Seulement deux mois après son retour, le deuxième quotidien national traverse à nouveau une zone de turbulences, avec à la clé une nouvelle suspension de sa parution et des arriérés de salaire pour ses agents contractuels.
Ce n’est décidemment pas l’année de Gabon Matin. Si l’on s’était félicité de son retour dans les kiosques en juillet dernier après une année d’absence, le deuxième quotidien national, créé par l’Agence gabonaise de presse (AGP), n’en n’a visiblement pas fini avec les difficultés, presque toujours financières. C’est du moins ce qui ressort du nouveau litige qui l’oppose à son imprimeur, Multipresse. Alors qu’on pensait ses problèmes résolus, le 1er octobre courant, c’est un peu surpris que les lecteurs ont constaté l’absence du journal dans les kiosques. Comme il y a plus d’un an, le motif de cette nouvelle absence : une importante dette consécutive au retard pris dans le versement de la dernière tranche de la subvention, qui serait évaluée à 181 millions de francs. Un pactole qui aurait sans nul doute permis de régler nombre de problèmes.
La situation s’est donc empirée à Gabon Matin. Plusieurs dizaines de contractuels disent ne pas avoir perçu leurs salaires depuis trois mois. Dans la foulée, le quotidien accumule les impayés d’eau, d’électricité et d’internet, risquant ainsi les foudres des opérateurs qui ont commencé à faire parvenir des correspondances sur les bureaux des principaux responsables. Pour certains, cette difficile situation aurait pu être évitée si le directeur général avait été plus impliqué. «Le DG fait preuve de laxisme dans la gestion de cette affaire, alors que le PCA apparaît plus impliqué, en tentant vivement de trouver une solution à notre problème. Quant au DG, plutôt que d’œuvrer à l’avancement du dossier au niveau du Budget, en vue d’un versement rapide de notre subvention, il laisse la situation pourrir jusqu’au point où nous sommes», confie un contractuel, selon lequel la direction a plus que jamais du mal à mettre en place une gestion autonome. «Avec cette nouvelle suspension de la parution, le journal aura davantage de difficultés à bénéficier de la confiance des annonceurs. Or, ce n’est que grâce à la publicité que nous serons capables d’assumer, de façon plus ou moins autonome, nos charges», ajoute-il, avant de conclure à la décharge de l’éditeur : «Multipresse n’est pour rien dans cette affaire. C’est une société privée qui réclame ce qui lui est dû, et qui jusque-là a consenti d’énormes efforts, après avoir donné un délai de dix jours puis trois de plus à l’AGP.»
L’on avait pourtant tôt fait de croire que la visite du ministre de la Communication, le 30 septembre dernier au siège de l’agence de presse, aurait permis sinon de régler le problème, du moins de dissuader l’éditeur de «bloquer» la parution du quotidien. C’était sans compter sur la méfiance que suscitent désormais les promesses du gouvernement, qui n’a pas toujours été au clair avec ses partenaires privés. Pour l’heure, le ministre de la Communication a promis d’en référer au Premier ministre. La suite reste à voir.