Le président russe Vladimir Poutine, le 1er octobre 2015.Le président russe Vladimir Poutine, le 1er octobre 2015. REUTERS/Yuri Kochetkov/Pool
Interrogé par Europe 1 ce vendredi matin, le président de la Commission des Affaires étrangères de la Douma assure que la priorité de Moscou est de viser les djihadistes de Daech.
D’un côté, Moscou affirme vouloir frapper en priorité Daech en Syrie. De l’autre, Laurent Fabius assure que les russes n’ont pas encore attaqué les djihadistes. Et la situation pourrait durer. La campagne de frappes aériennes russes en Syrie va durer « trois à quatre mois » et s’intensifier, a déclaré ce vendredi le président de la Commission des Affaires étrangères de la Douma (chambre basse du Parlement russe), Alexeï Pouchkov. « Il y a toujours un risque d’enlisement mais à Moscou on parle de trois à quatre mois d’opérations », a-t-il déclaré à la radio française Europe 1. Interrogé sur une intensification à venir des frappes, il a répondu : « Absolument ».
Ce vendredi, l’armée russe a annoncé avoir frappé pour la première fois la ville de Raqa, le fief du groupe Etat islamique, lors de bombardements qui ont également visés les provinces d’Alep et d’Idleb. Selon le ministère russe de la Défense, des bombardiers tactiques Soukhoï-34 ont frappé notamment un « poste de commandement qui était camouflé à Kasrat Faraj, au sud-ouest de Raqa ». D’après l’Observatoire syrien des droits de l’homme, douze djihadistes auraient péri dans cette opération.
« La coalition a fait semblant de bombarder Daech »
Au moins sept civils, dont deux enfants, ont péri dans des frappes russes qui ont visé jeudi la province d’Idleb dans le nord-ouest de la Syrie, rapporte ce vendredi l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Les premières frappes russes en Syrie avaient fait 28 morts mercredi selon l’Observatoire, qui compile le bilan de morts depuis le début du conflit syrien il y a quatre ans et demi.
Alexeï Pouchkov a ajouté que les frappes de la coalition internationale conduite par les Etats-Unis n’étaient pas assez efficaces et qu’il fallait passer à une autre étape dans la lutte contre Daech en Syrie. « Je pense que c’est l’intensité qui est importante. La coalition américaine a fait semblant de bombarder Daech pendant une année, il n’y a pas de résultat. Si vous le faites d’une manière plus efficace, je pense que les résultats vont se faire connaître », a estimé le responsable parlementaire. « Seulement 20% des opérations (de la coalition internationale) ont eu des résultats. Dans 80% (des cas), ils n’ont même pas bombardé », a affirmé M. Pouchkov.
« Régler les affaires avec Daech »
Le responsable parlementaire a également réfuté les accusations occidentales selon lesquelles les chasseurs ruses ne frappent pas prioritairement ou pas seulement Daech. « Le but principal ce sont les groupes de Daech qui sont le plus proche de Damas », a précisé Alexeï Pouchkov, alors que les Occidentaux soulignent que la Russie frappe loin des bases du groupe Etat islamique, situées dans l’est de la Syrie. « Il faut régler les affaires avec Daech, faire éliminer (ce groupe) ou le neutraliser et après on va voir (ce qu’il en est du) sort de la Syrie », a insisté le responsable parlementaire.
Une conférence internationale associant le président Bachar el-Assad et l’Iran serait alors une « idée raisonnable », a ajouté Alexeï Pouchkov. « Pendant quatre ans, le gouvernement de Assad a tenu le coup et aujourd’hui c’est la seule force militaire sur le terrain qui combat Daech », a-t-il dit. « Nous ne pensons pas que Assad soit le seul coupable » du chaos syrien et de son cortège de morts depuis quatre ans, a-t-il ajouté. « Les pays du Moyen-Orient et partiellement les pays de l’Occident qui ont soutenu l’insurrection armée sont aussi responsables de cette situation ».
LEXPRESS.fr avec AFP