Tout va bien au Parti démocratique gabonais (PDG), et la politique actuelle est plus que jamais exempte de reproches. C’est du moins ce qui ressort du propos des députés de cette formation politique, qui se sont fendus d’une déclaration de soutien au président de la République, le 21 octobre courant, alors qu’en réalité tout est loin d’aller aussi bien. On ose espérer qu’ils sont sincères et disent la même chose en petit comité.
Création de groupes distincts, injures à peine voilées, suspicions, démissions en cascade, agendas cachés et autres peaux de banane, la tension est à son comble au Parti démocratique gabonais (PDG). Comme pour tenter de circonscrire l’incendie qui ravage peu à peu la maison et met sous pression la base, le 21 octobre dernier, un groupe de 72 députés (présents + absents ayant notifié leur soutien par lettre) s’est fendu d’une déclaration aux allures de bilan. S’il s’est plu à jouer les maîtres de cérémonie, Julien Nkoghe Bekale a tenu à faire savoir que leur initiative «ne consacre pas l’existence d’un nouveau groupe au sein de la majorité PDG à l’Assemblée nationale». Selon le député du Komo-Mondah, «cette initiative recherche prioritairement l’unité et une plus grande considération des élus», et «appelle à un large rassemblement des députés autour du président de la République car (ils) doivent tous n’avoir qu’une seule et unique détermination commune et inébranlable : la préservation du pouvoir». Aussi, la déclaration lue par André Dieudonné Berre, a porté principalement sur les raisons qui fondent le soutien des députés à la politique menée par Ali Bongo.
Pour le député du 2e siège du 1er arrondissement de Libreville et ses collègues, il s’agissait avant tout de se montrer solidaire du bilan des six dernières années. Rien d’étonnant, au regard des critiques acerbes portées par un groupe de «camarades» contre la gouvernance actuelle. «Depuis 2009, Ali Bongo mène avec maîtrise et assurance le juste combat pour le bien-être des Gabonais, souvent dans l’incompréhension, l’impatience voire l’adversité et le doute, pour faire progresser notre pays dans la paix, la justice, la concorde, le travail et l’unité nationale», ont voulu laisser croire ces députés, estimant : «Ceux qui refusent de voir le progrès […] font indubitablement preuve d’une très mauvaise foi». A en croire ces élus, des exemples de ce progrès sont visibles dans divers domaines. «Sur le plan politique, les observateurs objectifs peuvent relever et apprécier la volonté du président Ali Bongo Ondimba de créer les conditions d’un climat politique apaisé», ont-ils déclaré, avant de citer l’introduction de la biométrie dans le système électoral, la réhabilitation de l’Union nationale (UN) et la réactivation du Conseil national de la démocratie (CND), une structure qui est loin de faire l’unanimité au sein de la classe politique nationale. Naturellement, ils ont passé par pertes et profits la plainte dont Gemalto est l’objet, la dissolution de l’Union nationale et le refus du dialogue inclusif.
Sur le plan social, économique et infrastructurel, les députés parmi lesquels n’étaient pas visibles les principaux responsables du groupement «Héritage et Modernité», ont vanté les mérites de la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (Cnamgs), l’amélioration des structures sanitaires, le nouveau système de rémunération des agents de l’Etat, le programme Graine, l’amélioration des voiries à travers le pays, l’affranchissement du pays de la trop grande dépendance au pétrole, ainsi que l’amélioration de l’accès à l’eau et à l’électricité, «même si, ont-ils reconnu, des améliorations sont encore à apportées». Aussi, ont-ils tenu à indiquer que malgré ces «avancées significatives», «il serait illusoire de penser ou de faire croire qu’en un septennat tous les problèmes pourraient être réglés par un coup de baguette magique. [Et] depuis son accession à la magistrature suprême, Ali Bongo Ondimba n’a jamais trahi ses concitoyens (…), il a toujours tenu des discours de la vérité et n’a pas caché les difficultés. Il connaît parfaitement les attentes légitimes et fondées des Gabonais». De ce fait, ces députés qui ont dit ne partager «ni le contenu ni l’analyse tronquée» de la «Déclaration du 27 juin», ont réaffirmé leur attachement au président de la République, non sans déclarer que «l’heure n’est ni à la division ni aux postures ambivalentes», et que leur initiative ne vise «ni à souffler sur les braises ni à stigmatiser qui que ce soit, (mais) à rétablir la vérité». La belle affaire ! Pourvu qu’ils le pensent vraiment… Pourvu qu’ils n’affirment pas le contraire en privé…