des responsables de la société Soleo a été aperçu au tribunal sortant du bureau du procureur. «Nous sommes convaincus que cette transaction n’a pu se faire sans l’aval du procureur et même du gouverneur car ce sont eux qui, depuis le début, pilotent ce dossier», commente-t-on du côté de Robert services.
Une chose est évidente : la vérité ne tardera pas à éclater car depuis quelques jours, l’ancien directeur des affaires financières, Roger Joyal, que l’on soupçonne avec Camille Mba Mvé, l’ancien DG, d’être de mèche avec certains magistrats et personnalités à l’origine des manipulations dans cette affaire, a été interpellé. Roger Joyal mis en cause dans une affaire de détournement de fonds et des engins de la société Robert services, vient d’être inculpé puis placé en détention préventive à la prison du Château.
Il est à signaler que les employés de la Sogara, de Robert services, de Satram ainsi que l’intermédiaire Camerounais, inculpés pour abus de confiance aggravé, complicité et recel d’abus de confiance aggravé, sont tous aujourd’hui en liberté provisoire. Seul le patron de Robert Services, arrêté le 16 mai dernier alors qu’il rentrait du Congo, se trouve en détention préventive à la prison du Château.