Entre la recrudescence des accidents, l’incapacité à tenir ses promesses et la préférence pour les discours tardifs, le gouvernement cache mal sa faiblesse devant le phénomène de l’insécurité.
Pour faire croire à l’opinion qu’il a pris toute la mesure de la gravité des derniers accidents survenus dans la capitale, le gouvernement doit-il simplement se contenter de publier des communiqués plutôt que d’agir en vue d’assurer la sécurité des populations ? Si la réponse négative à cette interrogation semble évidente, il apparaît toutefois que le nombre croissant d’accidents de la circulation enregistrés ces derniers mois, et particulièrement celui survenu la semaine écoulée au quartier Plein-Ciel, ainsi que la découverte d’un cadavre sans tête au quartier Cité Pompidou à Libreville, n’expriment que trop parfaitement l’incapacité des pouvoirs publics à agir et trouver des solutions au problème de l’insécurité. Si elle est loin d’être l’apanage de la seule ville de Libreville, cette situation est vécue à travers tout le pays. Partout, les populations ont les mêmes attentes : la mise en place d’un véritable système de protection des personnes et des biens. Au-delà, la question de l’insécurité pose celle du rôle des forces de sécurité. De même qu’elle incite à interroger les nombreuses promesses des gouvernants.
A quoi servent tous ces agents des forces de sécurité et de défense ?
Le rendez-vous est presque désormais annuel. Les ministères de l’Intérieur et de la Défense nationale, recrutent de plus en plus d’agents. L’une des principales raisons avancées en guise de justificatif : le renforcement de la sécurité sur le territoire national. Seulement, sur le terrain on constate une recrudescence de l’insécurité, avec une particularité pour le moins effrayante pour le cas de Libreville. Découvertes de corps sans vie, aussi bien sur les plages que dans les quartiers, braquages plus ou moins violents, vols, récidives, le décompte des victimes n’a cessé de croître. Pourtant, alors que la plupart de ces crimes sont commis sur la voie publique ou dans des lieux encore mal éclairés, rien n’est fait pour y remédier. Ou du moins presque : le gouvernement se contente de produire et livrer des communiqués sur les médias publics. Communiqués qui, on l’a vu ces derniers jours, arrivent plusieurs heures après la découverte des faits. C’est notamment le triste spectacle qui a été offert aux téléspectateurs de Gabon Télévision le 27 septembre dernier. Alors que le cadavre décapité d’une jeune dame avait été retrouvé tôt le matin, il a fallu attendre plus de quinze heures, et tard dans la nuit, pour que le gouvernement daigne communiquer officiellement sur cette découverte. Si le style pour le moins lapidaire, presque sans conviction, sur l’indignation exprimée, est loin d’être le seul aspect à blâmer, l’on s’interroge toujours sur la mise en place effective et définitive de la fameuse police de proximité. Les policiers recrutés ces dernières années ne servent-ils qu’à effectuer des contrôles routiers ? Ne serait-il pas opportun de les mettre au service de la sécurité des populations, en les rendant présents dans les quartiers ? Autant d’interrogations qui renvoient à la situation sur les routes de la capitale.
Pourquoi les rues sont-elles toujours aussi dangereuses ?
A Libreville, le 27 septembre dernier, un accident a coûté la vie à quatre personnes au quartier Plein-Ciel. En raison d’un problème mécanique, un camion a fauché un groupe d’individus présents au bord de la voie. L’accident, s’il est malheureux, aurait toutefois pu être évité. En effet, depuis quelques années, il est demandé au gouvernement de construire des passerelles sur la voie expresse pour la sécurité des piétons, et particulièrement sur l’axe PK5-Awendjé. Même que pour les services de la sécurité routière, cette voie est parmi les plus accidentogènes de la capitale, si elle n’est pas simplement la plus meurtrière. D’où le sit-in initié par l’ONG Rassemblement des jeunes patriotes dans la journée du 30 septembre dernier et le lancement d’une pétition adressée au Premier ministre pour la construction de passerelles sur les lieux les plus dangereux de Libreville. Alors que la pose de blocs de béton sur certaines voies n’a permis de répondre à aucun problème, le mauvais éclairage, l’absence de passerelles et l’incapacité du gouvernement à mettre sur pied des méthodes de dissuasion pour les chauffards, apparaissent comme autant de preuves que les pouvoirs publics sont totalement dépassés par la question de la sécurité des personnes et des biens. Gageons que la récente réunion entre les ministres de l’Intérieur, des Transports, de la Défense nationale et de la Justice autour du Premier ministre aboutisse à des solutions concrètes plutôt qu’à de nouvelles promesses.